Les contribuables contre les Intouchables du cinéma

Écrit par Contribuables Associés

« Les acteurs français sont riches de l'argent public ».

 

Vincent Maraval, patron de la société de distribution de film Wild Bunch qui produisit « The Artist », a lancé un énorme pavé dans l’écran du cinéma français grâce à sa tribune parue le 29 décembre 2012 dans le journal Le Monde. Maraval brise plus d’un tabou et fait apparaître plus d’une hypocrisie, couverte par le Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) et les ministres de la Culture des gouvernements de droite comme de gauche.

Le contribuable français apprend donc qu’il est la vache à lait d’un Dany Boon qui a touché « 3, 5 millions d’euros pour Le Plan parfait, dont les entrées ne seront pas suffisantes pour payer son salaire ! », d’un Daniel Auteuil  « dont les quatre derniers films représentent des échecs financiers de taille » et « continue à toucher des cachets de 1,5 million d’euros sur des films coproduits par France Télévisions », d’un Jean Reno , d’une Marion Cotillard, d’un Gad Elmaleh, d’un Guillaume Canet, d’une Audrey Tautou, d’une Léa Seydoux, qui chacun touche « des cachets allant de 500 000 à 2 millions d’euros ». Bref, Vincent Maraval dénonce toute une profession subventionnée… et bien souvent exilée fiscale à l’instar d’un Dany Boon parti faire le ch’ti à Los Angeles.

Mais si le cinéma français était un cinéma rentable, le contribuable pourrait, à la rigueur, tolérer de payer de si gros salaires, se dire qu’il contribue à la diffusion de la culture française à travers le monde, qu’il peut profiter de films nationaux de qualité. Sauf que ce n’est pas le cas. Rentabilité : il n’y en a aucune puisque Vincent Maraval rappelle que « sur le top 10 des films d’une économie qui en concerne 220, un seul est rentable ». Diffusion de la culture française : elle a déjà du mal à franchir le périphérique parisien, alors passer la frontière relève de l’exploit, ce que confirme Maraval en parlant de « nos talents, inconnus au-delà de nos frontières » et des films français « au marché limité à nos frontières. » Qualité : à part quelques exceptions, la production française n’attire pas le grand public, signe que la qualité n’est pas au rendez-vous. En effet « le marché de la salle stagne » souligne Maraval  qui poursuit en disant que « le cinéma enregistre des contre-performances à la télévision. Sans les obligations légales issues de notre système public de financement, il y a bien longtemps que “Les Experts” et la “Star Ac” auraient réduit à néant les cases “Cinéma” des chaînes de télévision. »

Le CNC avec son système de subventions survit car il rapporte trop pour que les acteurs et les producteurs français s’en passent

Le plus terrible est que le contribuable se retrouve producteur sans le savoir de films qu’il n’ira jamais voir et sur lesquels il n’aurait jamais misé un seul centime d’euro si on lui avait demandé. Il est temps de tordre le cou à ce culturellement-correct qui sabote le cinéma français. Ne soyons pas hypocrite : l’art est un business comme un autre. Si le cinéma français était soumis aux lois du marché, deux choses se produiraient.

Les acteurs seraient payés en fonction de leur valeur et de leur talent

D’abord, la production cinématographique française diminuerait en fonction de sa rentabilité et ne survivrait que les films produisant un vrai retour sur investissement : 1 sur 10 selon Vincent Maraval. Certes dans un premier temps cela provoquerait un écrémage assez violent dans cette profession assistée, mais dans une logique de « destruction créatrice », cela relancerait une création artistique de qualité supérieure afin d’être compétitive et rentable face aux productions étrangères. Et puis le cinéma français, n’étant plus subventionné, n’aurait plus de compte à rendre aux autorités publiques et retrouverait son indépendance face au pouvoir. La liberté artistique n’a pas de prix…

Ensuite, les acteurs seraient payés en fonction de leur valeur et de leur talent. Prenons l’exemple concret donné par Vincent Maraval concernant l’acteur Vincent Cassel. Dans le cinéma libéral, soumis à la loi du marché et à la satisfaction réelle des spectateurs, il tourne pour 226.000 euros dans Black Swan – succès mondial oscarisé – tandis que dans le cinéma subventionné par le CNC en dehors de toute considération de rentabilité ou de satisfaction des spectateurs, il reçoit 1,5 million d’euros pour Mesrine, film à la diffusion hexagonale.

Mais voilà, le CNC avec son système de subventions survit car il rapporte trop pour que les acteurs et les producteurs français s’en passent de sorte que « les « hauts salaires » du cinéma gagne[nt] plus qu’ils ne valent, et ce grâce à de l’argent public. » Une information que les contribuables sont heureux d’apprendre, comme sans doute la moitié des salariés français qui gagnent 1500 euros par mois – 18.000 euros par an – et qui, bien souvent gagnent moins que ce qu’ils valent réellement.

Sylvain CHARAT

Avec Contribuables Associés, luttez pour la réduction des dépenses publiques, car trop de dépenses publiques c'est trop d'impôts, et contre les gaspillages scandaleux d'argent public !

Publié le dimanche, 30 décembre 2012

1 Commentaire

  • Lien vers le commentaire vincent dimanche, 02 janvier 2022 Posté par vincent

    L'auteur de cet article gagnerait sans doutes à étudier la comptabilité du CNC dont l'essentiel des fonds ne vient pas de subventions publiques, mais de subventions DU public à travers une taxe , la TSA, d'un peu moins de 11%, prélevée sur les tickets de cinéma. Cela signifie, pour aller vite, que le cinéma français est subventionné par le cinéma étranger. Certes, les films en sont pas toujours "soumis" à la loi du marché, mais cette répartition permet de financer la recherche cinématographique qui par définition, n'est pas toujours de nature à plaire au plus grand nombre. Cela ne contredit pas nécessairement la critique faite par Maraval du star system. Quoique ce dernier soit lui-même fort mal placé pour s'exprimer sur le sujet, il a au moins un mérite, contrairement à l'auteur de l'article: il sait de quoi il parle.

    Cela dit, attribuer une "valeur" à des travailleurs, comme on attribue une valeur à des articles de boucherie ou autre marchandise en dit long sur la logique de votre article.

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