Gaspillage d'argent public. Avec le TER qui relie les communes d’Oloron-Sainte-Marie et Bedous (Pyrénées-Atlantiques), l’argent du contribuable file à toute vitesse.
Faisant fi de l’avis défavorable de la commission d’enquête, la Région Nouvelle-Aquitaine a dépensé pas moins de 102 millions d’euros pour remettre en circulation, en 2016, la ligne ferroviaire de 25 kilomètres entre les deux communes, abandonnée depuis plus de 40 ans.
Cette ligne TER est exploitée par SNCF Mobilités dans le cadre d'une convention passée avec la Région. Ce tronçon a été inauguré en grande pompe en juin 2016 par le président socialiste de la Région, Alain Rousset, alors même que l’enquête n‘a pas reconnu ce projet d’utilité publique.
Le coût exorbitant des travaux pour une ligne qui s’annonçait non viable économiquement, et qui avait été fermée faute de fréquentation, n’a pas fait reculer les élus.
Ligne Oloron-Bedous : le billet devrait être vendu 307 euros
Aujourd’hui, l’échec commercial et le gaspillage d'argent public sont bien réels. Un billet pour ce trajet coûte 5,50 euros mais pour être rentable il devrait être vendu 307 euros… (Source Cour des comptes).
L’association "Contre la réouverture d’Oloron-Canfranc" (CROC) s’est mobilisée contre le projet. CROC conteste le chiffrage optimiste de 360 voyageurs/jour avancé par la Région. Georges Manaut, le co-président de l’association, assure avoir vu des rames totalement vides en hiver et au mieux une quarantaine de passagers par jour en juillet et les jours de marché.
Ligne Oloron-Bedous : les chiffres de la SNCF sont accablants
Les chiffres de la SNCF sont accablants pour la région Nouvelle-Aquitaine : la fréquentation en gare d'Oloron-Sainte-Marie est passé de 93 277 voyageurs en 2017 à 76 510 voyageurs en 2018, soit 18% de baisse. En gare de Bedous, la fréquentation est passé de 18 010 voyageurs en 2017 à 12 640 en 2018, soit 30 % de baisse. (Source : SNCF Open Data "Fréquetation en gares").
Et les frais ne vont pas s’arrêter là… La Région entend prolonger la ligne jusqu’à Canfranc, en Espagne, et ce malgré un nouvel avis défavorable du Conseil d’orientation des infrastructures, dans un rapport remis en 2018 à Élisabeth Borne, le ministre des Transports. "
158 millions d'euros pour un prolongement de la ligne
Le prolongement de Bedous à Canfranc coûterait entre 126 et 158 millions supplémentaires, pouvant remettre en cause le financement de la régénération des lignes TER existantes pour l’ensemble de la Région " estime la Cour des comptes, dans son rapport du 23 ocotbre sur les TER (transports express régionaux).
Georges Manaut, co-président de CROC, réagit pour Touscontribuables.org au rapport de la Cour des comptes :
" Dans son rapport d'octobre 2019, la Cour des comptes épingle la région Nouvelle-Aquitaine pour avoir conçu de transporter en train les rares passagers qui étaient véhiculés en bus.
La Cour des comptes s’interroge sur le niveau d’intérêt et de priorité de prolonger la ligne jusqu’à Canfranc en consacrant une attention particulière au spectaculaire bilan du tronçon de la ligne d’Oloron à Bedous (Pyrénées-Atlantiques). La section entre Oloron et -Bedous (24,7 kms, 30 minutes) a été rouverte le 26 juin 2016, avec 4 allers et retour par jour, en train diesel.
Les chiffres de fréquentation produits par les magistrats de la Cour des comptes confirment les statistiques de notre association.
En page 67 du rapport, les magistrats ont noté que « la fréquentation de la section entre Oloron et Bedous est extrêmement faible, avec environ 40 voyageurs par jour en juillet, qui est le mois le plus fréquenté, donc au maximum 15 000 voyages par an. Or, le coût total (infrastructure et fonctionnement) peut être estimé à 4,6 millions d'euros par an, soit 307 euros par voyage. Le prix du billet (5,5 euros) ne couvre donc qu'à peine 2 % du coût total.»
Les travaux ont coûté 100 millions (décompte définitif en attente), entièrement financés par la Région. En considérant qu’ils sont amortis sur 30 ans, cela revient à environ 3,3 millions par an. Le coût de fonctionnement s’élève à 1,3 million par an»
En page 59, la Cour rétablit aussi quelques vérités sur les vertus écologiques de ce projet vendu comme emblématique des orientations de développement durable. « Un train TER diesel transportant 10 passagers (…) émet 539 grammes de CO² par voyageur-kilomètre, soit une pollution près de cinq fois plus élevée qu'une voiture occupée par 1,9 voyageurs. Le train ne présente donc un intérêt écologique que s'il transporte suffisamment de voyageurs sur un réseau électrifié ».
L'Association Contre la Réouverture d'Oloron Canfranc (CROC) apprécie la communication de la Cour des comptes rendant publics des chiffres sur la faiblesse de fréquentation de ce train, ainsi que sur le déficit colossal de son exploitation, données dont l'exécutif de la Région avait toujours refusé de révéler à quiconque depuis plus de 3 ans de la mise en service de ce tronçon ferré."
La SNCF qui est un exemple en matière de gaspillage d'argent public n'a donc pas besoin de l'aide d'un pdt de région en mal de reconnaissance pour favoriser ce genre d'âneries . La cour des comptes ne sert donc à rien si tout se fait malgré les alertes
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