La chronique de Xavier Fontanet. "Le grand-père et le Président". Chapitre 5. Retour sur Frédéric Bastiat

Écrit par Xavier Fontanet - Membre de l'Institut des Solutions
Xavier Fontanet © D.R.

Xavier Fontanet est essayiste, ancien directeur général des Chantiers Bénéteau et ex-président d’Essilor. Il est membre de l'Institut des Solutions. Il est notamment l’auteur de "Si on faisait confiance aux entrepreneurs. L’entreprise française et la mondialisation" (Les Belles Lettres). Xavier Fontanet signe pour Contribuables Associés une série de chroniques exclusives intitulées "Le grand-père et le Président". Il y livre ses recettes de bon sens pour relever la France.

La scène se passe en 2027, une discussion entre un grand-père, Auguste, 90 ans et toute sa tête, et son petit-fils Antoine, qui en a 40. Auguste a vécu en province, il a fait toute sa carrière en entreprise, il dispose, de par son métier, d’une grande expérience internationale. Antoine, son petit-fils, lui, a vécu à Paris, a fait l’ENA et travaillé dans l’administration, puis dans les cabinets ministériels. Il est entré en politique et vient d'être élu président de la République. Il a l’habitude de demander conseil à Auguste, avec lequel il a un lien très fort. Dans ce 5e chapitre, nous les écoutons échanger autour de la pensée de l'économiste français Frédéric Bastiat (1801-1850).

(Lire le chapitre 1 "Politique générale")
(Lire le chapitre 2 "La Nouvelle-Zélande")
(Lire le chapitre 3 "Le modèle suisse")
(Lire le chapitre 4 "Le Canada") 
Antoine Grand-père, Frédéric Bastiat t’a manifestement fasciné, tu as évoqué son nom plusieurs fois. Est-ce qu’on peut en parler et peux-tu m’en dire un peu plus sur sa pensée, cela peut m’être utile dans mes réflexions.

Auguste   C'est très dommage qu’on ne parle pas plus de lui parce qu’il est inspirant. Il peut te donner des idées à une époque où le keynésianisme est en train de prendre un coup dans l’aile avec la montée des impôts qu’il a encouragée.

En plus Bastiat était député, donc homme politique, il a régulièrement pris la parole à l’Assemblée il a écrit plusieurs livres. Surtout, c’est quelqu’un qui avait de l’humour.

Antoine L’humour, c’est vrai qu’on perd l’humour en cette période.

Auguste Alors qu’il est la forme suprême de l’intelligence.

Antoine Mon secrétariat a demandé à la bibliothèque de l’INSP s’il y avait des textes de Bastiat, pour l’instant pas grand-chose.

Auguste C’est vraiment incroyable parce que c’est vraiment un génie français. Il a vécu de 1800 à 1850. Il est vrai que ses idées sur l’État ne sont pas celles que l'on entend dans la bouche des économistes en vogue aujourd’hui.

Si tu veux te renseigner sur lui va sur bastiat.org, le site est bien fait, tu auras une bonne idée de son œuvre.

Antoine S’il n’y avait qu’une chose à retenir ?

Auguste Ce serait la parabole « Ce qu’on voit, ce qu’on ne voit pas ».

Antoine ‍Dis-m'en plus.

Auguste C’est tout le sujet de l’action et de la réaction, un thème qu’on devrait enseigner à nos enfants : on ne peut pas juger une action avant d’avoir pris en compte les effets de la réaction qu’elle provoque.

Quand l’État prend un impôt pour investir dans un rond-point, c’est ce qu’on voit. On voit ce que fait l’argent, on voit le rond-point. Mais ce qu’on ne voit pas, c’est ce qu’auraient fait les contribuables de cet argent s’il ne leur avait pas été enlevé par l'impôt. Ils auraient pu, par exemple, acheter des machines-outils qui auraient permis des embauches et amélioré la balance commerciale.

Antoine Tu es marrant, comment finance-t-on l’État ? Bastiat était contre toute forme d’impôt ?

Auguste Pas du tout ! Bastiat ne disait pas qu’il ne fallait pas de ronds-points.
Il disait simplement que quand on prélève l'impôt, ce n’est pas neutre. Il faut savoir qu’une dépense privée a été empêchée et donc faire très attention à l’utilisation de l’argent.

