Dans un nouveau rapport publié lundi 12 septembre, la Cour des comptes s’intéresse à l’opération Sentinelle, aux forces et aux limites de celle-ci. La dernière partie du rapport, consacré au coût économique de l’opération, retient l’attention de Contribuables Associés. Notre intérêt se porte particulièrement sur la somme déboursée, qui s’élève à trois milliards d’euros, depuis le déploiement de l’opération en 2015.
La Cour des comptes a pu constater la diminution notable des coûts de Sentinelle passant de 414 millions d’euros en 2015 à 251 millions d’euros en 2020. Nonobstant, la précision est de mise : « Cette évaluation doit être considérée avec précaution et relativisée puisque même si le format de Sentinelle a sensiblement été réduit depuis 2018, le nombre de militaires déployés a été variable au cours des années en fonction des réquisitions », spécifie le rapport.
Le coût global de Sentinelle, étalé sur cinq ans, est important. Ce sont plus de 2 milliards d’euros – même 3 milliards si l’on tient compte des jours pendant lesquels les militaires ne patrouillent pas – qui ont été dépensés. L’opération Sentinelle représente la plus grande part des dépenses de l’ensemble des MISSINT (missions intérieures de nos armées).
Pour rappel, l’opération Sentinelle a débuté en janvier 2015 quelques jours après les attentats de Charlie Hebdo et de l’hyper Cacher. De 2015 à 2017, dans un contexte de menace terroriste forte, 7 000 hommes ont été dispatchés sur l’ensemble du territoire pour assurer la sécurité. Pendant les périodes à haut risque, le nombre de militaires déployés allait jusqu’à 10 000 par jour !
Depuis, la Cour des comptes observe une baisse des effectifs affectés à Sentinelle. Les sages de la rue de Cambron s’en félicitent sûrement car, pour cette haute juridiction financière, l’opération Sentinelle doit évoluer.
La Cour laisse sur le papier deux recommandations qui, si elles sont appliquées, pourraient alléger les dépenses du ministère des Armées. La première parle « d’une posture de subsidiarité à rechercher dans les domaines relevant des compétences particulières des armées ».
En clair, les militaires devraient être davantage disponibles pour participer à des missions « à haute valeur ajoutée militaire, combinant réactivité et désengagement rapide ». En engageant 10% de l’effectif de la Force opérationnelle terrestre, Sentinelle empêche les troupes de s’entraîner à des engagements de plus haute intensité.
Cette impossibilité à réaliser les activités prévues par l’armée en raison d’une faute de temps sape le moral des troupes. Les hauts fonctionnaires n’hésitent pas à parler de l’incompréhension de certains militaires lassés « des déploiements répétitifs durant six années ». Cependant, les sages reconnaissent que la baisse de l’attractivité de l’armée et de la fidélisation des militaires « ne peut être relié directement à Sentinelle ».
Dans sa seconde recommandation, la Cour des comptes estime que l’opération doit être transférée progressivement aux forces de sécurité intérieure (police, gendarmerie). En effet, le renforcement de leur équipement depuis 2015 leur permet de faire face à la menace terroriste qui d’après le rapport « est devenue endogène ». La Cour ne ferme pas les yeux sur la menace qui, bien qu’en baisse, est toujours là et s’incarne parfois « par des ressortissants étrangers réfugiés ou résidents illégaux ».
Le conflit ukrainien change la donne et pousse les magistrats financiers à exhorter « une réduction conséquente des engagements au titre de Sentinelle ». Une décision de taille qui pourrait intervenir en cas d’une montée en puissance des tensions internationales. La réduction des engagements tel que Sentinelle, serait alors nécessaire pour préparer « une opération de coercition de haute intensité ».
Les forces de sécurité intérieure sont en mesure de contenir la menace terroriste. Ainsi, un réaménagement de l'opération Sentinelle serait avantageux, comme l'affirme la Cour des comptes, aussi bien pour les militaires que pour le contribuable.
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