Fonds d’urgence européen pour l’Afrique : le grand gaspillage

Écrit par Fabrice Durtal
Fonds d’urgence européen pour l’Afrique : le grand gaspillage © Arcady / Shutterstock

Piloté par la Commission européenne, et doté de 5 milliards d'euros, le fonds d’urgence européen a entraîné un gaspillage d’argent public géant sans freiner l’immigration illégale.

Comme son homologue française, la Cour des comptes européenne émet des recommandations qui ne sont pas toutes suivies d’effets : en 2018, elle avait déjà souligné la dérive du Fonds fiduciaire d’urgence de l'UE (FFUE) pour l’Afrique et alerté sur l’usage des 5 milliards d’euros fournis par les contribuables européens.

La Commission européenne qui gère ce « machin », n’avait alors pas bougé un cil.

Six ans plus tard rebelote : la Cour note que le FFUE a continué à disperser des centaines de millions d’aides « sans vision stratégique » et financé une multitude de projets, sans assurer de suivi véritable.

Pire : le rapport laisse même entendre que du matériel (voitures, bus, navires, etc.) aurait profité à des passeurs ou à des organisations criminelles, notamment en Libye.

« Il se peut que les points de débarquement soient utilisés par d’autres acteurs, " officieux ", et à des fins détournés », écrivent notamment les rapporteurs.

La majeure partie des contributions du FFUE (4,5 milliards déboursés fin 2023 sur la dotation de 5 milliards d’euros) provient des Fonds européens de développement (FED) et du budget de l’UE. 

Créé pour endiguer la crise migratoire en provenance du Sahel, du lac Tchad, de la Corne de l’Afrique et d’Afrique du Nord, le FFUE, mal encadré, mal supervisé, a réussi la prouesse de financer des projets sans rapport avec sa mission initiale, comme la rénovation d'une corniche côtière ou la restauration d’un théâtre romain en Libye.

FFUE : absurdités financées avec l’argent des contribuables

Parmi la liste des absurdités financées avec l’argent des contribuables du Vieux Continent, la Cour fait état d’écoles équipées de mixeurs alors qu’elles ne sont pas alimentées en électricité ; ou encore à l’édification d’un abattoir et une ferme avicole ultra-modernes, abandonnés sitôt construits.

L’argent des contribuables a été gaspillé à grande échelle : sur les 115 investissements du FFU passés en revue, 33 n’ont servi à rien et 66 doivent démontrer leur viabilité, souligne la Cour.

Ce n’est pas tout : les chiffres du FFUE sont bidonnés. Le Fonds affirme avoir créé plus de 14 000 emplois locaux. Un chiffre surévalué : « Il ressort de nos visites sur place que de (nombreux) emplois n’étaient pas durables », indique la Commission.

En Gambie, les enquêteurs ont par exemple découvert que nombre de bénéficiaires fantômes ont reçu plusieurs fois la même aide au titre de projets avicoles factices.

En Éthiopie, les auditeurs se sont rendu compte que l’installation de 100 postes de lavage de mains dans le cadre de la pandémie de Covid a été comptabilisée comme « 100 réalisations distinctes », afin de présenter un bilan plus flatteur.

FFUE : des rapports inutiles

Autre absurdité méthodologique relevée par les magistrats européens, le FFUE a financé plus d’une centaine de rapports d’étude fournissant notamment des données sur la migration irrégulière et les déplacements de populations.

« Toutefois, ces rapports ayant pour la plupart été publiés lorsque les fonds avaient été presque intégralement engagés, ils n’ont guère eu d’impact sur les projets », déplore la Cour.

La Commission européenne a pris acte du fiasco du FFUE, créé sous Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne de 2014 à 2019, et depuis coiffé par Ursula von der Leyen, responsable des partenariats internationaux.

Publié le lundi, 14 octobre 2024

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