Contribuables associés n’est pas, autant que les Verts, sensible au risque d’extinction du « fluteau nageant » menacé par ces travaux et le « saccage du bocage » ne nous paraitrait pas un argument décisif si le nouvel aéroport était utile. Mais notre association soutient les Verts car il s’agit comme ils le disent d’un gigantesque gaspillage d’argent public.
Quels sont donc les principaux arguments des partisans de cet aéroport ?
– La « force du droit » doit être respectée, tous les recours ayant échoué.
– L’aéroport actuel de Nantes-Atlantique sera bientôt saturé, car il est installé sur des terrains trop petits, n’a qu’une piste au lieu de deux, et ne peut être agrandi.
– Le nouvel aéroport pourra accueillir des A380, ce que ne permet pas l’aéroport actuel.
– Des milliers d’emplois seront créés pour sa construction.
Or tous ces arguments sont faux.
– Tous les recours n’ont pas échoué puisqu’un recours devant la Cour de justice des communautés européennes est pendant. D’ailleurs les arrêtés d’autorisation du début des travaux n’ont pas encore été pris et feront sans doute l’objet de recours. La déclaration d’utilité publique a été prise alors que les 2/3 des avis recueillis pendant l’enquête publique étaient négatifs.
– Avec 3 millions de passagers par an et une prévision de 4 millions dans plus de 5 ans, l’aéroport actuel (Nantes-Atlantique) n’est pas saturé et pas près de l’être. Des aéroports de plus petite surface, comme Genève, San Diego, Gatwick, Stansted enregistrent de 4 à 10 fois plus de passagers. Ces aéroports n’ont qu’une piste. D’ailleurs Nantes-Atlantique a vu son trafic triplé lors de l’éruption d’un volcan islandais. L’aérogare pourrait être agrandie si nécessaire.
– Un A 380 a déjà atterri à Nantes-Atlantique. La plus longue piste prévue au nouvel aéroport est de 2.900 mètres, même longueur que celle de Nantes-Atlantique. D’ailleurs le trafic ne justifiera pas avant longtemps l’arrivée de l’A 380.
– La construction occupera certainement des salariés des entreprises constructrices, mais l’argent ainsi dépensé servirait à autre chose, donc à la création d’autres emplois, si le nouvel aéroport n’était pas construit.
Les promoteurs de cet aéroport mettent en avant le problème du bruit. Il est exact que 5.117 personnes sont actuellement dans une zone de bruit « fort et modéré » alors qu’il n’y en aurait que 142 à Notre-Dame-des-Landes. Mais une partie des 5.117 sont plus affectés par le bruit du périphérique nantais que par celui des avions. Du reste le bruit des avions ne cesse de diminuer : de 50 % depuis 10 ans pour les nouveaux avions. Et, d’après les pilotes, les contrôleurs aériens les obligent dans de nombreux cas à survoler inutilement la ville de Nantes. Ou plutôt utilement pour pousser la population à préférer le transfert. A Toulouse la population affectée par le bruit de l’aéroport est 12 fois plus importante qu’à Nantes. Le problème du bruit est donc un faux problème.
A Toulouse la population affectée par le bruit de l’aéroport est 12 fois plus importante qu’à Nantes. Le problème du bruit est donc un faux problème.
Le nouvel aéroport coûtera au moins 500 millions d’euros, sans compter les dessertes routières et ferroviaires (un tram-train) qui sont annoncées mais ni décidées ni financées. Le Canard enchaîné a chiffré le coût total à 4 Milliards. Le nouvel aéroport sera à 20 km du périphérique nantais alors que l’actuel est à 2 km et qu’il suffirait d’une prolongation de 2 km pour que le tramway existant arrive à l’aéroport. Les 1.750 employés de l’aéroport actuel devront pour la plupart soit déménager soit allonger sensiblement leur trajet pour aller au travail. La plupart des passagers devront également allonger leur trajet pour se rendre à l’aéroport.
Le Grenelle de l’environnement refusait tout nouvel aéroport. Le gouvernement a prétendu qu’il s’agissait d’un transfert, alors que Nantes-Atlantique subsistera, notamment pour permettre le transport des parties d’Airbus fabriquées dans l’usine d’EADS qui jouxte l’aéroport. Il est même probable que l’aviation d’affaires y restera aussi. Mais la surface nécessaire à l’aéroport maintenu serait réduite. Les 3 autres aéroports de la région seront également maintenus, y compris celui de Rennes, ville située à 80 Km de Notre-Dame-des-Anges.
Comment s’explique donc l’acharnement de Jean-Marc Ayrault à maintenir l’Ayraultport ?
La raison est simple : la ville pourrait récupérer une partie de la surface actuelle de Nantes-Atlantique, sans doute environ 240 ha, pour y construire des logements. De la pure spéculation immobilière publique !
Arnaud Montebourg déclarait lors des primaires socialistes : « Il faut tout reprendre depuis le début ». Ségolène Royal s’opposait également au nouvel aéroport. Ronan Dantec a été, pendant dix ans, adjoint à l’environnement de Jean-Marc Ayrault. Il répond ainsi à la question : Que reprochez-vous au projet de Notre-Dame-des-Landes ?
« Le problème principal, c’est que le débat démocratique n’est pas respecté. C’est très important pour comprendre l’ampleur de l’opposition. Depuis le début, les motivations réelles qui sous-tendent la création de cet aéroport ne sont pas mises sur la table (…).Le problème, c’est qu’au lieu d’expliquer l’enjeu d’urbanisme, le projet a été vendu avec pour argument la saturation de l’aéroport existant. Or l’enquête publique a démenti cette hypothèse. Mettre en avant de mauvaises raisons a conduit à convaincre dès l’origine les opposants que ce projet n’avait pas de justification (…). Les porteurs du projet ont toujours refusé d’expertiser les contre-propositions des associations. J’ai le sentiment d’une machine qui, une fois mise en route, ne s’arrête plus parce que personne ne veut revenir en arrière. (…). Lors de l’enquête coût-bénéfice sur le projet, l’Etat a manipulé les chiffres ».
Les Verts ont donc raison. Souhaitons que leur énergie revendicatrice s’applique aussi aux autres grands projets inutiles que veut poursuivre le gouvernement : la LGV Lyon-Turin, la LGV du pays basque, le canal Seine-Nord, les grands stades de football, etc.
Alain Mathieu, Président de Contribuables Associés
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