Guadeloupe : le Mémorial pour l’esclavage en plein naufrage

Écrit par Fabrice Durtal
memorial-esclavage-guadeloupe © Tupungato / Shutter

Un rapport de la chambre régionale des comptes étrille une gestion du Mémorial ACTe frappée de « graves insincérités ».

Feu ! La Chambre régionale des comptes (CRC) de Guadeloupe n’y va pas avec le dos de la cuillère dans le rapport d’observations publié en novembre sur la gouvernance du Mémorial ACTe (MACTe) de Pointe-à-Pitre.

Le MACTe est une institution culturelle dédiée à l’histoire, au patrimoine et à la mémoire de la traite négrière, de l’esclavage et de ses abolitions, inauguré à grand frais au printemps 2015 par François Hollande.

Construit sur une zone sismique, il a coûté 83 millions d’euros...

Gaspillage d’argent public : huit ans plus tard, la CRC relève de graves irrégularités dans la gouvernance de l'établissement public.

Elle souligne qu’il « ne répond pas aux ambitions de son projet initial de faire de la Guadeloupe la capitale mondiale de la recherche sur la traite négrière et l’esclavage ».

Devenu un établissement public de coopération culturelle en juillet 2019, les magistrats consacrent un long passage aux comptes « insincères » et « déficitaires » de ce Mémorial dépourvu de recettes d’exploitation suffisantes.

Lors de son inauguration, le MACTe attendait 300 000 visiteurs par an. Il n’aurait finalement accueilli que 43 000 visiteurs durant les 9 premiers mois de 2022.

La CRC alerte sur les effets en retour de cette gestion financière à la gribouille. Elle relève des risques majeurs financiers, de contentieux et de fraude.

Mémorial de l'esclavage : ingérence politiciennes et irrégulatités financières

Cette crise se déroule dans un contexte de guerroiement entre le MACTe et la Région, présidée par Ary Chalus.

Cet élu Renaissance aurait multiplié les ingérences dans les affaires de l’établissement ajoutant un peu de pagaille à la pagaille.

Exposition permanente fermée près de 40 % du temps entre 2019 et 2022, Conseil d’administration constitué avec des irrégularités, pas de comité scientifique, ni de Conseil économique et social….

L’ancienne directrice générale Laurella Rinçon, révoquée durant l’été 2023, a été traduite devant le tribunal de Pointe-à-Pitre pour « atteinte à la liberté d’accès aux marchés publics ».
Son procès s’ouvrira le 23 janvier 2024.

En 2021, elle avait déjà été suspendue de ses fonctions à titre conservatoire en raison d'irrégularités financières, dont des frais de taxis élevés avant d’être licenciée, puis réintégrée à son poste !

Des conflits sociaux ont aussi émaillé la gestion du Mémorial ACTe. Des procédures de licenciements en 2022 ont notamment été contestées.

Bien qu’ils n’aient pas repris le travail, une dizaine d’agents ont continué à être rémunérés.

Selon la CRC, un peu plus de 600 000 euros de salaires auraient continué à leur être versé alors qu’ils passaient leurs journées les pieds dans l’eau ! La Cour invite le Mémorial ACTe à se faire rembourser ces indus.

Publié le lundi, 11 décembre 2023

1 Commentaire

  • Lien vers le commentaire broandre mardi, 12 décembre 2023 Posté par broandre

    83 millions d'euros déposés dans cette baignoire à contrition. La France est vraiment masochiste.

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