La plupart des Français sont persuadés qu’une gestion privée est plus efficace qu’une gestion publique : les objectifs y sont plus clairs, les dirigeants et le personnel plus motivés pour la réussite de l’entreprise, les mérites mieux reconnus, les résultats meilleurs.
Bonnes feuilles du nouvel ouvrage d’Alain Mathieu « Républicains Osez ! ». Le président d’honneur de Contribuables Associés y interpelle les candidats de la droite et du centre, qui pour la plupart sont des politiciens chevronnés, sans expérience du privé. Pour arrêter de reprendre en chœur les slogans socialistes, ils devraient écouter la voix des Français qui ne vivent pas de l’argent des contribuables, estime Alain Mathieu.
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La plupart des Français sont persuadés qu’une gestion privée est plus efficace qu’une gestion publique : les objectifs y sont plus clairs, les dirigeants et le personnel plus motivés pour la réussite de l’entreprise, les mérites mieux reconnus, les résultats meilleurs.
Candidats à la primaire, vous êtes issus du secteur public et n’avaient aucune expérience personnelle du secteur privé. Vous avez du mal à reconnaitre cette supériorité. Vous mettez régulièrement en avant quelques succès du secteur public pour en conclure que l’Etat a vocation à intervenir dans l’économie.
Quand Nicolas Sarkozy essaie de relancer l’économie française après la crise de 2009, il crée une Banque publique d’investissement, 71 « pôles de compétitivité » et lance un Grand Emprunt pour financer les « investissements d’avenir ». Il confie la gestion de ce Grand Emprunt à deux anciens premiers ministres, Alain Juppé et Michel Rocard, supposés compétents pour le choix des investissements d’avenir.
Les deux éminences se sont fiées aux modes du moment : technologies numériques, nanotechnologies, biotechnologies, etc. Croire qu’un ancien Premier ministre saura détecter les succès français de demain, c’est ignorer le fonctionnement de l’économie. Ces succès sont dus à des pionniers qui inventent des produits ou services nouveaux auxquels personne ne croyait. Sans doute instruit par l’expérience du Grand Emprunt, Alain Juppé le dit maintenant (dans son livre « Cinq ans pour l’emploi ») : « Je ne crois pas à une planification centralisée des filières d’avenir ».
Quel ministre ancien fonctionnaire pouvait imaginer que des produits jetables très bon marché auraient un avenir dans notre pays ? Et pourtant BIC est un succès mondial. Qui aurait parié sur le succès des abribus quand Jean-Claude Decaux les a lancés ? Les cantines d’entreprise était un sujet mineur pour des fonctionnaires, et nous avons Sodexo, la première entreprise mondiale du secteur. Les hôtels bon marché, les cosmétiques, la publicité, les services informatiques ne pouvaient susciter l’intérêt des hommes politiques quand Accor, l’Oréal, Publicis, Cap-Gemini ont été créés.
Quand des grandes surfaces commerciales alimentaires se sont mises à vendre d’autres produits en discount, elles ont provoqué une révolution commerciale. Nos hypermarchés ont essaimé dans le monde entier. Nos hommes politiques, sensibles aux plaintes des petits commerçants qui subissaient cette concurrence, ont tout fait pour freiner leur développement. Les lois Royer puis Raffarin ont créé des « commissions d’urbanisme commercial » qui décidaient des permis de construire les hypermarchés.
Résultat : les hypermarchés déjà créés ont été protégés de nouveaux concurrents et ont pu accroitre leurs marges, ce qui a ouvert des opportunités à des petites surfaces performantes et bon marché venues d’Allemagne, le « hard-discount » : les Aldi et autres Lidl doivent une partie de leur succès en France à nos hommes politiques.
Une autre conséquence a été la corruption que ces Commissions d’urbanisme commercial ont engendrée. Elles ont notamment assuré le financement des campagnes électorales de François Mitterrand.
Le responsable d’un service public est toujours placé sous « contrainte budgétaire », ce qui est normal puisqu’une grande partie de ses ressources, voire la totalité, est constituée par des crédits budgétaires, nécessairement limités. Son premier devoir est donc de limiter ses dépenses au niveau du budget qui lui est alloué. Il n’est pas d’accroître ses ventes. L’hôpital doit d’abord réduire ses dépenses, la clinique privée doit d’abord trouver des clients. « Il faut accepter de prendre ce que l’hôpital privé sait mieux faire que le secteur public, comme la souplesse de gestion ou la réponse aux attentes des patients » (Philippe Blua, président du syndicat des manageurs de santé publique, Le Monde, 18 novembre 2011).
Une gestion publique ne peut pas être une bonne gestion
On le voit encore quand l’État joue au capitaliste en étant actionnaire de sociétés cotées en Bourse. En près de 10 ans, de juin 2006 à mars 2016, la valeur des participations cotées de l’État a diminué de 52 %, alors que l’indice des principales valeurs, le CAC 40, perdait moins de 5 % : 60 milliards d’euros perdus inutilement pour les contribuables. « L’exemple des dernières années est accablant » dit Alain Juppé.
Ces pertes sont dues à des sociétés où l’Etat exerce un pouvoir d’actionnaire important et choisit les dirigeants : EDF (- 77 %), Engie (ex Gaz de France : – 56 %), Areva (-86 %), Air France (- 58 %). Ces sociétés sont en fait sous la coupe de leurs syndicalistes, qui ont obtenu de gros avantages pour le personnel et bloquent toute réforme décidée par la direction.
En 2002, EDF publiait ses frais de personnel en France (ce qu’elle ne fait plus). On pouvait constater qu’à 25 % des ventes ils étaient le double ou le triple de ceux de ses concurrents (EON, Electrabel), et 3,4 fois plus importants que ceux de l’EDF espagnol, Endesa. Les ménages français pourraient voir baisser de 20 % leurs factures d’électricité si les conditions de travail et de rémunération du personnel d’EDF étaient à égalité avec ceux de ses concurrents. Comme l’a dit Emmanuel Macron : « Très longtemps le compromis social sur EDF a été fait aux dépens de tout le monde dans l’intérêt des seuls salariés. Je vous le dis en toute franchise, ce n’est plus durable ».
Le Crédit Lyonnais, Dexia et Natixis ont été des catastrophes
Pour comprendre la raison de cette supériorité de la gestion privée, il ne suffit pas de constater que les dirigeants des entreprises publiques, nommés par le pouvoir politique, sont plus enclins à satisfaire ce pouvoir qu’à améliorer leurs résultats, ni de déplorer qu’ils ont laissé trop de pouvoirs aux syndicats et trop de privilèges à leur personnel.
Les entreprises sous gestion publique sont généralement des monopoles soumis au pouvoir pour leurs tarifs. Elles en dépendent souvent pour les subventions qui comblent leurs déficits (SNCF, RATP, etc). Or les hommes politiques préfèrent faire payer le contribuable plutôt que le client. Cette préférence est regrettable.
Alain Mathieu, président d’honneur de Contribuables Associés
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