Un échec comme seul l'État sait les organiser et qui a coûté plus de 1,3 milliard d'euros aux contribuables.
Notre association conteste le bien-fondé de la plateforme GMBI depuis sa création. Voir ici, notamment.
Lancée durant l'été 2021, sous le ministère de Bruno Le Maire, ouverte au grand public en 2023, « Gérer mes biens immobiliers » (GMBI) est une application fiscale visant à moderniser la déclaration des propriétaires, quel que soit leur statut (occupant, bailleur, multipropriétaire, etc.).
Au printemps 2023, rappelle la Cour des comptes, ces propriétaires ont été invités à vérifier et à mettre à jour les données relatives aux biens immobiliers figurant dans GMBI afin d’affiner le ciblage fiscal dont ils font l’objet.
Mais cette démarche a été entreprise trop vite, sans pédagogie, et avec une application bancale : conçue pour faciliter les démarches des 24 millions de propriétaires, elle les a tellement déroutés que beaucoup, pris de court, ont été incapables de rentrer correctement les données demandées.
Le fisc s’est heurté à l’incompréhension des assujettis, soumis à une énième obligation déclarative assortie d’une amende en cas de manquement, analysent les magistrats.
Résultat : « le déploiement de GMBI s’est déroulé dans des conditions particulièrement difficiles et, de ce fait, plus d’un million de contribuables ont été imposés, à tort, à la taxe d’habitation ou à la taxe sur les logements vacants », écrit la Cour des comptes.
Devant ce monceau d’erreurs, le fisc a dû consentir pour plus de 1,3 milliard de dégrèvements en 2023, environ 34 % du montant des taxes collectées.
Finalement, seuls 54,1 millions parmi les 71,4 millions de locaux (75 %), dépendances comprises, ont été recensés à l’issue d’une campagne dont la fin a été prorogée plusieurs fois.
Pour les magistrats de la rue Cambon, aucun doute : c’est l’État qui porte la responsabilité de cette pantalonnade.
GMBI a été lancée avant que l’application ne soit rodée : modules de gestion absents ou mal testés à l’ergonomie défaillante ; la mise au point de la plateforme a coûté 37,2 millions d’euros à l’État, souligne la Cour des comptes, trois fois plus que prévu au départ.
Pour limiter cette déroute, la DGFiP a été contrainte de recruter une équipe de 127 vacataires dédiée à l’accompagnement des déclarants, alourdissant la facture de 3,9 millions d'euros.
Une « prime GMBI » de 500 euros a été créée pour dédommager les 18 085 agents confrontés à un surcroît de travail ! Coût total de la prime : 9 millions d'euros.
Selon la Cour des comptes, GMBI a coûté "au moins 56,4 millions d'euros, de son élaboration à son déploiement et à la campagne 2023".
Ce gaspillage d’argent public est d’autant plus préjudiciable qu’il intervient à une période où l’État gratte les fonds de tiroir pour boucler les lois de finances !
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