Paris. Promenade urbaine entre Barbès et Stalingrad : le grand gaspillage

Écrit par Fabrice Durtal
promenade-urbaine-paris-argent-public © Capture d'écran Twitter / @FuturExParisien

Promise aux bobos, la promenade Barbès-Stalingrad (Xe, XVIIIe, XIXe arrondissements de Paris) placée sous les arcades métalliques du métro aérien a été réquisitionnée par les vendeurs à la sauvette, les délinquants et les migrants. Bilan de l’opération : 11 millions d’euros fichus à la poubelle.

 

Imaginez un potager dans lequel pousse des canettes de bière (vides), des seringues, des détritus et des bacs à plantes où les mégots ont remplacé les légumes, le tout enveloppé d'une puissante odeur d’urine.

Bienvenue à Paris, ou plus exactement, sous le « viaduc » du métro aérien de La Chapelle (Paris, XVIIIe).

Initialement, un jardin regroupant des espaces cultivables entourés d’arbres fruitiers devait fleurir les 700 m² du terre-plein central du boulevard de La Chapelle. Le tout complété par un jardin aromatique et un espace pédagogique dédié à la transmission des conseils en jardinage !

Le réel reprenant ses droits, ce « jardin partagé » lancé à grand fracas par la mairie socialiste de Paris, début 2020, a finalement été rasé au bulldozer fin 2022.

Officiellement parce qu’il ne suscitait pas l’engouement. Officieusement parce cette zone protégée des intempéries par la casquette du métro aérien, envahie par les drogués, les marginaux et les migrants, est devenue incontrôlable.

A l’origine de de ce projet, on trouve des élus socialistes, dont Éric Lejoindre, maire du XVIIIe arrondissement de Paris depuis 2014.

Son projet de promenade urbaine aura coûté 11 millions d’euros aux contribuables locaux en 3 ans d’existence dans un quartier ravagé par la délinquance et les effets de l’immigration non contrôlée.

Dans cette jungle urbaine, les feux allumés par les migrants clandestins pour se réchauffer ont creusé des cratères dans le sol, lézardé les piliers du métro aérien, à tel point que des morceaux de pierres ont chuté de la voute.

On est loin du « flâner sympa » annoncé par Éric Lejoindre lors du lancement du projet.

Cour des miracles et rondes de police

La promenade tient désormais davantage de la cour des miracles que d’une radiale champêtre.

Le quartier où les rondes de police se succèdent a même été classé en zone de sécurité prioritaire et siglé «Reconquête républicaine». Pas étonnant dans ces conditions que les prix au m2 se situent autour de 7000 euros dans le secteur alors que la moyenne dépasse 10 000 euros à Paris.

Au malus financier que subissent les habitants du quartier, soumis, comme les autres à une hausse de 52 % de la taxe foncière en 2023, s’ajoute les incertitudes concernant l’avenir de cette friche urbaine, mal éclairée, longue de 1,4 km.

La mairie espère trouver rapidement une alternative car « cet espace n'aime pas le vide ». Parmi les solutions évoquées pour préserver « la dignité de tous », c’est-à-dire des riverains, des toxicos et des migrants, est notamment évoquée la construction de zones d’accueil pour les clandestins.

Inflexible, le maire du XVIIIe a annoncé son intention de poursuivre son projet bucolique « avec un public différent, et dans un espace pacifié ». De quoi redonner le moral aux riverains !

Ce fiasco était dénoncé dès avril 2021 par Jacques Mandorla, membre de l'association des Contribuables Parisiens et Franciliens :  

Un des premiers projets d’Anne Hidalgo lors de son élection en 2014 consistait, dans le cadre de ce qu’elle appelle « La reconquête républicaine », à créer un parcours de 1 400 mètres de long sous la ligne 2 du métro aérien entre Barbès et Stalingrad, le long du boulevard de la Chapelle.

La réalisation de ce projet ne s’est faite que 6 ans plus tard, durant l’été 2020. Et après quelques mois d’utilisation, le bilan est catastrophique : les 15 bacs à plantes se désagrègent, devenus poubelles où les gens jettent leurs bouteilles vides et colonisés par les rats. Les épanchements d’urine se retrouvent un peu partout (rappelons que le projet-test, à cet endroit, des « Naturinoirs » a été un véritable fiasco et n’a tenu que 3 semaines pour un coût de 40 000 euros). Le kiosque, destiné à « l’agriculture urbaine » n’a toujours pas ouvert ! Les rampes d’éclairage sous la voûte du métro aérien ne sont toujours pas installées. Le « skatepark » pour les jeunes est très peu utilisé, car de mauvaise qualité ! Enfin, le box à vélos sécurisé est quasiment toujours vide !

Et, cerise sur le gâteau, ce lieu de « Reconquête républicaine » est investi, le soir et la nuit, par des SDF et des dealers de drogue !

Sylvain Raifaud, adjoint écolo à la Mairie du Xe et délégué aux espaces verts et à la végétalisation avoue : « C’est un espace compliqué à exploiter. Il faudrait plus de personnel pour faire de la prévention et de la sécurité ».

Et Sébastien Goelzer, directeur des « Vergers urbains », société qui a remporté l’appel d’offres, complète l’analyse du fiasco en s’étonnant de découvrir le quartier : « Il faut reconnaître que le secteur et sa sociologie sont difficiles. »

La comparaison entre le dessin d’architecte et la réalité est flagrante !

promenade urbaine paris 2promenade urbaine paris

Publié le jeudi, 02 février 2023

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