Cabinets de conseil : l’État a bien versé 2,5 milliards d’euros à McKinsey et consorts

Écrit par Henri Dumaine
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Cabinets de conseil : l’Inspection générale des finances confirme l’explosion des dépenses jusqu’en 2021, et épingle notamment certains ministères, dont celui de la Justice.

 

Le titre du rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) n’est pas très sexy.

Mais ce document baptisé « Rénovation de l’encadrement du recours aux prestations intellectuelles des cabinets de conseil » (lien ci-après) permet de revenir sur un scandale qui a éclaboussé jusqu’au perron de l’Élysée avec l’affaire McKinsey.

Comme le Sénat qui dénonçait une emprise « tentaculaire », l’IGF confirme l’influence croissante des cabinets de conseil dans plusieurs pans de l’administration tricolore.

Et la chiffre : les dépenses de « prestations intellectuelles » sont passées de 764 millions d'euros à 2 516 millions d'euros entre 2015 et 2021, soit une progression moyenne de + 22% par an.

Cette hausse vertigineuse s’est notamment concentrée sur les missions « Stratégie et organisation » (une des spécialités de McKinsey) avec des dépenses passées de 10,4 millions à 128,9 millions d'euros en 2015 et 2021.

Soit un taux de croissance annuel moyen de 52,1 %. Sur la même période, les prestations de conseil d’agences de communication et de publicité ont également enregistré une croissance record : 65,1 % par an, en moyenne !

En montant, ce sont les prestations de conseil en informatique qui ont dévoré le plus d’argent public.

Près de 675 millions d’euros pour la seule année 2021.

Lorsque l’on voit les plantages comme celui, récent du Guichet Unique (qui devait simplifier la vie des chefs d’entreprise), et, auparavant, celui de Chorus (progiciel comptable de l'État), ou encore de Louvois (progiciel de paiement des militaires), on ne peut que s’interroger sur le bien-fondé de ces missions.

A l’exception du prélèvement à la source, l’informatisation de l’État est pavée de déficiences informatiques !

Pour limiter la casse, en 2022, le gouvernement a demandé aux services de l’État de réduire la facture des prestataires de 15%.

Cabinets de conseil : une pratique mal encadrée

Depuis, des dispositifs d'encadrement ont été mis en place. Mais, ils sont plus ou moins pointilleux selon les ministères.

Par ailleurs, les outils permettant d’évaluer l'opportunité des missions et leur impact réel sont souvent approximatifs.

En octobre 2022, les sénateurs ont déposé une proposition de loi pour encadrer le recours aux consultants. Le gouvernement regimbe à inscrire ce texte à l'agenda de l'Assemblée.

L’IGF révèle également que les seuils financiers nécessitant l’examen d’un comité de suivi des prestations, diffèrent selon les entités ministérielles.

Par exemple, au ministère de la Justice, ne sont suivies que celles dont le montant dépasse 500 000 euros.

Toujours place Vendôme, les rapporteurs s’interrogent sur le recours à des cabinets externes lorsque l’administration dispose des moyens de réfléchir à son avenir par elle-même.

Et de citer une mission de 324 000 euros sur les extractions judiciaires (65 244 extractions en 2016) confiées à Ernst and Young (EY) par la chancellerie alors que 3 missions interministérielles avaient déjà planché sur le sujet…

Même réserve de l’IGF pour les 269.000 euros versés à EY pour la simplification des procédures de l’aide juridictionnelle, thématique déjà traité en interne par l’Inspection générale de la justice.

L’IGF invite l’État à une ré-internalisation intelligente des compétences au sein de l’administration.

Autre trou noir, les 800 établissements publics sous tutelle de l’État.

Parmi les dépenses visées, celles de conseil en stratégie, (1,2 million d’euros) de l’Office national des forêts (2022) ou les prestations informatiques de la Bibliothèque nationale de France, la communication internationale du château de Versailles, etc., autant de prestations dont il faudra justifier le bien fondé.

NON à la consultocratie !

signature petition

Inspection générale des finances, « Rénovation de l’encadrement du recours aux prestations intellectuelles des cabinets de conseil : Évaluation de la mise en œuvre de la circulaire du Premier ministre n° 6329/SG du 19 janvier 2022 », janvier 2023

Publié le jeudi, 30 mars 2023

18 Commentaires

  • Lien vers le commentaire Pierre mardi, 02 mai 2023 Posté par Pierre

    Il faudra m'expliquer un jour comment font les salariés de Mac Kinsey pour être supérieurs aux activités de nos énarques sachant que c'est la plus haute école de l'administration donc soit leur formation est à revoir et inadaptée aux connaissances du monde actuel soit on ne choisit pas les meilleurs de l'école en politique. N'oublions pas que Mac Kinsey un cabinet de conseil qui a fait fortune en lançant la concurrence dans le recrutement des talents en laissant croire que nous pouvions en manquer ce qui n'est absolument pas vrai.