Antoine Pour quelqu’un comme moi, qui a passé toute sa vie dans la sphère publique je reconnais que je n’ai pas le réflexe, c’est la première fois que j’entends l’argument. On m’a plutôt expliqué que les dépenses publiques faisaient croître l’économie, donnaient de l’emploi et encourageaient la consommation.

Auguste Ça, c’est du Keynes tout craché qui a été utilisé pour justifier les dépenses et donc les impôts. Je reviens à Bastiat. Quand tu vas dans certains États américains et que tu observes bien les travaux routiers, tu verras sur les panneaux « Your taxes at work ». Tu pourrais demander qu’on fasse de même en français avec « Vos impôts au travail ».

Antoine Belle idée, ce serait un message utile aux fonctionnaires et à tous ceux qui payent leurs impôts.

Auguste Je suis content, tu viens donc de comprendre le premier point.

Sache que Bastiat allait plus loin avec sa parabole du bras gauche et du bras droit. Il racontait l’histoire d’un médecin qui dit à son patient : « Je vous trouve un peu faible aujourd’hui, j’ai une solution, je vais vous mettre du sang dans le bras gauche, mais évidemment il faut que je le prenne quelque part donc je vais le prendre dans votre bras droit et comme il faut bien que je vive, j'en prendrai pour moi un peu au passage. »

Antoine Grand-père, ton Bastiat va quand même un peu loin, tu stigmatises les fonctionnaires en en faisant des parasites.

Auguste Tu m’as mal compris. Bastiat n’était pas idiot. Il savait très bien qu’une société a besoin d’une puissance publique pour vivre harmonieusement. Mais il voyait le rôle de l’État comme un garant de l’ordre à travers les Affaires étrangères, la Défense, la Justice et la Police guidées par des lois bien conçues.

Antoine La vraie responsabilité de l’État, c’est le domaine régalien pour Bastiat. Si je t’ai compris son rôle n’est pas de s’investir dans une politique industrielle qu’il aurait lui-même conçue mais de s’assurer que l’initiative peut naturellement se développer avec l’idée que la sphère privée saura se débrouiller.

Auguste Exactement.

Antoine Il était donc pour laisser la concurrence jouer sans entrave.
Grand-père que réponds-tu aux gens qui disent qu’on soumet la société a la loi du plus fort ?

Auguste La concurrence est mal vue car elle est mal présentée. Federer n’existait pas à l’époque. Demande à tes services de retrouver l’interview qu’il a accordé suite à une défaite à Wimbledon contre Djokovic. Tu verras, il rend hommage à ses concurrents les plus forts Nadal et Djokovic en expliquant que, sans eux, le tennis ne serait jamais monté à ce niveau de perfection et que cela fait du bien à tout le monde.

Antoine Je vais regarder.

Auguste La concurrence, cela cultive l’humilité, on est constamment remis en cause, c’est une générosité spontanée.

Antoine Là je t'arrête !

Auguste Eh oui ! La concurrence est le moyen le plus efficace pour baisser les prix, baisser les prix, c’est de la générosité. Je te taquine : quoi de plus social qu’un système qui assure que les gains de productivité sont rendus au client ?

Antoine Grand-père, il faut quand même à un moment que l’État aide.

Auguste Bien sûr, il faut une solidarité, c’est même une des « raisons d’être » d’une société, aider les gens abîmés par la vie ou dans une passe difficile. La solidarité est une des pierres angulaires de la société.

Mais il faut un consensus pour que chacun fasse le maximum pour utiliser l’État au minimum et maintenir son coût dans des limites raisonnables, faute de quoi on fragilise l’ensemble.

Rappelle-toi ce qu’on a dit sur l’Allemagne avec son idée de solidarité exigeante. Quand quelqu’un est aidé, il doit faire le maximum pour chercher à s’en sortir. Tu es bien d’accord, c’est sa dignité ! La bienveillance n’exclut pas l’exigence.

Antoine Pour Bastiat la concurrence dispense de faire une Sécurité sociale, il est dur ton Bastiat.

Auguste Détrompe-toi, il avait réfléchi au sujet et anticipé la création de la Sécurité sociale ! Il y avait une différence : ses sociétés de secours mutuel étaient fondées sur une logique assurancielle. Tu prends une assurance chômage ou une assurance santé comme une assurance auto.

Il n’a pas connu la mise en œuvre de cette approche du domaine social, il n’empêche que c’est celle que de nombreux pays ont adoptée, rappelle-toi la réforme de Roger Douglas.

Antoine Je prends le point.

