La réforme des hôpitaux doit faire face à la contestation, d’autant plus forte qu’elle est rare, des médecins. À leur tête, les professeurs Debré et Grimaldi : ils s’opposent fermement à certains points de la loi Bachelot, dans laquelle ils voient un nouveau texte technocratique qui signe la reprise en main de la médecine par l’administration.
Le principal objet de la colère des médecins concerne la réorganisation interne : la réforme Bachelot prévoit en effet que le directeur nommé à la tête des Agences régionales de santé aura tout pouvoir pour nommer et révoquer les médecins membres de son conseil d’administration.
« Avez-vous déjà vu une entreprise dont le P-DG présiderait et choisirait les membres de son conseil d’administration, et s’ils ne sont pas d’accord pourrait les virer à sa guise ? », s’insurge le professeur Debré, également député de Paris (photo).
Certains pensent que la reprise en main des hôpitaux par un gestionnaire pourrait remédier à leurs excès de dépenses, mais rien n’est moins sûr : nommés par le gouvernement, les directeurs des établissements hospitaliers restent des hauts fonctionnaires… C’est dire s’ils n’ont rien d’un chef d’entreprise !
À ce système d’autorité exclusivement administrative, Bernard Debré préfère une cogestion médico-administrative équilibrée : « Ce que nous voulons, c’est avoir la maîtrise médicalisée des dépenses ».
Or, c’est ce qui a été initié par la loi précédente, qui date seulement de 2005 : « Actuellement, le directeur de l’hôpital et le collège des médecins se réunissent chaque mois pour étudier les tableaux de bords, vérifier les dépenses, et voir comment faire mieux, afin de soigner au juste prix : cette collaboration se passe plutôt bien.
On est en train de réduire les dépenses sans nuire aux patients. Et tout d’un coup on nous dit : "On change tout !” Nous en avons assez de subir des réformes tous les 4 ans ! », s’exclame encore le professeur en colère.
Il dénonce une volonté technocratique de « casser les médecins, ce texte de loi étant le fruit de la Fédération hospitalière de France, qui est la fédération des directeurs des hôpitaux »…
Selon les acteurs du secteur médical, les principales économies sont à réaliser sur l’organisation territoriale des établissements hospitaliers :"Il y a 150 à 180 petits hôpitaux, en zone rurale, qui sont sous-équipés, où il n’y a que peu de médecins.Certains font de la surenchère pour exister : ils opèrent des malades qui ne devraient pas l’être, dans l’unique but de faire du cas, ça n’est pas acceptable !"
Le professeur Debré propose de transformer ces petits hôpitaux en établissements spécialisés : hôpital d’hébergement pour personnes âgées, hôpital pour malades d’Alzheimer…
Ce sont 15 à 20 % des hôpitaux qui pourraient ainsi être transformés. Sachant que les dépenses hospitalières représentent 48 à 50 % des dépenses de la sécurité sociale, la transformation des petits hôpitaux pourrait permettre une réduction de 3 % des dépenses totales.
La réorganisation de la carte hospitalière est d’ailleurs comprise dans la réforme Bachelot, qui n’a pas que des défauts, précise Bernard Debré. Mais il s’interroge sérieusement sur l’aboutissement de cette réorganisation : « Aura-t-on le courage politique suffisant pour la mettre en place ? ».
En mars 2007, Contribuables Associés avait fait paraître
une étude sur les dépenses hospitalières.
Notre association avait posé le problème bien avant qu’il ne
soit d’une actualité brûlante… Nous avions préparé cette
étude avec un statisticien médical qui reprochait déjà à l’État
d’embaucher un trop grand nombre d’administratifs au
détriment des personnels soignants.
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