Argent public : du pass Culture au passe-partout financier...

Écrit par Fabrice Durtal

Les 166 salariés qui gèrent ce dispositif censé offrir un marchepied culturel aux jeunes, mènent grand train à en croire « L’Informé », un média d’investigation généralement bien documenté.

L’exécutif racle les fonds de tiroir, mais la SAS pass Culture, la société qui gère ce dispositif, deuxième opérateur du ministère de la Culture, après la Bibliothèque nationale de France, roule carrosse.

Pour rappel, le pass Culture mis en place par Emmanuel Macron est un coup de pouce financier individuel (jusqu’à 300 euros) ou collectif (établissements scolaires) financé par des fonds publics. Il est destiné à rapprocher la jeunesse (15 à 18 ans) du monde de la culture sous forme de crédits d’achat, etc.

La SAS (Société par actions simplifiées) qui gère cet arrosoir a désormais pignon sur rue, mais pas n’importe où : elle vient de s’installer rue de la Boétie à deux pas des Champs-Élysées, un des quartiers parisiens les plus huppés.

SAS Pass Culture : un loyer en hausse de 151 % sur un an. Plus 41 % pour les salaires

Bilan, un loyer en hausse de 151 % sur un an. Il s’élevait 1,2 million d’euros en 2023, indique "L’Informé" qui n’est pas parvenu à obtenir le nombre de m² occupés « pour des raisons de sécurité ».

Les frais de fonctionnement de la SAS pass Culture étaient estimés à 29,2 millions d'euros en 2023 (11,2 % des dotations accordées) selon un récent rapport sénatorial.

La Haute Chambre déplore que cette société ne figure pas dans la liste des « opérateurs de l'État », ce qui rend son tracé financier difficile à suivre pour les parlementaires.

Les 166 salariés de la SAS ont un train de vie raccord avec le quartier d’affaires où elle vient d’élire domicile. « Les salaires ont (…) augmenté bien davantage que le nombre d’employés, suivant une inflation de 41 %, à 10,35 millions d’euros », peut-on lire dans les colonnes du média en ligne.

En 2022, ses dépenses de personnel atteignaient 7,77 millions d'euros, soit une progression de 58,8 % par rapport à 2021.

Pour se justifier, la société gestionnaire du pass fait état de revalorisations salariales « dont l’enveloppe globale est discutée, validée et encadrée chaque année avec des représentants du ministère de la Culture et de la direction du budget », rapporte "L’Informé".

Autre lièvre levé par le média : les fortes hausses des frais de restauration (+ 71 % à 59 000 euros) et de déplacements (+ 45 % à 168 000 euros). Sans oublier des campagnes de communication, assurées en partie par l’agence Havas (groupe Vivendi) qui auraient coûté 524 000 euros en 2023, une dérive de 16,8 % par rapport à 2022.

Cet argent aurait été utilisé pour le lancement « de campagnes créatives ciblées, qui segmentent toujours plus finement les publics à toucher (jeunes plus éloignés de la culture, parents des 15-17 ans, professeurs, etc.) », indique la direction du pass Culture.

(Voir également : Quand la Justice fait TikTok à la porte d'Éric Garandeau, l’un des artisans du pass Culture)

Pour mémoire, promis par Emmanuel Macron lors de sa campagne de 2017, le dispositif du pass Culture, étendu à tous les lycéens puis aux collégiens, est aujourd’hui sur la sellette.

Son coût ( 273 millions d'euros en 2023), de plus en plus élevé pour les finances publiques, lui a valu un carton jaune de la Cour des comptes qui dénonçait récemment une « maîtrise des coûts potentiels encore incertaine ».

En octobre, Rachida Dati, ministre de la Culture, a indiqué qu’elle veut le réformer et canaliser les dépenses vers le spectacle vivant, plutôt que les livres et mangas (54 %), le cinéma (18 %) ou les instruments de musique (8 %).

Publié le mardi, 22 octobre 2024

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