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  • Lien vers le commentaire Didier vendredi, 28 avril 2023 Posté par Didier

    Avez-vous tout compris des "régimes spéciaux", à vous lire je n'en suis pas certain ! Et croyez-vous vraiment qu'un nivellement par le bas soit LA solution ? Car au final c'était le but recherché de cette idée; donner moins en faisant cotiser plus !
    Seules entorses éventuelles à cette généralité, s'occuper du régime, très très très spécial des parlementaires; qui touchent pour beaucoup déjà une retraite. On est pour ces gens dans le cumul emploi-retraite, voire même emploi-fiction quand on voit l'absentéisme.

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  • Lien vers le commentaire fabrice jeudi, 27 avril 2023 Posté par fabrice

    Message à Arnulf : Il faut cessez de tout basersur les concours et diplômes. J'ai travaillé 46 ans avec seulement le BEPC comme diplôme. J'ai terminé ma carrière en tant que manager de service avec une trentaine de personnes sous es ordres. j'ai eu des diplômés qui avaient réussi des concours faits pour les diplômés mais pas pour les professionnels et ces diplômés se sont montrés incapables de satisfaire au travail demandé. j'ai eu aussi des gens qui avaient commencé jeunes et sans diplômes mais qui étaient intelligents et qui ont donné de très bons résultats. Des tests de capacités seraient plus appropriés que des diplômes qui de plus en plus se révèlent sans valeur, comme le bac d'aujourd'hui par exemple. Maintenant je pense comme vous, il existe dans les ministères et dans la vie civile tout simplement, des gens capables de faire aussi bien, si c en'est mieux, que ces cabinets conseils. Pourquoi ne sont-ils pas recrutés par l'état ? Je crois qu'on touche là au copinage combinage, si on se penche sur les personnes qui appartiennent à ces cabinets, on retrouve des noms connus du monde politique ! cela laiss epenser très fort qu'ils ne sont pas mandater pour leur valeur professionnelle mais pour leur personne et leur utilité politique.

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  • Lien vers le commentaire Essentielliste jeudi, 27 avril 2023 Posté par Essentielliste

    j'ai lu les messages qui, pour l'essentiel soulignent l'irresponsabilité de l'Etat , ses ministères lorsqu'il s'agit de faire face aux problématiques de leur organisation à adapter en fonction des nécessités de la société.

    Diriger les fonctions régaliennes et celles nombreuses qui se sont ajoutées, dans un monde en transformation n'est pas chose aisée, surtout actuellement ou tout est remis en cause soit par la société soit par la technologie.
    Nos énarques n'ont pas été formés pour affronter ces problématiques nouvelles et exigeantes en suivant les cours de l'ENA.
    Donc, ils n'ont pas les compétences qu'il faut avoir aujourd'hui dans un monde en bouleversement .Ces grands esprits sont formés essentiellement au droit Public, au droit fiscal, au droit civil mais pas à la Stratégie, pas à la Prospective, pas à la Gestion managériale, même pas à la comptabilité en partie double mise en place par les banquiers italiens au quinzième siècle mais eux, les "Hauts fonctionnaires" ont été formés à la forme archaïque et basique de la comptabilité publique qui permet de ne pas être comprise et transparente par les non initiés.
    Ils sont parfaitement incompétents pour diriger et gérer des organisations humaines avec des effectifs considérables qu'il ne maîtrisent plus
    En revanche les grands cabinet de Conseil comme Mac Kinsey ont acquis un savoir faire, une compétence de première qualité dans ce domaine de la Stratégie et de la Gestion des Organisations qui est reconnue dans le monde entier.

    Faut-il pour autant que l'Etat fasse appel à M. Kinsey ? tout dépend du type de mission que les fonctionnaires leur donnent .
    S'il s'agit d'organiser des campagnes électorales je ne vois pas à priori que ce grand Cabinet possède un savoir faire particulier.....
    Tout dépend également la nature des conseils en organisation car ce qui se passe souvent c'est que les conseils pour moderniser, rationaliser et parfois remettre en cause des pratiques bureaucratiques ancestrales sont de nature à bouleverser les fonctions et les
    structures existantes donc remette en cause les personnes qui les dirigent de façon surannée. .
    Cela ne peut être accepté par les directions actuelles qui tiennent à leur prérogatives instaurées depuis des décennies et par conséquent les Rapports de Mac Kinsey sont mis aux orties mais la facture doit être réglée ....

    Une chose est certaine, c'est que nos "hauts fonctionnaires" n'ont ni la compétence ni l'envie, de remettre en cause les mauvaises pratiques des organisations qu'ils sont sensés "diriger "
    Voila pourquoi il est sain de faire appel aux grands cabinets, comme Mac Kinsey à condition d'en faire un bon usage et de consommer
    leurs interventions "avec modération" et avec raison..mais il est particulièrement mal sain de faire appel a eux à tout propos pour des missions dont les objectifs et les contours ne sont pas appropriés et en outre mal définis, ou pire inutiles.

