Coût des Jeux olympiques : le fantôme de Rio hante les JO de Paris

Écrit par Contribuables Associés
paris-jo-Trocadero ©Olympic rings in the Place du Trocadéro in Paris - Anne Jea - Wikimedia Commons

Pour les JO 2024, les organisateurs prévoient une dépense de 7,1 milliards d'euros, une somme qui promet de filer étant donné les problématiques de sécurité et les déficits ultérieurs d'exploitation.

 

100 ans sépareront les deux derniers Jeux olympiques organisés à Paris. C’est officiel depuis le 13 septembre 2017, la France sera le pays hôte des Jeux 2024.

Si 84% des Français ont une opinion favorable de l’organisation des Jeux par la capitale française (sondage 2020), ils sont beaucoup plus réservés sur les enjeux sécuritaires et sceptiques quant aux retombées économiques. Le drame des installations en ruine des Jeux de Rio et la fragilisation de l’économie grecque pour les Jeux de 2004 ont de quoi inquiéter.

 

Jeux de Paris : hausse de la facture de 1 milliard depuis le lancement du projet

« Pas de panique », essaye de rassurer le Comité d'organisation des Jeux Olympiques (COJO) : une marge d’environ 400 millions d’euros est prévue dans le budget, et Paris possède déjà bon nombre d’installations. Pas de dépenses inutiles, des jeux éthiques et écologiques, voici ce que promet l'organisateur.

Soyons clairs d’emblée, ce n’est pas totalement faux. Parmi les sites déjà existants, seront utilisés Paris La Défense Arena, le club hipppique de Versailles, l’AccorHotel Arena, les cours de Roland-Garros…

Autre preuve de la rationalisation (minimale) des dépenses : quatre sites ont été supprimés par rapport au projet initial pour faire des économies. La capitale et sa région comptent 95 % de sites déjà existants.

Alors, combien les JO vont-ils nous coûter ? Le projet initial prévoyait une facture s’élevant à 6,2 milliards d’euros (très raisonnable pour des Jeux modernes), aujourd’hui, l’enveloppe est de 7,1 milliards d’euros.

 

JO 2024 : Quelles sont les dépenses et qui finance ?

Le budget organisationnel, celui clairement et fièrement affiché par le COJO, s’élève à 3.9 milliards d’euros. Il est financé à majoritairement par des fonds privés avec toutefois un apport de 100 millions de fonds publics (État, Région Ile-de-France,Ville de Paris) pour les dépenses de fonctionnement des Jeux paralympiques. 

Les pouvoirs publics prennent en charge la construction ou la mise aux normes des sites, l’hébergement des athlètes et des visiteurs, les aménagements pour la presse et d’autres équipements connexes.

Le budget pour la construction des ouvrages, géré par l’organisme public Solideo (Société de livraison des ouvrages olympiques), s’élève lui à 3.2 milliards d’euros dont 1,4 milliard d'euros d'argent public.

Soit au total désormais une facture de 7,1 milliards d'euros.

Penser que les JO ne nous coûteront seulement 7.1 milliards d’euros relève du voeu pieux et penser qu’une marge de manœuvre de 400 millions suffira l’est tout autant.

Pour les pays organisateurs, en effet, le coût des Jeux a toujours dépassé les estimations officielles en provoquant un endettement massif – le dépassement moyen est de 179%. Ce qui porterait le coût total de l'évènement à 12,709 milliards d'euros.

Parmi les surcoûts, il y a notamment la surveillance des sites, dont les 300 millions d'euros prévus ne semblent pas à la hauteur. Londres avait, par exemple, dépensé la somme de 1 milliard d'euros pour l'occasion en 2012.

Il est par ailleurs malhonnête, et très français, d'évincer un certain nombre de dépenses du bilan.

Nul ne doute en effet, que la mise en oeuvre du RER E, l'assainissement de la Seine, ainsi que certains travaux liés au Grand Paris sont indirectement liés à l’organisation de cette compétition internationale.

