La gestion sociale de Radio France à revoir selon la Cour des comptes

Écrit par Fabrice Durtal
La gestion sociale de Radio France à revoir selon la Cour des comptes © JeanLucIchard / Shutterstock

Le groupe audiovisuel public affiche une masse salariale trop importante et ses 4 000 permanents bénéficient d’un système de congés si généreux qu’il pousse au recrutement d’intérimaires.

Tout en félicitant la Maison Ronde, ses 7 antennes (France Inter, France Info, France Culture, France Musique, France Bleu, FIP, Le Mouv’) et ses 4 orchestres, la Cour des comptes vient de rendre un rapport critique sur la gestion de Radio France.

Car si, avec 30 % de part d’audience, le groupe a vu son audience augmenter en 2023 malgré une ligne éditoriale univoque, c’est grâce à l’effort considérable demandé aux contribuables.

La Cour rappelle qu’après un plan d’économie de l’audiovisuel public qui s’est étalé de 2018 à 2022, la course aux millions a repris. La dotation attribuée par l’Etat à Radio France pour l’exercice 2024 est de 644,8 millions d'euros en fonctionnement et 8,2 millions d'euros d’investissements, selon le groupe public.

Une partie de cette manne publique est consacrée au financement d’une masse salariale (55 % des charges d’exploitation) que le plan de rupture conventionnelle collective engagé en 2020 n’a pas permis de réduire avec l’ampleur escomptée.

« Dans ce contexte, des mesures d’économies rendues possibles par la pyramide des âges devraient être envisagées pour maintenir une situation équilibrée », préconisent les magistrats financiers.

Le succès en demi-teinte du plan de rupture conventionnelle n’est qu’une demi-surprise. Pourquoi quitter un aussi bon fromage que Radio France ? Les 5 000 salariés du groupe (environ 4 000 permanents et un millier de collaborateurs occasionnels) évoluent dans une bulle douillette.

« Le cadre social, marqué par des accords collectifs avantageux et une multiplicité des statuts, freine l’adaptation de l’organisation et complique la gestion des équipes », relève la Cour.

Des règles très favorables en matière de congés

Sont notamment pointées du doigt des règles très favorables en matière de congés. Par exemple, les collaborateurs non journalistes bénéficient en moyenne de 12 semaines de congé (et jours de RTT) par an.

Ces règles pèsent sur l’organisation du travail et contraignent le groupe à recourir à des contrats précaires dans une proportion considérable, car il faut bien des voltigeurs pour suppléer des permanents qui se la coulent douce.

« La liste très longue des congés pour événements familiaux suscite un certain étonnement » écrit la Cour des comptes : « En 2022, le nombre de ces absences atteint plus de 2,6 jours par salarié en CDI contre 1,6 jours en 2017».

Des réformes ont été conduites en matière d’instances représentatives du personnel, relève la Cour. Mais, « les questions centrales des organisations du temps de travail, des parcours professionnels et de la mobilité interne se heurtent aux résistances du corps social ».

Traduction : les syndicats appellent à la grève dès que l’on menace de toucher aux avantages acquis, comme ce fut par exemple le cas en mai 2024.

Autre problème de taille : l’érosion des audiences de France Bleu (qui vient d’être rebaptisée « Ici »). Cette station absorbe plus d’un tiers des effectifs et des moyens du groupe sans que le rapprochement avec France 3, souhaité par les tutelles, soit réellement suivi d’effets.

« Avec des ressources publiques et commerciales contraintes, des mesures d’efficience doivent être anticipées pour préserver l’équilibre financier de l’entreprise », conclut la Cour, qui, outre les départs naturels, engage le groupe, détenu à 100 % par l’État, à faire évoluer ses accords conventionnels.

Publié le lundi, 13 janvier 2025

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