Auguste Dans toute cette réflexion, n’oublions jamais que nous sommes en concurrence avec l’extérieur, on ne peut pas faire abstraction de ce qui se fait ailleurs.

Antoine Le sujet de fond est de savoir si c’est à l’État d’organiser la solidarité ou si c’est une affaire à traiter entre les patrons et les syndicats, ou encore si cette affaire peut être entièrement confiée au privé sans que l’État s’en mêle.

Auguste Si c’est l’État, pourquoi pas après tout. Mais il faut que ce soit bien organisé sinon les coûts vont exploser et ça nuira à l’attractivité.
Si, par exemple, une partie de la population cherche à profiter du système et si l’État, supporté par un gouvernement intéressé à attirer leur voix, se voile les yeux, ce sont les prix de revient des entreprises qui vont décrocher.

Antoine Tout le sujet du paritarisme. Est-ce la bonne formule et est-il bien géré ? Dieu que le sujet est vaste !

Auguste Eh oui ! Autre piste de réflexion, pas facile. Je ne suis pas sûr que ceux qui t’entourent soient capables de t’apporter les réponses.

Bastiat a passé son temps à critiquer les gens qui demandent des protections de l’État.

Sur le plan du commerce extérieur, il était contre les gens qui demandaient des droits de douane pour les protéger en expliquant qu’il y aurait des réactions et que cela freinerait des gens efficaces qui exportent.

Son exemple le plus fameux a été la pétition des fabricants de chandelle. C’est évidemment un papier humoristique,

Il se moquait des fabricants de chandelles qui demandaient à l’État de les protéger contre la concurrence du soleil.

Antoine Je commence à voir un peu mieux qui était Bastiat. Ses idées ne sont pas très loin de celles de Adam Smith, c’était un vrai libéral.

Mais comment répondait-il aux accusations consistant à dire qu’on ne peut pas fonder une société sur les intérêts privés, parce que c’est une forme d’égoïsme et que c’est contraire au concept même de société ?

Auguste Bien vu, c’est vrai, cela me permet de te parler d’une des idées les plus fortes de Bastiat : le concept d’harmonie.

Bastiat était convaincu que si l’État restait dans son rôle de contrôleur, la confrontation des initiatives et des intérêts privés pouvait tout à fait se faire de façon harmonieuse.

Pour lui, la saine concurrence régule les intérêts particuliers, je dis bien saine concurrence au sens de concurrence sportive contrôlée par un arbitre et des règlements bien conçus.

La concurrence assure la liberté de l’acheteur et force le producteur à exceller.

Antoine Tu évoques les règlements bien conçus, un exemple ?

Auguste Le contrôle de la concurrence.
Il est évident que si un concurrent monopolise un marché il faut que l’État intervienne pour limiter son emprise sur le consommateur ou si un acheteur devient trop puissant (le monopsone) il faut aussi intervenir.

Antoine L’autorité de la concurrence est donc une activité régalienne que Bastiat acceptait.

Auguste Évidemment.
Mais il faisait surtout confiance à la concurrence. Il rappelait que c’était elle qui permettait aux acheteurs d'avoir des alternatives et de n'être pas piégé par un fournisseur trop fort. C’est ce qui l’a amené à parler d’harmonie concurrentielle.

Antoine Le rapprochement entre concurrence et harmonie est audacieux mais je comprends bien sa pensée.

Auguste Pour toi dont l’expérience est celle de la fonction publique, sache que la peur de Bastiat était celle des monopoles d’État, de monopoles octroyés au titre de l’intérêt général. Pas évident de définir ce qu’est l’intérêt général ! Ce qui le choquait le plus, c’était le monopole de l’éducation.

Antoine C’est tout de même une bonne idée de former tous les jeunes enfants.

Auguste Évidemment mais cela doit-il se faire par une entreprise publique, la concurrence entre deux secteurs est peut-être bénéfique. Rappelle-toi ce que Jean-Pierre Chevènement, alors qu’il était ministre de l’Éducation nationale, m’avait dit : « J’ai besoin du privé pour gérer le public ».

C’est très dommage qu’on ne parle pas plus de Bastiat parce qu’il pose de vrais sujets et d’ailleurs à l’étranger il est beaucoup plus étudié qu’en France. Les Américains et les Britanniques ont une véritable vénération pour lui et font référence à lui à tout moment.

Antoine C’est peut-être parce que nous n’avons pas la même vision de l’homme que les Anglo-saxons. Peux-tu me dire quelle était sa vision de l’homme ?

