Agences de notation : vers une nouvelle dégradation de la note française ?

Écrit par Henri Dumaine
Agences de notation © Poetra.RH /Shutterstock

Le coût du programme du Nouveau Front Populaire et l’hypothèse d’un projet de loi de finances 2025 rejeté par une Assemblée nationale fractionnée pourrait susciter l’ire des agences de notation.

La rentrée s’annonce chaude pour Bercy. C’est en octobre et novembre prochain que les principales agences de notation actualiseront les notes attribuées à la France au vu de sa situation financière.

Elle sont attendues les 11 et 25 octobre pour Fitch et Moody’s. Et le 29 novembre pour agence S&P Global qui a dégradé la note de la France du troisième cran «AA» au quatrième «AA-» en mai dernier.

Jusqu’ici créditée d’une perspective « stable », le rating de la France pourrait chuter si une coalition de gouvernement se forme autour du Nouveau Front Populaire et qu’il applique son programme économique.

Alors que la dette française dépasse les 110% du PIB, les engagements du NFP représentent un surplus de 150 milliards de dépenses publiques à l'horizon 2027 d’après ses promoteurs.

Selon les tribuns du NFP, les dépenses seraient entièrement compensées par une hausse des recettes fiscales, mais beaucoup d’économistes doutent de la fiabilité de ces projections.

Le montant des dépenses serait sous-estimé de plus de 80 milliards d'euros par la coalition, ce qui pousserait les feux aux alentours de 230 milliards d'euros.

A titre d’exemple, l’abrogation de la réforme des retraites coûterait 58 milliards d’euros par an, la hausse du Smic (1600 euros/mois), 19 milliards, la gratuité intégrale à l'école, 13 milliards supplémentaires, etc.

Selon, les calculs de l’Institut Montaigne, on arriverait finalement à 233 milliards d'euros de dépenses inédites. Pour l’État, les effets de ce programme provoqueraient une perte de recettes équivalente à 8 points de PIB sur 3 ans.

Si Paris ne parvient pas à réduire un déficit public déjà abyssal, la note française sera sous pression a prévenu S&P Global après le résultat des législatives.

Le budget 2025 sera suivi à la loupe par les 3 agences de notation.

L’examen et le vote du projet de loi de Finances (+ projet de financement de la Sécu) doivent intervenir avant le 31 décembre prochain.

En cas de réduction insuffisante des déficits budgétaires et prorogation de la mise en conformité avec les règles budgétaires européennes, la sanction des agences de rating promet d’être rapide. A fortiori si le climat social se dégrade et que la croissance économique s’essouffle (+ 0,2 % au 1er trimestre 2024).

Une dégradation de la note tricolore aurait pour conséquence de relever les intérêts de la dette française.

Selon le site Fipeco, réputé pour la rigueur de ses analyses, cette charge représentait déjà 50,1 milliards d’euros (frais bancaires inclus) en 2023.

Autre épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête du futur exécutif : l’hypothèse d’un projet de loi de finances rejeté par une Assemblée nationale à la majorité introuvable est prise au sérieux par de nombreux juristes qui soulignent que la Constitution n’a pas prévu ce cas de figure.

Publié le mardi, 09 juillet 2024

1 Commentaire

  • Lien vers le commentaire girondet samedi, 13 juillet 2024 Posté par girondet

    Si c'est le gouvernement du Front Populaire, la note française glissera vers B, inexorablement. L'économie est une chose trop trop sérieuse pour être laissée aux mains des LFIstes.

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