Le principe de redistribution qui gouverne toute l’économie publique en France est fondé sur un principe que l’on peut résumer ainsi : que tous les revenus soient égaux. Effacer autant que faire se peut les différences de revenus entre les français est le but de notre modèle social.
Les chiffres qui vont suivre sont issus d’un rapport publié en 2011 sur le site de l’Insee sous le titre « La redistribution : état des lieux en 2010 et évolution depuis vingt ans » qui fait partie d’un ensemble intitulé « France : portail social, édition 2011 – Vue d’ensemble, salaires et niveau de vie ». Les données sont très claires sur la réalité de ce système « égalitaire ». Il est d’ailleurs étonnant que ces informations ne soient pas plus largement diffusées pour faire comprendre aux français dans quelle mécanique économique ils trouvent.
Pour être précis, car le sujet est important, les chiffres suivants concernent les prélèvements obligatoires sur les revenus des français et les prestations sociales qui en découlent. Ils sont indiqués dans le tableau intitulé « Montants moyens des prélèvements et prestations par unité de consommation en 2010 ». Ce tableau indique avec précision 3 choses : le revenu avant redistribution, l’argent que l’Etat prélève sur ce revenu, et le montant des prestations qui sont données en retour ou non de ces prélèvements.
Encore un tout petit peu de décryptage technique pour expliquer ces chiffres : la population est divisée en catégorie D et Q. Pour être clair, Q1 représente 20 % des personnes les plus modestes et Q5, 20 % des personnes les plus aisées, chaque Q représentant une tranche de 20% des revenus. Quant à D1, il représente 10 % des personnes les plus modestes qui sont en Q1 et D10, 10 % des personnes les plus aisées qui sont en Q5. Regardons ce qu’il en est.
D1 : une personne qui gagne 4.332 euros par an, soit 361 euros par mois, est prélevée 217 euros mais reçoit 5.959 euros de prestations sociales en retour. Cette personne touche donc un revenu réel par an de 10.074 euros, soit 839 euros par mois, ce qui fait une augmentation de 132,5% du revenu annuel grâce au travail des autres français.
Q1 : une personne gagnant 7.400 euros par an, soit 616 euros par mois, est prélevée de 440 euros et reçoit 4.332 euros de prestations sociales. Son revenu réel est donc de 11.292 euros, soit 941 euros par mois, ce qui fait une augmentation de 52,6% de son revenu annuel grâce au travail des autres français.
Jusqu’ici, 20% des Français ponctionnés sont clairement bénéficiaire du système de redistribution. Le modèle social français fonctionne pour cette seule catégorie, même si l’on peut se demander ce que l’on peut faire aujourd’hui avec 900 euros par mois. Voyons ce qu’il en est pour les 80% restant.
Q2 : une personne gagnant 15.489 euros par an, soit 1.290 euros par mois, est prélevée de 1.258 euros et reçoit 1.418 euros de prestations sociales. Son revenu réel est donc de 15.649 euros, soit 1.304 euros par mois, ce qui fait une augmentation de 1% de son revenu annuel. Mais cette augmentation est trop insignifiante pour faire une différence. On se demande quelle est le sens du prélèvement si c’est pour recevoir presque la même somme à 160 euros prêts. De fait, cette population ne bénéficie plus du système de redistribution car il ne fait aucune différence notable dans la vie quotidienne.
Q3 : une personne gagnant 21.191 euros par an, soit 1.765 euros par mois, est prélevée de 2.466 euros et reçoit 1.067 euros de prestations sociales. Son revenu réel est donc de 19.792 euros, soit 1.649 euros par mois. C’est une diminution de 6,6% de son revenu annuel sans compensation.
Q4 : une personne gagnant 28.243 euros par an, soit 2.353 euros par mois, est prélevée de 4.129 euros et reçoit 819 euros de prestations sociales. Son revenu réel est donc de 24.933 euros, soit 2.077 euros par mois. C’est une diminution de 11.7% de son revenu annuel sans compensation.
Q5 : une personne gagnant 53.582 euros par an, soit 4.465 euros par mois, est prélevée de 10.621 euros et reçoit 600 euros de prestations sociales. Son revenu réel est donc de 43.561 euros, soit 3630 euros par mois. C’est une diminution de 18.7% de son revenu annuel sans compensation.
D10 : une personne gagnant 69.654 euros par an, soit 5.804 euros par mois, est prélevée de 15.000 euros et reçoit 616 euros de prestations sociales. Son revenu réel est donc de 55.270 euros, soit 4.605 par mois. C’est une diminution de 20.7% de son revenu annuel sans compensation.
Les chiffres officiels de l’Insee parlent d’eux-mêmes : 80% des français, tous prélevés sans leur accord, ne bénéficient pas du système de redistribution. Au mieux ce système n’apporte rien, au pire il équivaut à une perte d’argent. Voilà la réalité !
C’est exactement l’exemple qui illustre ce que l’économiste Frédéric Bastiat écrivait : « Quand une portion de richesse passe de celui qui l’a acquise, sans son consentement et sans compensation, à celui qui ne l’a pas créée […] je dis qu’il y a atteinte à la Propriété, qu’il y a Spoliation. »
Une spoliation encore plus évidente si l’on regarde la moyenne fournie par le tableau que nous avons décrypté. Le revenu français moyen est de 25.181 euros par an, soit 2.098 euros par mois, sur lequel 3.783 euros sont prélevés par l’Etat qui en redonne 1.647 euros en prestations sociales. Au final, le revenu réel est de 23.045 euros par an, soit 1.920 euros par mois. C’est une diminution de 8,5% du revenu, sans aucune compensation complète. La justice sociale et l’égalité prônées à longueur de discours par nos ministres se soldent très concrètement par une perte d’argent pour 80% des Français.
Cette spoliation généralisée, incarnée par le principe de redistribution, est la pierre angulaire du modèle social français. Or, chaque gouvernement, de gauche comme de droite, et en particulier celui de François Hollande, fait de la redistribution la condition sine qua non de la République sociale ainsi que le fondement de l’égalité, de la justice et de la solidarité. Nos politiques s’évertuent à faire croire à des français mal informés, que sans ce système ils seraient malheureux, que l’injustice règnerait et qu’ils seraient floués. Seulement voilà, les chiffres officiels nous montrent exactement le contraire.
Ce mensonge d’Etat doit cesser. Loin de redistribuer les richesses, l’Etat les détruit. Le modèle social français appauvrit jour après jour la nation. Sans prélèvements, 80% des français qui travaillent pourraient bénéficier pleinement de leur revenu, mieux gérer leur argent que ne le font les pouvoirs publics et donner volontairement pour aider ceux qui sont réellement dans le besoin. La conclusion est simple : si l’Etat se retire, le citoyen devient plus riche.
Sylvain CHARAT
Avec Contribuables Associés, luttez pour la réduction des dépenses publiques, car trop de dépenses publiques c'est trop d'impôts, et contre les gaspillages scandaleux d'argent public !