    Essentielliste

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  • Lien vers le commentaire fabrice mardi, 11 avril 2023 Posté par fabrice

    Je lis les messages et je me dis que j'ai du mal à comprendre les choix des Français. Je n'ai jamais été encarté dans un quelconque parti ou syndicat, j'ai mes idées quand je vote je choisi le candidat qu' s'en approche le plus et en dernier ressort s'il y a un second tour, celui qui en est le moins loin, ou alors je vote blanc ou nul. Mais je constate que tout le monde se plaint de la politique de Macron mais que ce dernier est repassé en 2022 ! Le Français avaient le choix, ils connaissaient Macron et avait pu le juger sur 5 ans, alors soit ils ont aimé mais ne doivent pas se plaindre aujourd'hui, ou soit ils sont masos ! Il y avait une autre candidate, mais les soi-disant bien-pensants n'ont pas voulu voter pour elle. POURQUOI ? Je ne dis pas qu'elle aurait été mieux, je n'en sais rien, mais son programme n'étatait pas nul puisque les gens dans leur plaintes citent des points de la politique qu'elle voulait apporter. Mais elle est cataloguée EXTREME DROITE, mais qu'est-ce que l'extrême droite ? Est-elle différente de l'extrême gauche ? Pour ma part je ne vois pas de différences entre Pinochet et Staline ! Que je sache le programme de Mme Le pen ne prévoyait pas la création de camps de concentration. Alors pourquoi la boycotter ? Au nom de quelle morale ?

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  • Lien vers le commentaire Arnulf samedi, 08 avril 2023 Posté par Arnulf

    Ancienne fonctionnaire de l'Education Nationale, je trouve méprisant de ne pas faire confiance à ceux qui doivent passer des concours difficiles pour accéder à leur fonction. Les cabinet de Conseil sont des doublons que les titulaires d'expérience peuvent résoudre si on leur soumet les projets. Sinon le fonctionnariat ne servirait à rien. Or ce n'est pas le cas.

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  • Lien vers le commentaire Zébulon samedi, 08 avril 2023 Posté par Zébulon

    Le politique dépourvu de sens moral, au service de la finance!
    C'est plus criant aujourd'hui car les actes et paroles de ces derniers sont relayés par les réseaux sociaux!
    La finance toujours plus avide et imaginative n'hésitera pas à ruiner les gueux avec l'aide des états complices, distributeur d'allocations et chèques en tout genre pour acheter La paix sociale!
    Nous devons aujourd'hui définir nos idéaux et nous entourer de ceux qui les partagent, en finir avec ce consumérisme outrageant pour notre morale et notre planète.
    Interrogeons notre capacité à être intègre et avançons à petits pas vers un changement personnel mais indispensable au changement d'une société plus axée sur le travail et le partage.

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  • Lien vers le commentaire gorlez samedi, 08 avril 2023 Posté par gorlez

    Bonjour, à tous, vous avez tous raisons car la France , est diriger par une bande de médiocre, d'incompétent, et d'irresponsable, et c'est de plus en plus réel , car maintenant tout les secteurs sont gangrénaient par ses personnes qui ne doivent plus être au pouvoir. Cela dur depuis de nombreuses décennies, et il faut frapper fort dans la fourmilières, car dans dix ans , on serra plus bas que la Grèce, et personne ne pourra plus rien faire , pour sauver la France .

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  • Lien vers le commentaire DUBOIS vendredi, 07 avril 2023 Posté par DUBOIS

    Depuis très longtemps je le répète, nos politiques sont irresponsables et déconnectés de la réalité. Ils sont incapables de réaliser des économies pour arrêter cette hémorragie et ce gaspillage de l'argent public. Pas étonnant qu'ils soient obligés de ponctionner tout ce qui peut l'être par ailleurs. Et si on rajoute à çà le mépris de "JUPITER" à l'égard des citoyens et le laxisme de ce gouvernement... Française, Français, vous attendez quoi pour réagir et arrêter de vous faire manipuler? Vous ne voyez pas que la France est en train d'être détruite?

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  • Lien vers le commentaire fabrice vendredi, 07 avril 2023 Posté par fabrice

    Je pense comme Lima(Pereira que l'appel à des cabinets est une ineptie. Il y a assez de conseillers à l'Elysée et dans les ministères sans pour autant mandater et payer très très cher des cabinets qui se gave,t avec l'argent des Français. Il est vrai que beaucoup des conseillers de l'état ne sont pas compétents, ils ont juste hérité d'un poste bein payé pour avoir obéi. Ce sont très souvent des fils et filles de ou des petits copains et petites copines. Ces conseillers ont été mis en place depuis que les ministres sont des incapables pour une grands majorité. Il faut alors palier l'incompétence et on embauche des conseillers, qui eux-mêmes sont trop souvent incompétents, alors on embauche un conseiller pour palier l'incompétence du conseiller en place.... Les gars passent de l'intérieur à la culture, de bercy à l'outre-mer sans vergogne, on ne spose pas de question sur les compétences, il faut placer la personne et il y a un poste de libre ou on crée un poste piur cela et y mettre un inutile.

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