[Mise à jour du 28 mars 2017] : le parquet de Saint-Pierre vient d’ouvrir une enquête préliminaire à ce sujet.
Derrière l’affaire Chéron, le scandale Patrick Lebreton ?
Le député socialiste Patrick Lebreton a deux collaborateur parlementaires : Etienne Chéron qui avait organisé un véritable business des subventions de la réserve parlementaire, et Fabrice Lebon.
Ce dernier était candidat aux élections municipales 2014, et a obtenu 30% des voix.
« Après avoir fait cavalier seul, nous avons dû rejoindre l’équipe du député de Saint-Joseph aux élections départementales. Nous les avons aidés. Il m’avait alors promis des moyens et après j’ai été nommé collaborateur parlementaire », raconte Fabrice Lebon au Journal de l’île de la Réunion, ce 24 mars 2017.
En échange d’un soutien aux élections départementales, Patrick Lebreton et Fabrice Lebon ont passé un accord : un poste de collaborateur parlementaire payé 2 900 euros net par mois contre un soutien électoral.
« Quand j’ai été pris, j’ai dit d’accord à condition de toucher le même salaire qu’en tant qu’agent d’entretien au conseil général [2 900 euros net, NDLR] poste pour lequel je suis en détachement actuellement. Patrick Lebreton m’a dit : « Il n’y a pas de soucis tu toucheras le même salaire ».
Payé pour rester à la maison
Au 31 mai prochain, date de la fin de son contrat, et selon ses dires, Fabrice Lebon aura été rémunéré un an et neuf mois comme attaché parlementaire pour rester chez lui…
« On m’a pris et on m’a mis à ce poste au placard. On m’a utilisé… On m’appelait uniquement quand il s’agissait de réunions politiques ou quand il fallait faire un meeting. Quand je me suis rendu compte de ça, je me suis dit : j’arrête d’aller à leurs réunions. »
Par ailleurs, sur le site de l’Assemblée nationale, il est indiqué que le député Patrick Lebreton a versé 30 000 euros de sa réserve parlementaire en 2016 à l’association Rouv Nout Kèr dont le président est Fabrice Lebon… Somme que l’association n’aurait jamais reçue !
Selon le Journal de l’île de la Réunion, peu après la démission d’Etienne Chéron suite aux révélations de Contribuables Associés, deux proches collaborateurs au cabinet du maire ont convoqué Fabrice Lebon en mairie.
Ils auraient tenté de lui faire dire que l’attaché parlementaire parisien était « son supérieur hiérarchique ».
Fabrice Lebon réplique : « Je ne le connais pas. Je l’ai rencontré une seule fois à la mairie. Il m’avait remis les petits chèques cadeaux d’un montant de 100 euros pour les enfants à Noël 2015. »
Fabrice Lebon croit avoir vu clair dans leurs jeux. « Ce qui ne m’a pas plu c’est qu’ils cherchent à me faire dire que c’est lui qui a fauté, qui ne m’a pas donné de travail alors que je n’ai jamais eu de relation avec lui. Mon employeur c’est normalement le député maire de Saint-Joseph, ce n’est pas Étienne Chéron. »
Selon lui, ils ont insisté : « C’est comme en mairie, il y a une hiérarchie, il y a le DGS… Étienne était ton supérieur, c’était lui qui était censé te donner du travail. C’était pas Patrick. J’ai dit non ! Mon supérieur c’est Patrick Lebreton. »
Ce jour-là, Fabrice Lebon a appris aussi qu’il devrait « prendre des dossiers » et qu’un bureau venait d’ailleurs de lui être installé en mairie.
Récemment, ce député supporter de Benoît Hamon a été épinglé pour son refus de payer sa cotisation au groupe socialiste. Il s’enorgueillissait de ce « choix politique » afin de « rémunérer davantage ses assistants parlementaires »… L’un était directeur d’une société de lobbying, l’autre affirme occuper un poste fictif.
Patrick Lebreton contre-attaque
Dans un communiqué, Patrick Lebreton dénonce des « accusations calomnieuses » :
« Fabrice Lebon, qui n’est pas de ma famille, a été recruté pour un emploi réel de collaborateur parlementaire, sur le territoire de ma circonscription. Un travail notamment de terrain a bien été effectué par lui » affirme le député-maire de Saint-Joseph.
Il ajoute : « Pas un euro de ma réserve parlementaire n’a été versé à l’association citée dans l’article ! La gestion de ma réserve parlementaire, je le rappelle, est transparente et contrôlée ».
Patrick Lebreton annonce également avoir demandé à ses avocats « d’envisager les suites à donner aux accusations calomnieuses de Fabrice Lebon » .
Malgré plusieurs sollicitations, le député Patrick Lebreton n’a pas donné suite aux demandes d’interviews de Contribuables Associés.