Voici 2 ans, La Cour des comptes analysait la politique de l'État en faveur du patrimoine monumental en chiffrant à plus de 2 milliards (en 2021) la dépense publique engagée en faveur des vieilles pierres.
Ses conclusions : environ 25% des monuments historiques français se trouvent dans un état préoccupant malgré l’effort financier de l’État et des collectivités locales, les dépenses engagées étant « mal appréhendées ».
Aux sommes directement engagées par l’État et ses satellites, s’ajoutent les dispositifs destinés à encourager les opérations de conservation de monuments appartenant à des propriétaires privés.
Ces déductions de charges et travaux ou exonérations de droits de mutation à titre gratuit représentent plus de 40 millions par an.
Malgré ces concours financiers, le patrimoine tricolore continue à se dégrader dans toutes les régions.
C’est la région Nouvelle-Aquitaine qui compte le plus de monuments historiques (6 258, soit 14% du total).
Elle est suivie par l’Occitanie et l’Auvergne-Rhône-Alpes (11% chacune), le Grand Est (10%) puis l’Île-de-France (9% avec 3 884 édifices).
Une récente enquête du Monde (15.09.2024) confirme qu’un quart des 46 000 monuments historiques «protégés», dont une majorité d’églises, de châteaux, mais aussi des pièces plus modestes comme des lavoirs ou des maisons d’artistes, vacillent toujours sur leurs fondations quand elles ne s’effondrent pas.
Ces pièces architecturales uniques s’inscrivent pourtant au cœur de l’attractivité touristique française. Laquelle génère des retombées économiques que le quotidien du soir évalue à 63 milliards d’euros (2024).
En 2024, l’État s’est notamment révélé un partenaire fuyant quand il a s’agit de restaurer les 100 000 édifices religieux recouvrant le pays d’un « blanc manteau d’églises » selon la formule du moine médiéval Raoul Glaber.
« Les coupes budgétaires du printemps 2024 ont mis à mal les programmes de rénovation du patrimoine, victimes d’une annulation de crédit à hauteur de 99,5 millions » relate Le Monde.
Résultat, une partie des 46 648 monuments (30 840 inscrits et 14 808 classés) pourraient finir en décombres dans les prochaines années.
On peut s'apitoyer.
Mais quand est ce qu'on va se rendre compte que, là comme ailleurs, comme dans l'enseignement, dans le médical, dans l'administratif, dans le social, dans les aides au développement de ceci ou de cela, on n'a pas les moyens publics de nos ambitions ?
Ne vaut il pas mieux plutôt réduire le nombre de monuments anciens protégés et mieux protéger les essentiels ?
Au fil des années la liste des monuments classés et inscrits aux inventaires s'est étoffée. On est loin de la liste du début du 20ème siècle ou même dans les années 50. Chaque commune veut son monument historique : ça fait bien dans la plaquette touristique communale. Et on a des budgets publics de plus en plus sous-tendus par la béquille des dettes publiques qu'on refile aux générations futures.
Le beurre et l'argent du beurre : il faut choisir !
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