Anciens Premiers ministres : à quand la fin des avantages à vie?

Écrit par Contribuables Associés
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Même si vous n’avez été que quelques mois l’hôte de Matignon, vous demeurez un privilégié ad vitam aeternam. Mais cela pourrait évoluer.

 

Pour nombre d’élus, quitter Matignon et le poste de Premier ministre peut souvent passer pour un échecet signifier la fin de leur carrière politique. Pour autant, la République sait choyer ses anciens chefs de gouvernement.

Outre la conservation de leurs indemnités (14 910 euros brut mensuels) pendant trois mois, ces derniers bénéficient d’une voiture avec chauffeur (et carburant), ainsi que d’un garde du corps, payés à vie par les contribuables.

Et ce n’est qu’un aspect des privilèges des anciens Premiers ministres.

En février 2016, Médiapart détaillait les dépenses pour tous les anciens chefs de gouvernement en vie depuis Laurent Fabius (et de ce fait sans y inclure Manuel Valls ni Bernard Cazeneuve). Et on apprenait ainsi qu’Édith Cresson bénéficie d’une collaboratrice rémunérée 35 000 euros par an (et ce depuis 2014).

En 2014, Matignon a dépensé 89 000 euros pour renouveler les berlines de François Fillon, Édouard Balladur et Michel Rocard (ce dernier étant décédé en juillet 2016).

Médiapart révèle, toujours pour 2014, que l’État a déboursé des mille et des cents pour les « ex » de Matignon :

  • 102 000 euros pour rémunérer le personnel affecté à Alain Juppé, maire de Bordeaux par ailleurs 
  • 97 000 euros pour Dominique de Villepin, « dont la société réalisait cette année-là 1,8 million d’euros de chiffre d’affaires »
  • 89 000 euros pour Jean-Pierre Raffarin (sénateur)
  • 82 000 euros pour Lionel Jospin
  • 79 000 euros pour Michel Rocard (ambassadeur « chargé de la négociation internationale pour les pôles Arctique et Antarctique ») 
  • 75 000 euros pour Jean-Marc Ayrault (député) 
  • 66 000 euros pour François Fillon (député)
  • 45 000 euros pour Édouard Balladur (retraité), toujours pour rémunérer le personnel affecté.

À noter que, parmi ces anciens chefs de gouvernement, Édouard Balladur bénéficiait d’une assistante et d’un chauffeur depuis 1995, Lionel Jospin jouissant des mêmes services depuis 2002.

De tels privilèges passent mal, notamment depuis le mouvement des Gilets jaunes. C’est la raison pour laquelle, le 13 février 2019, sur le plateau de LCI, Édouard Philippe a indiqué songer à l’extinction des avantages offerts aux ex-Premiers ministres, mais seulement dix ans après leur départ de Matignon :

« J’ai pris la décision de faire en sorte que les moyens qu’on attribue aux anciens Premiers ministres ne soient pas accordés à vie, mais pendant dix ans. »

Cependant, comme le fait remarquer Capital.fr, on ne sait pas si cette mesure, qui devrait faire partie des propositions du gouvernement à l’issue du Grand Débat National, sera appliquée aux actuels anciens Premiers ministres ou si elle ne concernera qu’Édouard Philippe et ses successeurs.

Mais si l’intention affichée par Édouard Philippe peut sembler un bon début dans la lutte contre les avantages indus, il faudrait d’abord qu’il fasse le ménage dans son propre cabinet. En effet, si on l’on en croit l’annexe au projet de loi de finances 2019 consacrée aux personnels affectés aux cabinets ministériels,

le chef du gouvernement dispose de 492 personnels civils et militaires, dont 161 agents affectés à l’administration, au courrier et au secrétariat, 77 agents pour la cuisine et l’hôtellerie. 40 personnels assurant la sécurité du Premier ministre, sans oublier les 14 chauffeurs.

(Article extrait du Livre noir des gaspillages 2019une livre noir gaspillages argent public

Publié le mercredi, 25 mars 2020

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