De plus, la construction des lignes 16 et 17 pour l'occasion (dont on sait qu'elles ne seront pas prêtes à temps) a déjà engendré un surcoût de 250 millions d'euros.

 Tony Estanguet

©Tony Estanguet, président du COJO - Wikimedia Commons

JO 2024 : a-t-on optimisé les dépenses ?

Bien sûr que non. Nous sommes en France après tout, c’est bien connu, l’argent public coule à flot.

Outre quelques dépenses inutiles de construction que nous allons détailler ci-dessous, les salaires des dignitaires du COJO peuvent faire tiquer.

Tony Estanguet, 3 fois champion olympique de canoë et actuel président du COJO touche un salaire annuel de 270 000 euros (source COJO).

Son directeur général, Etienne Thobois perçoit, quant à lui, 260 000 euros par an. Des primes de performances plafonnées à 20% du revenu peuvent également leur être alloué.

Voici un florilège des principales dépenses de construction :

 

 La base nautique

Une toute nouvelle installation sera construite par le groupe Bouygues pour accueillir les épreuves de natation. Le coût du projet a été réévalué à la hausse, à 174,7 millions d'euros contre 113 millions d'euros prévus à l'origine. La cause de cette hausse ? L'ajout au projet d'un espace aqualudique qui n'était pas prévu au départ à 20 millions d’euros. 

Les services de l’Inspection générale des finances (IGF) prévoient déjà un déficit d’exploitation de la piscine olympique de 500 000 euros par an et estiment le dérapage financier de l’Etat à 500 millions d’euros au moins (Le Canard enchaîné, 2 mai 2018).

 

 Le village des médias

La construction pour 150 millions d'euros du Village des médias à Dugny (93). Le Comité International Olympique ne le demandait même pas.

 

 Le village olympique

Un autre poste de dépense majeur des Jeux olympiques se situe dans la construction du nouveau village olympique et des aménagements connexes : 650 millions d'euros.

Pour Paris 2024, ce sera la commune de Saint-Ouen (93) qui bénéficiera de ces installations. Si elles seront rendues aux habitants une fois les Jeux terminés, leur construction est lourde de conséquences. Seront expropriés : 

20 entreprises (soit un total de 1 600 salariés), l’école maternelle Anatole-France, l’internat de Supméca,  la cité du Cinéma, un foyer d’accueil de migrants de près de 300 places, le lycée technologique Marcel-Cachin...

 

 Arena-Porte de la Chapelle

Pour les épreuves de badminton, de para-taekwondo et de para-badminton, une nouvelle installation sortira de terre : l’Arena-Porte de la Chapelle, à Paris.

Ce nouveau gadget à 98 millions sera entièrement financé par l’argent public. Une somme dont on aurait pu largement se passer. En complément, la Ville de Paris va financer la construction de deux gymnases pour un montant de 20 millions d'euros et un programme d’activités de proximité, de loisirs et de commerces de 7,2 millions d'euros.

Quant au futur de l’ouvrage, il paraît déjà tout tracé : il sera exploité par le Club de Basketball de Paris, en D2... L’Arena devrait également accueillir des concerts sur le long terme.

 

Autres dépenses dont on aurait pu se passer :

  • Tennis de table, handball : Issy-les-Moulineaux (92), Cité des sports. Coût : 69 millions d’euros. La région compte pourtant nombre de club de tennis de table et des salles type Zénith. 
  • Escalade : Le Bourget. La ville de Fontainebleau (77) disposait déjà d’agréments de renom. 
  • Surf : Tahiti. Biarritz, en plus d’être en métropole, avait une probabilité de « vague optimale » supérieur à Tahiti. Coût : Inconnu. 
  • Hockey sur gazon: Colombes (92). 80 millions d'euros seront alloués pour rénover le stade qui servira de vitrine pour cette discipline peu suivie.

Benoît Lacoux

A télécharger gratuitement : 

 Les Enquêtes du contribuable #12 « Sport et argent public : la France qui perd »

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Publié le vendredi, 23 juillet 2021

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