Francheville (Rhône) : la passerelle de la ruette Mulet fait polémique

Écrit par Jean-Pierre Auffret

Les membres de Contribuables Associés sont les premiers à subir la mauvaise gestion des deniers publics, tant au niveau local qu'au niveau national. Un de nos membres nous a écrit cet article, sur un gaspillage de plus d'un million d'euros dans sa commune de Francheville, dans le Rhône.

À Francheville (Rhône), au fond d’un vallon, la ruette Mulet, presque chemin vicinal, traverse l’Yzeron, affluent du Rhône. En général, l’Yzeron n’est ici qu’un modeste ruisseau de 3 m de large.

Historiquement la traversée s’effectuait à gué avec 20 cm d’eau, voire à sec, ou par une passerelle rudimentaire : 1,6 m au-dessus du lit, 1,4 m de large, garde-corps simples, rampes d’accès rectilignes… passerelle largement suffisante pour la maigre fréquentation du secteur (une vingtaine de passages par jour).

Périodiquement, l’Yzeron en crue inondait ce fond de vallon de façon plus spectaculaire que dangereuse. Afin de parer à une hypothétique crue centennale, le lit d’expansion a été endigué à 28 m de large par des murs d’environ 1,7 m de haut de chaque côté.

Pour réaliser les travaux, la passerelle avait été supprimée assez longtemps avant ces travaux sans que la population n’en souffre particulièrement. Mais son remplacement avait été laissé de côté : parce que relevant d’une autre compétence ?

La modeste passerelle ne pouvait manquer d’être regrettée. D’où récemment un projet à la limite du grandiose: 

  • pentes de moins de 4 % pour l’accès de personnes à mobilité réduite (PMR), en "fauteuil musculaire" (non motorisé, non accompagné)  ;
  • largeurde 2,5 m pour le croisement de vélos " chevauchés " ;
  • béton drainant antidérapant ;
  • éclairage nocturne  ;
  • insertion paysagère, respect de la faune…

Le tout dans le respect des diverses exigences quant à la qualité de l’eau, au cas d’inondation, à la proximité des « vestiges du vieux château » (ruines du XVIIe siècle, dépourvues d’intérêt historique ou architectural).

Au final, un très beau projet avec nichoirs à chauve-souris, passage pour la petite faune, végétalisation de l’accès, garde-corps ajourés, escalier de raccourci, « compensation » de l’emprise des ouvrages sur la capacité d’écoulement en cas de crue centennale…

Conception et planification de grande qualité.

Résultat : un cheminement de 110 m pour le coût de 1,5 million d'euros, discrètement omis en présentation publique.

plan-ruette-mulet.png

Plan de projet retenu. Voir sur www.svf69.fr

Le prix global, à l’issue d’un appel d’offres, est manifestement élevé pour la fréquentation du lieu. Le fait que la livraison soit prévue pour fin 2024, n’interdit pas un regard critique à la recherche d’économies, en proposant, par exemple :

  • d’économiser l’éclairage, vu la rareté de la fréquentation nocturne, sous ciel couvert, par des personnes dépourvues d’éclairage portatif. Ce qui éliminerait des coûts d’alimentation et réduirait les occasions devandalisation ;
  • d’adopter une largeur de 1,4 m (largeur classique des trottoirs ou des couloirs de bureau) au moins sur la passerelle proprement dite, quitte à ce que les rares cyclistes à l’emprunter en sens opposé, la parcourent à pied ou se cèdent le passage (parcours de 28 m !). Passer de 2,5 m à 1,4 m, permet de réduire la surface de «tapi » de 44 %. Cela évitant également la tentation de parcours à vive allure avec des engins motorisés (moto-cross) ;
  • d’adopter sur le bref parcours de montée, une pente maximale supérieure à 4 %, mais acceptable pour l’essentiel de la population susceptible de fréquenter les lieux. En effet les accès à ce fond de vallon, dont la ruette Mulet elle-même, présentent des pentes généralement supérieures à 4 %, ce qui réduit d’autant plus la probabilité de présence en ces lieux de PMR en « fauteuil musculaire » et non accompagnées. La pente maximale admise pour un fauteuil roulant motorisé est de 10 %. Pour les « vélos musculaires », on considère comme faciles, les pentes entre 7 et 12 % sur des tronçons bien plus longs. Avec des pentes à 10 % au lieu de 4, les rampes passent en gros de 82 m (110-28) à 33 m, soit 16,5 m de montée.

Cette dernière proposition surtout est combattue, avec une feinte compassion, au nom d’une intransigeante exigence d’accessibilité universelle, assortie de menaces pénales !

Le prix n’est pas assurément pas proportionnel à la longueur ni même à la surface du cheminement.

Mais une réduction de 15 à 20 %, soit environ 250 000 euros, était possible. 

Une telle économie pour ce franchissement de rivière aurait pu contribuer à une meilleure accessibilité en des lieux autrement plus fréquentés par des PMR en « fauteuil musculaire » !

Passons sur l’invocation de la circulation d’aïeules asthmatiques poussant des voitures d’enfant.

Et les petits ruisseaux font les grandes rivières !

Jean-Pierre Auffret, membre de Contribuables Associés

Publié le lundi, 24 juin 2024

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