Une disparition discrète et pas d’avis de décès : Novarhena, une société d’économie mixte (SEM) alsacienne vient de mettre la clé sous la porte dans une discrétion de bon aloi.
Si aucun politique n’a versé une larme, les contribuables en revanche ont de quoi pleurer.
De rage : créée en 2021 afin d'aménager une zone de 220 hectares autour de Fessenheim, Novarhena a englouti près d’un demi-million d’euros (80% d’argent public), sans obtenir le moindre résultat. Rien. Nada.
En 2020, le regard fiévreux, Elisabeth Borne, alors ministre de la Transition écologique, se félicitait de la fermeture des 2 réacteurs de Fessenheim au titre « de l’écologie de responsabilité » et d’une ligne d’horizon hérissée d’éoliennes.
Un an plus tard, en 2021, le gouvernement imposait la création d’une SEM regroupant des acteurs publics et privés. Elle était chargée d’aménager des parcelles destinées à fournir un relais de croissance à l’économie locale affectée par la fermeture de la centrale.
Pour assurer la transition, Novarhena était dotée d’un million d'euros de capital.
Principaux contributeurs : la Région Grand Est, la Caisse des dépôts et consignations, le Département, EDF, la Chambre de commerce et l'Agglomération de Mulhouse.
A cet argent public (80% du total) s’ajoutait la mise de banques françaises et de collectivités allemandes très impliquées dans la fermeture de la centrale.
Ce projet prévoyait notamment l’installation d’une usine sur une nouvelle ZAC où seraient fondus des générateurs de vapeur et les réacteurs des centrales nucléaires en fin de vie.
Combattus par les riverains, cette ambition est restée lettre morte. Si les écolos ont eu la peau de Fessenheim, ils ont également torpillé la reconversion des terrains attenants.
Du fait de leur richesse environnementale, des dizaines d’hectares placés le long du Grand Canal d'Alsace ont été sanctuarisés au grand dam du maire de Fessenheim qui escomptait plus de bienveillance : la zone d’activité a finalement été réduite de 220 à…. 56 hectares !
Cette division par 4 a poussé les collectivités locales à se passer des services de NovaRhena, dissoute en octobre 2022.
Il était temps ! En deux ans d’existence végétative, la SEM a dévoré 480 000 euros, environ la moitié du capital dont elle était dotée initialement. De quoi laisser un goût amer dans la bouche des contribuables.
Ce gaspillage a notamment été dénoncé par Raphaël Schellenberger, député LR du Haut-Rhin qui décrivait récemment NovaRhena comme un outil politique :
« Je ne sais pas si on a sacrifié de l’argent public, ce qui est sûr c’est qu’on en a gaspillé beaucoup ».
Pour justifier ces 480 000 euros volatilisés, Lara Million – ça ne s’invente pas ! - vice-présidente LREM chargée des finances de la Collectivité européenne d’Alsace et présidente de NovaRhena, a évoqué des frais de fonctionnement, des frais d’études, de traduction et… surtout le salaire du directeur général (5 500 euros net/mois), un ex-dirigeant de Pataugas a priori peu qualifié pour les questions d’aménagement du territoire…
Au final, c’est la Communauté de communes et le Conseil régional, en partie propriétaires des terrains, qui organiseront le défrichement et l’industrialisation des 66 hectares de parcelles.
Appliquant ainsi le vieil adage selon lequel on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même.
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