Auguste Lis "Les harmonies économiques".
La pierre angulaire de sa pensée est la responsabilité, au sens où chaque personne doit assumer la responsabilité des actes qu’il pose.

Cela suppose un système fondé sur la liberté.
Cela suppose aussi qu’on ne le spolie pas s’il prend de bonnes décisions ; l’impôt au-delà d’une certaine limite devient démotivant.

Antoine Je suis obligé à ce point de te demander ce que tu penses de Thomas Piketty et de ses études.

Auguste Puisque tu poses la question... Piketty est un militant, cela jette une ombre sur ses écrits. Comme ce sont des ouvrages imposants par la taille, on se dit qu’il connaît son sujet, mais je note que les derniers ouvrages sont très critiqués par des économistes.

Antoine Si tu n’avais qu’une phrase ?

Auguste Ne fais pas comme certains journalistes, mais je me prête au jeu de ta question. Par le seul fait qu’il annonce la spoliation de ceux qui vont réussir il provoque l’exil et la démotivation de ceux qui peuvent monter des entreprises ; il détruit au départ la création de valeur dont il veut s’emparer. C’est quelqu’un qui n’a jamais créé ou géré d’entreprise, à mon avis il ne peut pas comprendre.

Par ailleurs je ne comprends pas pourquoi il ne mentionne pratiquement jamais l’actionnariat salarié, si le capital accumulé croit plus vite que l’économie, alors associons le personnel. Ça me dit la limite du personnage.

Revenons-en à Bastiat, on boxe dans une autre catégorie.
Le système fondé sur la concurrence a une idée puissante sur l’entrepreneur : s’il crée de la valeur et en garde une part décente, il ne se sent pas spolié et continue ; s’il perd sa mise, alors il apprend de cette mauvaise expérience et progresse car il ne refera plus la même erreur. C’est ce que disait Nelson Mandela. Entre nous je préfère Mandela à Piketty.

Antoine Bastiat défend donc le droit de propriété.

Auguste Pour Bastiat, priver l’homme du produit de son travail est une atteinte directe à son humanité.
La prise de responsabilité, qui est à la base de la production de richesses, est ce qui fait progresser. Le danger d’un État qui prend toutes les décisions c’est de priver les individus d’occasions de prendre des décisions et donc de progresser. Les sociétés qui ont des État trop forts ont des citoyens dont les personnalités sont en quelque sorte atrophiées. En France, la sphère publique occupe 58% du PIB, la majorité des décisions est prise par l’État.

Antoine D’accord mais on retrouve cela dans les entreprises quand les patrons sont trop autoritaires.

Auguste Tout à fait, il y a une jolie image : sous les grands chênes ne poussent que des arbrisseaux. Les bonnes entreprises sont celles où la décentralisation fonctionne bien.

Pour Bastiat, l’énergie vient du dynamisme spontané de la base, pas d’impulsions données par le haut.

Antoine Bastiat, c’est une vision de la personne humaine, ce n’est pas que de l’économie.

Auguste Adam Smith était philosophe et économiste. Derrière ses idées en matière d’économie, il y a une vision de l’homme et, pour lui, toucher à sa liberté, c’est toucher à sa nature. Tu vas voir ça va très loin, l’économie ce n’est à la base pas une affaire d’argent, c’est une conception de la personne sous toutes ses dimensions.

Antoine Ça m’intéresse, que dit-il du don et de la générosité ?

Auguste Tu lis dans mes pensées. Il a beaucoup réfléchi à la générosité : pour lui, elle doit être spontanée. Si celle-ci est forcée, ce n’en n’est plus. « Il n’y a pas dans le cœur de l’homme que ce que le législateur y a mis ». Bastiat visait Rousseau et Robespierre, ainsi que tous les gens qui font la morale.

Antoine Tu es contre la morale !

Auguste Apprends à distinguer morale et moralisateur. Ceux qui font la morale ne sont pas des gens moraux, ce sont des moralisateurs, pas du tout la même chose ! Aujourd’hui c’est le camp du bien, ce sont des moralisateurs pas des gens moraux.

Antoine Je lis dans tes pensées : une société gérée par des moralisateurs court à sa perte. Tout en haut, des moralisateurs qui disent ce qu’il faut faire ; au-dessous, d’un côté, des gens qui tirent sur la corde et cherchent les moyens de vivre au crochet de l’État, et de l’autre, des gens qui s’arrêtent d’entreprendre et à la limite deviennent égoïstes à force d’avoir été spoliés.

