Budget 2025 : Contribuables et entreprises appelés à renflouer des caisses que l’État a vidées

Écrit par Jean-Baptiste Leon
Budget 2025 : Contribuables et entreprises appelés à renflouer des caisses que l’État a vidées © Shutterstock

Dans une ambiance électrique, Michel Barnier a présenté un projet de loi de finances qui ne taille pas dans la dépense publique, bien au contraire.

Ça débute mal : le Haut conseil des finances publiques (HCFP) a émis des « doutes » sur la solidité du Projet de loi de finances (PLF) bâti en 15 jours et dont Michel Barnier, Premier ministre, a dévoilé les grandes lignes le jeudi 10 octobre.

Ce projet de budget s’appuie sur une prévision de croissance (1,2%) jugée crédible par la Cour des comptes. Pour rappel, l'Insee anticipe pourtant une croissance nulle au quatrième trimestre et limitée à 1,1 % en 2024.

Le PLF sera certainement amendé durant la phase parlementaire, le Premier ministre jugeant lui-même ce budget « perfectible ». Puis, il sera examiné par le Conseil constitutionnel avant d’être promulgué par l’Élysée d’ici au 31 décembre.

«Le déficit est considérable ce qui nous oblige à emprunter à des taux plus élevés que nos voisins. Cela veut dire un prix à payer chaque année pour simplement payer les intérêts de la dette, de 56 milliards d’euros chaque année », a rappelé Michel Barnier.

Fort de ce constat, l’exécutif a toutefois bifurqué dans la mauvaise direction.

Budget 2025 : les dépenses publiques vont augmenter

La dépense publique progressera de 2,1 % en valeur. L’exécutif annonce un retour à la mesure budgétaire alors qu’il ne fait que baisser le rythme d’augmentation des dépenses. Cette hausse est ramenée de 4,2% (2024) à 2,1% en 2025. La dépense publique continuera donc à filer, seulement un peu moins vite que précédemment.

Au lieu de trancher dans la dépense publique, le PLF reporte une partie de l’effort sur les particuliers et sur les entreprises, alors que les prélèvements obligatoires sont déjà à un niveau inégalé en Europe.

Sur les 60 milliards d’"économies" présentées pour l'État, les collectités locales et la Sécurité sociale, les deux tiers (soit environ 40 milliards) seront portés, selon le gouvernement, par des mesures de réduction de la dépense publique, 20 milliards restant à la charge de la sphère privée.

Mais de son côté le HCFP calcule que l’effort structurel serait de 42 milliards d’euros, avec un effort de 70 % sur des hausses de prélèvements obligatoires et de 30 % sur les dépenses...

Les contribuables sur la planche à clous fiscale

La version initiale du projet place pas mal de contribuables sur la planche à clous fiscale que ce soit à travers des hausses de prélèvements, le gel des retraites où le transfert de certains remboursements de la sécurité sociale aux mutuelles qui ne manqueront pas l’occasion d’augmenter leurs tarifs.

En l’état, Michel Barnier a confirmé que les ménages « aisés » (plus de 500 000 euros de revenu par an) seront soumis à une « contribution différentielle » et à « une réduction des niches fiscales et sociales ».

L’État attend 2 milliards d'euros de rendement supplémentaire de cette ponction en 2025.

Elle devrait s’appliquer pendant 3 ans, sachant que comme le prouve la CSG, les contributions exceptionnelles sont plus faciles à créer qu’à supprimer.

Même si Bercy affirme mettre sur le feu un plan « drastique » de simplification, les entrepreneurs vont passer à la caisse avant que ces mesures salutaires s’appliquent.

Le Premier ministre demande un « effort » aux entreprises réalisant plus de 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires par an (440 groupes). Il affirme que ce prélèvement sera inscrit dans la loi afin de ne s’appliquer que durant « un an ou peut-être deux ans ».

Cette contribution prévoit deux niveaux d’imposition, en fonction du chiffre d’affaires, et un lissage pour contenir les effets de seuil. En complément de cette contribution sur les bénéfices, une taxe exceptionnelle sera instaurée sur les grandes entreprises de transport maritime.

Pour compléter le programme, une taxe sur les rachats d’actions suivis d’une annulation sera également instituée.

 

Publié le vendredi, 11 octobre 2024

1 Commentaire

  • Lien vers le commentaire ABC vendredi, 11 octobre 2024 Posté par ABC

    J’aurais plutôt pensé qu’un exécutif de droite allait encourager les entreprises, et inciter les particuliers à créer plus de richesse et de croissance.
    Ce n'est pas sur les écoles, la police, les autoroutes ou la justice ou l'armée qu'il faut taper mais sur le mille-feuille administratif, et le cumule des salaires des fonctionnaires.
    Je ne dis pas qu'ils ne créent pas de richesse, mais il devrait y avoir un mécanisme de connaissance générale pour que les Français se sentent encadrés par des gardiens du bon fonctionnement administratif à qui ils font confiance, et confient du respect.
    Ce n'est pas tant le salaire du président qui est déjà scruté, mais plutôt de toutes les fonctions cachées, oubliées. Par exemple si des hommes ou femmes politiques sont payés plusieurs centaines de milliers d'euros par an au frais du contribuable, qui ne sont pas justifiés par leur rôle présent (par exemple Laurent Fabius, Ségolène Royale). Je pense que beaucoup d'anciens fonctionnaires, sans fonctions aujourd’hui perçoivent même des hausses de salaires.
    Si le but est d’alléger la facture administrative, ce ne serait pas du bon sens de déjà en parler ?
    A l’heure de l'intelligence artificielle, plusieurs de ces fonctions ne sont, je suis désolé de le dire, plus compétitives. Cela demande à restructurer en profondeur pour ne garder que ce qui fonctionne et est absolument justifié. L’état de ne peut pas licencier les hauts fonctionnaires, he bien voilà peut-être un moyen simple de rationaliser les dépenses publiques, sans toucher au prestige de la France. Ce serait une révolution courageuse.
    Certaines entreprises n’ont plus le luxe de se poser cette question et doivent se débarrasser de certains postes pour rester dans la course, c’est bientôt le cas de la France, qui n’a pas l’option de se délocaliser.
    Dans ce sens, il serait par exemple intéressant de savoir quels sont les revenus de la fonction publique payés par les particuliers. Et par quoi les revenus sont justifiés, une commission devrait se pencher là-dessus. Travail = récompense, donc les « petits » fonctionnaires (maires, écoles, police impôts etc..) ne sont pas eux qui sont visés ici.
    S’attaquer a la question évidement ce seront les petits fonctionnaires qui vont être impactés, c’est le mécanisme de défense mis en place par ceux qui ont encore de la marge pour préserver leur ponction au frais des contribuables. Et quelle est leur progression des salaires de la fonction publique en % absolu et relatif chaque année. Surtout des 10% qui gagnent le plus, on aurait des surprises a mon avis. Cela montrerait surtout le décalage entre les décideurs, qui se servent en premier et le reste sur qui on prélève.
    Diviser pour mieux régner : fonctionnaires (maires, écoles, police impôts etc..) contre privé, actionnaire contre employés, propriétaire contre locataire, vieux contre jeune, homme contre femmes, laïques et religions… tous ces débats n'ont pour but de détourner l'attention sur le fait que les anciens hauts fonctionnaire devraient probablement également participer a l’effort général, car ils vivent toujours au frais du contribuable.

    Rapporter

Laissez un commentaire

Assurez-vous d'entrer toutes les informations requises, indiquées par un astérisque (*). Le code HTML n'est pas autorisé.

Votre adresse email ne sera pas affichée sur notre site Internet.