Opposer le capital au travail et par voie de conséquence leur fiscalité résulte donc d'une vision simpliste qui n'aboutit qu'à occulter la fiscalité excessive de toute activité.
Benoît Perrin
Quant au simple actionnaire capitaliste, les dividendes qu'il perçoit au titre de ses droits dans la société se calculent pour lui aussi sur un bénéfice net d'impôt sur les sociétés. Même s'il s'est borné à apporter du capital et non son travail, les revenus de son capital sont donc aussi écornés de l'impôt sur les sociétés. De plus, lorsqu'il revend ses titres, si la plus-value qu'il réalise est soumise là encore au fameux PFU de 30 % censé constituer un taux privilégié, le taux réel est beaucoup plus fort s'il s'est investi dans la durée dans la société. En effet, la plus-value imposable ne tient désormais plus compte de la durée de détention et l'impôt est donc vraiment assis sur la différence entre le prix de cession des titres et le prix investi dans la société. Il n'est absolument pas tenu compte de l'inflation et de l'érosion monétaire venues diminuer le gain réel de l'investisseur. Supposons qu'un épargnant verse 100 dans une société, conserve ses titres pendant dix ans puis les revende 200 alors que ses 100 sont devenus 150 avec l'inflation. Autrement dit, il aura payé un impôt de 30 pour une plus-value réelle de 50, soit un taux d'imposition de 60 %.
En réalité, on constate que le PFU de 30 % voulu par le président Emmanuel Macron sur les revenus du capital ne profite dans la réalité ni au chef d'entreprise qui veut vivre de la société qu'il a créée, ni à l'investisseur particulier de long terme. Les seuls bénéficiaires effectifs du PFU sont les spéculateurs de court terme qui n'investissent que pour un profit immédiat. Opposer le capital au travail et par voie de conséquence leur fiscalité résulte donc d'une vision simpliste qui n'aboutit qu'à occulter la fiscalité excessive de toute activité.
Enfin, on ne peut ignorer que le capital n'est pas uniquement financier mais également immobilier. Or, la fiscalité de l'immobilier est aujourd'hui encore plus lourde que celle du travail. Et certains ménages modestes en souffrent aussi. Un foyer de retraités non imposables qui complète sa modeste pension avec le loyer d'un studio remboursé par le fruit du travail sera peut-être exonéré de la contribution sociale généralisée et la contribution au remboursement de la dette sociale (CSG-CRDS) sur sa pension mais devra dans tous les cas acquitter 17,2 % de prélèvements sociaux sur les loyers du studio. Comme quoi un petit capital peut être plus taxé qu'un petit revenu.