Auguste Je peux te dire Antoine que cette société sera incapable de générer ou d’abriter de belles entreprises et tu pourras dire adieu à la prospérité. Si tu spolies les entrepreneurs, il n’y aura plus de locomotive pour tirer les wagons…

Antoine Tout se tient.

Auguste Bastiat a réfléchi à la jalousie, qui est un défaut français. Quand quelqu’un a une belle voiture, le Français va dire : « Qu’est-ce qu’il a fait de tordu pour pouvoir se la payer ? ». L’Américain dira : « S’il a réussi, pas de raison que je n’y arrive pas moi aussi ».

L’envie est un des handicaps français contre lequel il faut lutter, le jour où on arrivera à extirper ce sentiment du cœur des Français, les choses iront mieux et notre compétitivité s’améliorera.

Pour Bastiat la jalousie est un sentiment pervers et stupide.Semer des embûches, comme des impôts excessifs, sur le chemin que prennent ceux qui excellent, c’est se nuire à soi-même parce qu’on fragilise l’économie.

Tocqueville parlait déjà, à son époque, du malaise démocratique et de l’envie qu’une mauvaise interprétation de l’égalité exacerbait. Tocqueville craignait que l’État utilise le prétexte de l’égalité pour renforcer son emprise sur la société et détruise par là même les initiatives.

Antoine Tu ouvres la discussion sur notre devise « Liberté, Égalité, Fraternité ».

L'ancien ministre de De Gaulle, Alain Peyrefitte, grand connaisseur de notre société, expliquait que pour certains Français, être égaux en droit voulait dire être pareils en fait.

Où as-tu trouvé dans tes voyages le meilleur équilibre en la matière ?

Auguste Ceux qui ont trouvé le meilleur équilibre, ce sont les Singapouriens. Pour eux, les riches font avancer les plus pauvres qu’eux en tirant l’économie. Ils ont le concept d’escalier. La nature nous a fait différents, nous ne sommes pas au même niveau, ce qui compte avant tout, c’est de pouvoir monter. Il faut que tu étudies de près cette société. Il y a beaucoup de leçons utiles à en tirer.

Antoine Je comprends pourquoi Bastiat voulait que l’État reste à sa place d’arbitre qui laisse les joueurs jouer. La fonction de la loi doit être de contrôler la propension de certains à profiter plutôt que de travailler et de protéger la propriété de ceux qui construisent.

Auguste À mon avis la réflexion à avoir porte sur la notion de richesse. Le riche, on le déteste et on le jalouse ; s’il a gagné de l’argent, c’est qu’iI a triché et s’il en perd, c’est qu’il est nul !

Mais que dis-tu de l’entrepreneur qui a tout son argent dans des machines-outils, cet argent qui donne du travail à ses compatriotes, cet argent bloqué et mis à risque ? Cet homme est-il riche, faut-il le détester ? N’est-il pas tout simplement un bienfaiteur ?

Antoine Que peut-on faire ?

Auguste Fais travailler l’Académie française, demande-lui de travailler le dictionnaire ; des mots comme justice sociale ou justice fiscale ne devraient pas y figurer.

Antoine Justice sociale ? Tu charries !

Auguste Comment définis-tu le mot justice dans l’expression « Justice sociale » ?
La justice est-elle l’outil permettant d’atteindre l’égalité, quitte à remettre en cause le droit de propriété ?

Je te le dis, demande à l’Académie française de redéfinir un certain nombre de mots comme "rente, justice, retraite". Suggère-lui de trouver un joli substantif pour qualifier l’épargne que l’entrepreneur a mis à risque, qui sert à toute la société en donnant du travail à nos compatriotes.

Antoine Aïe, cela commence à devenir vraiment intéressant il faut qu’on mette la pensée de Bastiat dans les cours d’économie et il faut que l’on se quitte. Je dois voir un syndicaliste.

Auguste Pas de problème.
Es-tu sûr que c’est une bonne idée ? N’es-tu pas en train de tomber dans le piège du paritarisme ? Me feras-tu un retour complet de ta réunion aux responsables du patronat ?

 

Fin du chapitre. La suite, au prochain épisode...

Publié le mardi, 25 juin 2024

Laissez un commentaire

Assurez-vous d'entrer toutes les informations requises, indiquées par un astérisque (*). Le code HTML n'est pas autorisé.

Votre adresse email ne sera pas affichée sur notre site Internet.