Anne Hidalgo a fini par le reconnaître : le chantier du forum des Halles de Paris dépassera le milliard d'euros. Le coût a été constamment revu à la hausse depuis son lancement par Bertrand Delanoë en 2004, et le montant pourrait encore augmenter d'ici la fin prévue des travaux, en 2018. Tout cet argent est-il utilement dépensé ?
Anne Hidalgo a fini par le reconnaître : le chantier du forum des Halles de Paris dépassera le milliard d’euros. Le coût a été constamment revu à la hausse depuis son lancement par Bertrand Delanoë en 2004 : d’abord estimé à 250 millions d’euros en 2006, puis à 650 en 2008, à 760 en 2009, avant d’être voté à 802 millions d’euros en 2010, il est désormais évalué à 1,064 milliard d’euros… et le montant pourrait encore augmenter d’ici la fin prévue des travaux, en 2018.
Le quotidien Le Parisien donnait dans son édition de lundi un détail des coûts et de leur augmentation : 238 millions d’euros, soit + 35 % de hausse, pour la Canopée (le nouveau toit du Forum que Bertrand Delanoë décrivait comme une « immense feuille translucide », alors qu’il s’agit d’une plaque de tôle ondulée…), 105 millions d’euros pour la voirie souterraine, soit + 69 % d’augmentation, 37 millions d’euros pour les jardins, soit +48 %…
La constante révision à la hausse des coûts de ce chantier est révélatrice du problème que pose le manque, voire l’absence de démocratie au niveau local.
En effet, rien ne contraint un maire à changer de politique s’il a annoncé des coûts inférieurs à ceux que ses administrés devront débourser. Sa seule responsabilisation vient une fois tous les six ans, lors des élections municipales. Mais il s’agit d’un choix entre plusieurs équipes, pas d’un choix sur des politiques précises. Les électeurs peuvent refuser de sanctionner un maire s’ils estiment que les équipes concurrentes ne pourront pas faire mieux.
Fidèle à son engagement depuis plusieurs années en faveur de la démocratie directe, Contribuables Associés a proposé dans son numéro 3 des Enquêtes du contribuable de février-mars 2014 que toute dépense locale importante puisse faire l’objet d’un référendum si 2% du corps électoral le demandent par pétition.
Concrètement, une telle mesure aurait deux mérites :
- D’abord, elle forcerait les municipalités à faire des estimations précises des coûts des chantiers ; puisque le référendum validerait un certain montant, seul un nouveau référendum pourrait valider un montant supérieur. Les maires auraient donc intérêt à obtenir l’assentiment de leurs administrés dès le premier référendum, afin d’éviter d’être désavoués par la suite.
- Elle permettrait plus largement de limiter les projets somptuaires, comme la Philharmonie de Paris, l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes à Nantes, le musée des Confluences à Lyon ou encore le MuCem de Marseille ; se voyant présenter la facture avant d’utiliser les nouvelles structures, les citoyens pourraient juger sur la base d’informations précises. Dans les deux cas de la Philharmonie de Paris et de Notre-Dame-des-Landes, les coûts respectifs (386 et 460 millions d’euros) sont clairement excessifs par rapport aux bienfaits attendus : il existe déjà des salles de concert à Paris qui peinent à être remplies, et Nantes dispose déjà d’un aéroport fonctionnel.
Le chantier du forum des Halles de Paris montre la nécessité d’un changement d’approche quant aux politiques publiques : non pas donner carte blanche aux maires pour réaliser des projets sans contrôle démocratique, mais associer les citoyens à la prise de décisions pour que l’argent dépensé réponde à un réel besoin.