Elisabeth Borne est une femme, comme nous le rappellent à l'envi les médias, comme si son arrivée à Matignon n’était due qu’à ses deux chromosomes X. Un quota pour draguer la gauche avant les législatives, en somme.
Et pourtant, Elisabeth Borne est bien plus que cela. C’est tout d’abord une femme brillante, polytechnicienne alors qu’elle était pupille de la Nation.
C’est elle qui a mené la réforme si nécessaire (mais partielle) de la SNCF (modification du statut de cheminot et ouverture à la concurrence) : les syndicats de la SNCF gardent un très mauvais souvenir d’elle, lui reprochant son manque de souplesse dans le « dialogue social » alors qu’il prévoyait la plus longue grève en pointillé de l’histoire sociale.
On espère que la nouvelle locataire de Matignon fera preuve du même jusqu’au-boutisme dans la réforme des retraites et la fin des régimes spéciaux du public, en particulier celui de la SNCF !
Elisabeth Borne n’a travaillé que dans des entreprises détenues en grande partie par l’Etat : chez Adoma (ex-Sonacotra, un bailleur créé par les pouvoirs publics pour accueillir les travailleurs migrants) détenue à 42,4% par l’Etat, Eiffage à 60,3%, la SNCF et la RATP.
Déjà trois fois ministre
Comme beaucoup de femmes, Elisabeth Borne est multitâches, un véritable couteau suisse !
En cinq ans, elle a ainsi pu passer du ministère des Transports à celui du Travail, avec une halte au ministère de la Transition écologique entre temps.
Elle y a d’ailleurs incarné l’échec du projet d’Emmanuel Macron visant à réduire le nombre de membres du Gouvernement : alors qu’elle était ministre de l’Ecologie et que le nombre de conseillers était strictement limité à 10, elle en avait obtenu 15.
Cela fait d’elle une pionnière quand on sait que le nombre de conseillers dans les cabinets ministériels a augmenté de 76% entre 2019 et 2021 !
Durant la pandémie de Covid-19, c’est elle qui fut à l’origine du plan « Coup de pouce vélo » : plus de 150 000 personnes ont profité d’un chèque étatique de 50 euros pour faire réparer leur vélo, pour un montant total de 10 millions d’euros.
Fidèle aux deux-roues, elle a choisi son camp et s’est également déclarée pour l’abaissement de la limitation de vitesse sur les autoroutes à 110 km/h.
C’est elle qui a introduit une procédure de suspension du contrat de travail, sans rémunération, pour les salariés dépourvus d’un passe sanitaire valide.
N’étant pas une rupture de contrat, cette procédure empêche le soignant mis à pied de toucher les allocations chômage.
Et côté énergie, ce n’est pas plus fameux : elle a applaudi à la fermeture de la centrale de Fessenheim au motif qu’il ne faut pas faire dépendre 70% de notre électricité d’une seule et même source, en l’occurrence le nucléaire, mais qu’il fallait au contraire créer un rééquilibrage avec le solaire et l’éolien.
Résultat, la France va acheter de l’électricité en Allemagne, produite par des centrales à charbons, lesquelles sont interdites sur notre sol.
Quant à faire dépendre 50% des besoins énergétiques de la France des énergies renouvelables, Contribuables Associés a longuement traité le sujet ici, ici et ici.
Aujourd’hui, les conséquences sur notre souveraineté énergétique et notre pouvoir d’achat illustrent l’échec de cette politique.
De socialiste à macroniste, un parcours classique
Elisabeth Borne n’avait jamais été encartée avant de rejoindre Territoires de Progrès en 2020, l’aile gauche de La République En Marche, mais ses missions professionnelles illustrent assez bien ses inclinaisons politiques : directrice du cabinet de Ségolène Royal entre 2014 et 2015 lorsqu’elle était ministre de l’Ecologie, conseillère de Lionel Jospin lorsqu’il était à Matignon, de Jack Lang lorsqu’il était à l’Education, et directrice de l’urbanisme de la Mairie de Paris sous Bertrand Delanoë.
En devenant Premier ministre, Elisabeth Borne voit son salaire augmenter à près de 15 203 euros mensuels brut, contre 10 135, lorsqu’elle était ministre ces cinq dernières années.
On est toutefois très loin des 27 000 euros net qu’elle gagnait à la tête de la RATP.
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