François Bayrou : un nouveau Premier ministre face au gouffre budgétaire

Écrit par Fabrice Durtal
François Bayrou : un nouveau Premier ministre face au gouffre budgétaire © Obatala-photography / Shutterstock

Du haut de ses 40 ans de vie politique, réputé fin manœuvrier, l’ancien Haut-Commissaire au plan va devoir préparer un nouveau budget 2025 sans franchir les lignes rouges tracées par ses opposants.

Et de quatre ! Quatrième locataire de Matignon en 2024, François Bayrou a officiellement succédé à Michel Barnier le 12 décembre dernier.

À 73 ans, ce fils d’exploitants agricoles pyrénéens continue à creuser son sillon. Cet agrégé de lettres classiques parlant le béarnais presque aussi bien que le français a mené de front une carrière d’enseignant et de paysan après la mort de son père. Il possède toujours cette exploitation agricole dans laquelle on le voit, parfois pour la pose, juché sur un tracteur rouge.

Réélu en 2020 à la mairie de Pau, François Bayrou a enchaîné plusieurs changements d’alliance selon ses soutiens.

La carrière de ce centriste pro-européen a vraiment démarré lors de la présidentielle de 2002, lorsqu’il envoie une tarte à un gamin de 10 ans tentant de lui faire les poches. Un geste salué comme une marque d’autorité, et qui lui permet d’approcher les 7 % des voix.

De nouveau candidat en 2007, il bataille contre Nicolas Sarkozy et la socialiste Ségolène Royal, obtient 18,57 % des voix et ne donne aucune consigne de vote pour le second tour.

C’est en 2012 que son itinéraire bifurque. Celui qui fut ministre de l’Éducation nationale du gouvernement Balladur pendant 4 ans, tourne le dos à Nicolas Sarkozy et apporte son soutien à François Hollande après avoir fini cinquième au premier tour (9,13 % des voix).

Nouveau coup de barre en 2017 où il décide de jouer la carte Macron. Il sera un éphémère garde des Sceaux avant d’être rattrapé par l’affaire des assistants parlementaires dont il sortira blanchi.

Bien qu’il soit l’un des premiers hommes politiques à tirer la sonnette d’alarme sur l’abysse du déficit public, l’ex-Haut-Commissaire au plan a accepté de soutenir des gouvernements qui ont ajouté 1 000 milliards de dettes au passif français en 7 ans.

En 2012, le nouveau locataire de Matignon proposait de trancher dans le budget de l’État et de partir en guerre contre l’endettement public.

Après avoir brigué l’Élysée, il se retrouve à Matignon avec l’occasion de passer du verbe à l’action en s'attaquant à la nouvelle version du budget 2025.

Le nouveau Premier ministre est dans l'obligation de redresser les comptes publics.

Et à peine nommé, il est déjà confronté à l’abaissement de la note de la France par l’agence américaine  de notation Moody’s, tombé samedi 14 décembre.

En 2007, il s’est opposé au paquet fiscal que Nicolas Sarkozy avait fait voter pour alléger l’impôt. Récemment, il s’est déclaré favorable à une taxe sur les superprofits malgré l’opposition d’une partie des macronistes.

Certains de ses proches ont même proposé la création d’un ISF climatique sur la fortune. Partant du principe que le « riches » ont un mode de vie plus polluant que les « pauvres », il s’agirait de les taxer au nom de la « justice sociale ».

A court terme, François Bayrou est attendu sur l’indexation du barème de l’impôt sur le revenu.

Intégrer (ou pas) un amendement visant à indexer les tranches de l'impôt sur l'inflation dans la loi spéciale débattue au Parlement sans attendre la prochaine loi de Finances ?

Faute d’indexation immédiate, 17 millions de Français pourraient voir leurs impôts augmenter à partir du 1er janvier prochain.

Publié le lundi, 16 décembre 2024

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