Journée Défense et Citoyenneté : 105 millions d’euros pour pas grand-chose

Écrit par Henri Dumaine

Le principal intérêt de ce coûteux dispositif est de jauger l’illettrisme des jeunes Français et les données ne sont pas fameuses.

Alors qu’Emmanuel Macron vient d’annoncer « une refonte du Service national universel (SNU) pour qu’il corresponde aux besoins de la nation », la Cour des comptes fait un point sur la porte d’entrée du monde militaire: la Journée Défense et Citoyenneté (JDC)

Instaurée en 2011 cette journée concerne 800 000 jeunes Français par an et coûte cher aux contribuables : environ 105 millions d’euros selon les estimations de la Cour des comptes dans son rapport annuel 2025.

L’animation des sessions de la Journée Défense et Citoyenneté est confiée à des militaires d’active et pour 22 % à des réservistes. Cette proportion de réservistes devrait augmenter afin de soulager les contributeurs militaires, indique la Cour.

Si personne ne met en doute les objectifs de cette journée pédagogique – sensibiliser à la défense nationale, rappeler les devoirs civiques – le scepticisme prévaut quant à son efficacité.

La Cour déplore un « modèle à bout de souffle », concurrencé par le Service National Universel (SNU) et critiqué pour son contenu jugé « désincarné » par 60 % des jeunes interrogés en 2022. Son coût budgétaire est élevé : de l’ordre de 135 à 140 euros par participant.

Le principal intérêt de la JDC est d’être le seul outil national de détection massive de l’illettrisme chez les 16-25 ans.

Et les résultats ne sont pas rassurants : en 2023, sur 795 000 participants, 11,8 % éprouvaient des difficultés à déchiffrer un texte simple. Parmi eux, 5 % (soit près de 40 000 jeunes) étaient en situation d’illettrisme pur, c’est-dire incapables de comprendre une notice médicale ou un contrat de travail.

« Ces chiffres, stables depuis dix ans, révèlent une fracture sociale que l’école ne parvient pas à résorber », soulignait déjà un rapport de la Cour publié en 2024.

En 2023, 22 départements ont utilisé ces données pour financer des ateliers de remise à niveau, mais malgré 27 ans de tests, « l’État n’a pas tiré les conséquences systémiques de ces données », souligne la Cour.

Cet illettrisme est aussi dû à l’arrivée croissante de jeunes d’origine étrangère maîtrisant mal la langue de Molière et pas forcément désireux d’en découvrir les subtilités, complètent certains sociologues.

Publié le lundi, 24 mars 2025

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