Couverte par le brouhaha de l’actualité internationale, la nouvelle est presque passée inaperçue, mais l’agence de notation Standard & Poor’s Global Ratings a durci son jugement sur la situation budgétaire française le 28 février.
L’agence de notation anglo-saxonne a certes maintenu la note de la dette française à AA-, mais en abaissant sa perspective de « stable » à « négative », ce qui ouvre la voie à une future dégradation en 2025 ou 2026.
Pour mémoire, les notations à long terme de S&P vont de « AAA » à « D ». Le triple AAA représente une capacité extrêmement forte à respecter les engagements financiers, tandis que D indique un défaut de paiement.
Ce nouvel avertissement intervient quelques mois après une première dégradation (mai 2024) et fait écho à la décision de Fitch, qui avait déjà abaissé la perspective de la note française en octobre dernier.
Comme Contribuables Associés l’a souligné à maintes reprises, la situation budgétaire française est catastrophique.
Contrairement au programme Doge (département de l’efficacité gouvernementale) confié à Elon Musk avec l’objectif de réduire les dépenses publiques d’un tiers d’ici 2026, Bercy se refuse à trancher dans la masse. Il atermoie.
Résultat, S&P Global Ratings dénonce une stratégie budgétaire incertaine après 2025. L’agence constate une croissance en berne, attendue sous la barre de 1 % (emploi salarié en recul de -0,3 %), ainsi qu’un loyer de la dette qui pourrait égaler la croissance nominale du PIB (augmentation annuelle du produit intérieur brut sans tenir compte de l'inflation) à horizon 2028.
L’agence de notation met en doute la trajectoire budgétaire annoncée par Bercy.
Initialement prévu à 5,1 %, le déficit public 2025 est désormais attendu à 5,4 % et il pourrait encore s’élever si les prévisions de croissance gouvernementale (0,9 %) ne sont pas tenues.
Dans cette perspective, l’objectif de ramener le déficit sous la barre de 3 % semble « incertain » à S&P.
Tous les regards se tournent désormais vers Fitch, qui rendra son verdict le 14 mars. L’agence pourrait choisir de rétrograder la France de AA- à « A+ ».
Une telle évolution reléguerait la dette française au niveau de pays comme l'Espagne ou le Portugal, et pourrait entraîner des répercussions significatives sur les taux d'intérêt et le coût du financement.
La dégradation continue de la notation de la France par les agences de notation a une autre conséquence peu souvent évoquée : l'impossibilité pour de nombreux fonds d'investissement d'acheter de la dette française car les règles de gouvernance imposées aux gestionnaires par leur conseil d'administration leur interdit d'investir dans des obligations qui n'ont pas telle ou telle notation minimale.
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