Jean Lassalle, candidat du mouvement Résistons!, a envoyé à Contribuables Associés son programme budgétaire pour la présidentielle 2017.
« Vous m’interpellez, en tant que candidat à cette présidentielle, sur ce que je prévois de réaliser au cours de mon mandat, si les Françaises et les Français, comme je l’espère, me font confiance. Nos concitoyens se plaignent à juste titre de la pression croissante des impôts et des cotisations obligatoires. Comme maire, j’ai eu la chance de trouver la moitié du budget annuel de ma commune dans les coupes de bois. Mais ce patrimoine forestier était aussi un vaste territoire à entretenir et mettre en valeur ; les réductions successives des dotations de l’État mettent beaucoup de communes en grande difficulté et elles augmentent à leur tour les impôts locaux.
Je crois avoir bien géré toutes les institutions dont j’ai eu la responsabilité, et mon entreprise également, même si elle marche encore mieux aujourd’hui que quand je l’ai transmise ! Sans doute avions-nous posé des fondations solides ! Après 40 années de responsabilités publiques, je reste convaincu que c’est l’activité économique réelle qui compte, qui permet de boucler les budgets publics.
Après 40 années de responsabilités publiques, je reste convaincu que c’est l’activité économique réelle qui compte, qui permet de boucler les budgets publics.
Je propose pour la France un projet réalisable, parce qu’il part des réalités. Les autres candidats vous font des promesses incroyables dont ils n’ont pas le premier sou. Ou bien, ils vous disent qu’ils financeront leur projet en supprimant 500 000 fonctionnaires, mais comment vont faire les hôpitaux, les écoles, les forces de l’ordre ? La plupart des quelque 250 mesures de mon programme constituent des économies, des recettes ou des dépenses publiques ; beaucoup ont une incidence directe sur les impôts et les cotisations.
Je soulignerai ici trois chantiers. Les marges d’économies réelles sur les dépenses publiques sont immenses, sans parler des transferts entre niveau de gouvernement, ou des transferts sociaux. Les experts avec qui je travaille ont mis en avant des dizaines de milliards d’euros d’économies possibles sur les armements, sur l’achat des médicaments, que la Cour des Comptes ou l’OCDE ont déjà évoquées, dans un silence total ; quant aux banques, que l’État a sauvées en 2008, elles devraient à leur tour venir à son aide. Plus l’activité économique se financiarise et se dématérialise, plus elle évite l’impôt et les cotisations, et cela prive de financement notre Sécurité sociale et nos services publics. Ceux qui devraient apporter leur contribution, en particulier les grandes fortunes issues de la spéculation financière, ne participent certainement pas au niveau où ils devraient le faire.
De même, les plateformes numériques évitent facilement de contribuer aux dépenses communes, que ce soit Uber, Airbnb, ou simplement leboncoin, ou le commerce en ligne d’Apple ou d’Amazon.
Le coût de nos services publics, ou de nos retraites, pèse de plus en plus lourd sur le travail traditionnel, celui des salariés, des agriculteurs, des professions libérales. Ces charges sociales, forcément, réduisent les salaires et découragent les embauches. Elles ajoutent encore au chômage, et au déficit. Ceux qui aujourd’hui font fuir leurs capitaux dans de prétendus paradis, je veux leur rendre l’envie de s’investir chez nous. Je doute que le statut de milliardaire exilé, obligé de fuir son propre pays, puisse rendre un homme heureux.
J’ai défendu, comme député à l’Assemblée Nationale, des mesures de transparence et de remise en ordre des comptes présentés au fisc. Je les ai développées dans mon programme présidentiel.
Je veux que cette remise en ordre bénéficie à tous les contribuables ; j’affecterai donc un tiers des sommes récupérées sur l’évasion fiscale à baisser les taux d’imposition, en premier lieu pour les classes moyennes et les familles. Cela représente, selon les dstimations de mon équipe, de l’ordre de 13 milliards d’euros de baisses d’impôts.
Je propose aussi de moderniser les allègements de charge sur les salaires en instituant une franchise générale jusqu’à un certain montant de rémunération. Je veux permettre à des millions de Français de retrouver la joie de travailler. La France manque d’argent public, mais le pire gaspillage est celui de l’énergie des millions de citoyens sans emploi qui désespèrent de se sentir de nouveau utiles, de s’associer à d’autres dans le travail commun.
J’ai choisi de commencer par les mobiliser, et ils rendront à l’État sa capacité d’agir, sur tout le territoire, pour ceux qui ont besoin de son aide.
Les principales dépenses de mon programme seront donc :
- 12 milliards pour le recrutement exceptionnel de 200 000 agents,
principalement pour les services publics de santé, l’enseignement, les forces de
l’ordre et la Justice ; - 10 milliards pour le Service National, civil ou militaire, rétabli et étendu aux filles
comme aux garçons ; - 9,5 milliards pour l’extension de l’apprentissage et de l’alternance, proposée à
tous dès 16 ans ; - 3 milliards pour les « Campagnes de France, grande cause nationale ».
Ce sont quatre dispositions crédibles et de grande ampleur pour chasser la malédiction du chômage. Et quand les Français se sentiront enfin libres de s’investir dans leur travail sans peur, quand ils entreprendront, prendront des apprentis, les formeront, quand toutes les communes mettront en valeur leur territoire sans voir leur énergie se dissoudre dans l’immensité des intercommunalités et des régions, alors l’économie repartira, et nous retrouverons les marges de manœuvre pour réaménager nos budgets et nos systèmes de protection sociale.
Nos aînés du Conseil National de la Résistance, au coeur de la Seconde Guerre mondiale, annonçaient pour « les Jours Heureux » de la Libération « un plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se le procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’État ».
Ils étaient conduits par le désir de créer une justice qu’ils n’avaient pas connue.
Pendant la Reconstruction, puis les « Trente glorieuses », tout le monde, peu ou prou, avait un emploi et participait donc, par son travail et sur son salaire, au financement de ce dispositif unique au monde.
Les choses ont changé. Le chômage s’est installé, accompagné par de nouvelles formes de travail précaire. Nous avons gagné vingt ans d’espérance de vie, donc pour beaucoup d’entre nous, de retraite.
Ainsi les caisses sociales se trouvent chaque année en grave déficit. Année après année, leur dette s’accumule. On n’en voit pas la fin, malgré les réformes qui s’enchaînent, des retraites, de Pôle emploi, des allocations familiales…
Certaines personnes prétendent que la faillite actuelle de notre protection sociale serait la cause de nos difficultés économiques ou du chômage : c’est le contraire. C’est la fragmentation de notre société qui y creuse des déficits.
Nous devons prendre le temps d’examiner ensemble les conséquences profondes de la transformation du monde. Nous devons construire la protection sociale du nouveau siècle. Mettons-nous d’accord entre tendances sociales et politiques, comme le CNR avait su le faire : c’est seulement ainsi que cette nouvelle construction pourra être largement acceptée et durer, si possible plusieurs décennies. Nous devons en prendre le temps. C’est un enjeu d’unité nationale.
En nous mettant ensemble à l’ouvrage, nous saurons constituer ce nouveau contrat social, et arriver à de nouveaux « jours heureux ».
Comptant sur votre engagement, je vous dis ici mes sentiments chaleureux. »