Normes : la France championne du hara-kiri réglementaire

Écrit par Alexis Constant
Paperasse-bureaucratie-normes-reglements © shutterstock

La France est en recul dans de nombreux domaines, mais en pointe quand il s’agit de créer des normes, quitte à étouffer ses entreprises.

Champion du monde : selon Les Échos, l'administration française détient ainsi le record des textes réglementant son action et celle des élus.

Une complexité alimentée par la création constante de nouvelles règles juridiques issues de lois, d’ordonnances ou de décrets réglementaires.

La France compte 78 codes. Leur pagination augmente chaque année.

Par exemple, le Code de la construction est passé de 2 300 articles à 3 800 en 20 ans.

En 2013, un rapport remis par Alain Lambert, actuel président du Conseil national d'évaluation des normes, en dénombrait 400 000 en pointant du doigt les plus absurdes.

Parmi ces lauréates, celles qui fixent la consommation d’œufs durs en fonction de l’âge des enfants ; celles qui imposent un contrôle de la qualité de l’air intérieur dans les centres aérés ; ou encore de respecter des normes antisismiques dans des régions qui n’ont jamais connu le moindre tremblement de terre.

Si les particuliers sont victimes de cet excès de bureaucratie, les entreprises et les communes sont aux premières loges de ce petit théâtre de l’absurde.

Le Medef a récemment appelé à la signature d’une charte entre le Parlement et le gouvernement pour tenter de stopper l’inflation des normes législatives applicables aux entreprises.

Le gouvernement s’était engagé à freiner cette ardeur normative et à faire le ménage entre les obligations utiles et tatillonnage superflu. Ce coup de balai n’a pas été donné.

« Les crises à répétition depuis 4 ans ne nous ont pas permis de s’attacher à défendre la simplification et à dénoncer la montée en puissance des normes européennes. Mais si l’on continue comme cela, on court tout droit à la catastrophe », a notamment déclaré le président du Medef dans les colonnes de L’Opinion.

Normes : un record pour l'année 2021

Et de rappeler que 2021 a été une année record pour l’inflation normative avec 67 lois, 91 ordonnances, 1 843 décrets et 83 570 pages publiés au Journal Officiel.

Entre 2017 et 2022, les entreprises françaises ont dû digérer chaque mois une moyenne de sept nouvelles obligations et 51 pages de réglementation.

Bruxelles ajoute encore à cette complexité. Depuis 2017, le Medef a recensé 502 obligations et 3 670 pages de réglementations sur les entreprises édictées par les instances de l'UE.

Mais si Bruxelles impose des directives aux États membres, elle leur laisse le soin de les introduire dans leur corpus juridique.

La particularité Française est de durcir ces normes en les transcrivant. Quitte à pousser certaines entreprises (PME, etc.) qui ne peuvent pas suivre à mettre la clé sous la porte.

Selon certains économistes, le trop-plein normatif amputerait le PIB tricolore de 3 à 4% tous les ans.

Les élus locaux sont également touchés de plein fouet. Ils dénoncent un « harcèlement textuel ».

Le Code général des collectivités territoriales a triplé d’épaisseur en 20 ans. L’atmosphère est si oppressante qu’en mars 2023, une délégation sénatoriale a tenu des « États généraux de la simplification » à l’issue de laquelle le gouvernement a signé une charte l’engageant à mieux évaluer les conséquences des textes adoptés.

Des mots ! Si tous les présidents de la République y sont allés de leur couplet, rien n’a vraiment changé.

En 2017, Emmanuel Macron affirmait sa volonté de « mettre un terme à la prolifération législative ».

Résultat de cette croisade : tous domaines confondus, la masse des normes a progressé de 15 % sous son premier quinquennat !

Publié le jeudi, 13 avril 2023

5 Commentaires

  • Lien vers le commentaire isaflo77 dimanche, 23 avril 2023 Posté par isaflo77

    J'ai travaillé pendant 30 ans dans le domaine juridique et j'ai enduré le déferlement de contraintes en tous genres imposées aux particuliers, et aux entreprises, à tel point que je suis écoeurée aujourd'hui, Mon métier qui était relativement intéressant est devenu principalement une suite de tracasseries administratives et bancaires à régler, pesantes pour les patrons, les employés et les clients, sources de stress et de perte de temps et d'argent pour tout le monde. Sans parler de la délégation par l'Etat de certaines tâches qui lui incombaient sur le dos des entreprises privées, le tout sans aucune compensation bien entendu. Résultat : des employés surchargés de tâches qui n'arrivent plus à faire face aux demandes des clients dans un délai raisonnable dans le temps de travail imparti.

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  • Lien vers le commentaire Bartoch samedi, 22 avril 2023 Posté par Bartoch

    Il faut simplement que "ceux qui sont payés à pondre ou durcir des normes européennes" justifient leur poste. Et ils tiennent beaucoup à rester à leur poste. Pour remédier à cette situation, il suffirait donc de changer la mission qui leur est confiée en "abroger/supprimer" les normes inutiles ou redondantes" ils garderaient ainsi leurs emplois et seraient payer à défaire ce qu'ils ont fait. Certes, cela voudrait dire qu'ils sont inutiles mais que voulez-vous, c'est ainsi que l'on crée des emplois chez nous.

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  • Lien vers le commentaire Vincent AUTRIC vendredi, 21 avril 2023 Posté par Vincent AUTRIC

    Cela fait probablement 10 ans que les gouvernements nous assurent de la " simplification administrative"...
    N'y a-t-il pas un dicton qui dit à peu près: "Plantez un fonctionnaire, il poussera des normes".
    Vincent

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  • Lien vers le commentaire BULY vendredi, 21 avril 2023 Posté par BULY

    j ai appris hier qu'une nouvelle taxe carbone va être mise en place par l'Europe, qui aura des conséquences terribles pour les français qui devront la payer. De plus elle est complètement inutile et pénalisera les entreprises européennes. Mais que font-ils c'est incroyable ?

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  • Lien vers le commentaire fabrice jeudi, 20 avril 2023 Posté par fabrice

    Ce serait à mourir de rire si ce n'était pas si sérieux. Ces normes et textes sont créateurs de ruine pour certaines petites entreprises; Ainsi pour participer à un appel d'offre dans le cadre des marchés publics, une entrepise doit s'inscrire sur un site et présenter son offre par internet, elle ne peut plus demander le dossier et le remettre en temps et en heure à l'administration. Certaines petutes entreprises qui ne maitrisent pas l'informatique suffismment, se retrouvent exclues des travaux en marchés publics. Cela serait fait pour mieux contrôler, ils feraient mieux de contrôler les élus qui détournent l'argent publics plutôt que d'emmerder les gens qu travaillent.

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