C’est notamment le cas de Marion Beyret, directrice de la communication du ministre sortant, qui a signé en janvier dans l’équipe de communication d’Air France. C’est également le cas d’Alice Lefort, ex-conseillère transports de Matignon, qui est depuis le mois d’avril la nouvelle directrice de la stratégie de l’entreprise internationale de transports publics Transdev.
Et puis il y a le ministre, Jean-Baptiste Djebbari. Le 16 mai 2022, jour de la démission de Jean Castex et de l’arrivée d’Elisabeth Borne à Matignon, il annonce son arrivée au conseil d’administration de Hopium, une start-up de la voiture de luxe à hydrogène qui ambitionne de devenir la nouvelle « Tesla française ». Aussitôt, les accusations de pantouflages se sont déchainées sur internet.
Pourtant, quiconque est attaché à une moralisation de la vie publique ne peut que se réjouir de voir un homme politique refuser de faire carrière dans la politique et revenir dans le privé une fois ses cinq ans de service achevés.
Ce qu’on reproche surtout à Jean-Baptiste Djebbari, c’est que le Gouvernement auquel il appartient a débloqué, entre 2020 et 2021, 9 milliards d’euros pour investir dans un grand plan hydrogène visant d’une part à produire de l’hydrogène vert rentable, d’autre part à développer des usages économiques viables, notamment dans la mobilité.
Et qu’un ministre de ce même gouvernement reparte ensuite à la tête d’une entreprise bénéficiant directement de ce plan, cela fait un peu tache.
En réalité, si l’on considère que l’hydrogène est l’avenir, il n’est guère étonnant de rejoindre une entreprise qui se spécialise sur ce sujet.
La Haute Autorité de la Transparence pour la Vie Publique ne s’y est pas trompée et a donné son feu vert à la nomination de Jean-Baptiste Djebbari, estimant que « la prise illégale d’intérêt peut être écartée », et en posant des conditions de principe : aucune démarche auprès des membres du gouvernement dans lequel il était durant les trois prochaines années, ainsi qu’auprès des membres de son cabinet et des ministres chargés de la transition écologique tant qu’ils occupent des fonctions publiques.
En définitive, la reconversion de Jean-Baptiste Djebbari n’est synonyme si de pantouflage, ni de conflit d’intérêts, mais bien de la façon dont on envisage la charge politique : une mission à un moment T, puis un retour à la société civile.
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