Sophie Binet : une écolo-féministe pur jus à la tête de la CGT [Portrait]

Écrit par Fabrice Durtal
Sophie Binet-CGT © CGT - Wikimedia Commons, CC BY CA 3.0

Élue avec 50,32% des voix à la tête de la CGT, la remplaçante de Philippe Martinez a milité au PS avant de rejoindre l’UNEF, puis la CGT qu’elle n’a plus quittée.

Son minois et sa bouche aux commissures relevées lui donnent un air souriant et suscitent d’abord la sympathie.

Avec elle, on espérait passer de l’ère des Bidochon à celle de l’Agrippine de Bretécher.

Mais le masque de Sophie Binet, la nouvelle secrétaire générale de la CGT est tombé le 6 avril dernier lorsqu’elle a refusé le micro de CNews en déclarant qu’elle ne parlait pas à cette chaîne d’info jugée trop à droite.

Ce refus du pluralisme correspond bien à son itinéraire intellectuel, uniforme, rose bonbon.

L’ancienne militante socialiste de 41 ans, première femme à occuper ce poste depuis la création de l’organisation en 1895, a toujours mis la barre très à gauche.

Quand elle était au PS, elle a milité dans la mouvance de Benoît Hamon, puis a soutenu Martine Aubry contre François Hollande avant de s’opposer franchement à Manuel Valls lors du vote de la loi travail (2016).

Après un passage aux jeunesses chrétiennes, son engagement syndical démarre en rejoignant l’UNEF , un syndicat étudiant de gauche, dont elle deviendra la vice-présidente nationale.

A Nantes, elle suit des cours de philo à la fac. Les détails de son cursus sont difficiles à trouver. Elle devient une des figures de la lutte contre le Contrat première embauche (CPE).

Sophie Binet : féministe, tendance écolo

Toujours à Nantes, elle a laissé le souvenir d’une femme pugnace et dotée d’une bonne capacité de travail. Durant les dernières 48 heures précédant son élection, ses proches racontent qu’elle n’a pas dormi et rédigé le texte de sa première prise de parole de secrétaire générale en une vingtaine de minutes.

Tenace, elle est issue de l’Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens (Ugict), un corps réputé moins important que ceux de ses prédécesseurs, dont la Fédération des travailleurs de la métallurgie d’où venait Philippe Martinez. Elle y a acquis la réputation de quelqu’un de doté d’une bonne capacité d’écoute.

Durant son premier discours comme secrétaire générale, elle s’est félicitée des « orientations claires » de la CGT sur les « questions environnementales et sociales », soulignant qu’il fallait « être capable de porter au même niveau, fin du monde et fin de mois ».

Mère d’un enfant, Sophie Binet a poussé dans le sérail du public. C’est une ancienne conseillère principale d’éducation en lycée professionnel. Elle a d’abord travaillé à Marseille puis en Seine-Saint Denis.

Pas besoin de connaître l’industrie pour la défendre, y compris contre ses créateurs. Dans une chronique publiée par le journal L'Humanité début 2023, elle pointait le grand capital du doigt en pronostiquant que si l’industrie française n’est pas « définanciarisée », elle disparaîtra.

On sait peu de chose sur la vie de famille ou les loisirs de la militante mariée à un officier de marine et qui manquera de temps pour éduquer son fils de 4 ans.

Proche de la féministe Caroline De Haas, elle a cosigné l’ouvrage « Féministe, la CGT ? Les femmes, leur travail et l’action syndicale » publié il y a 4 ans.

Engagée sur les questions d'égalité femmes-hommes, récemment elle a pris parti pour la révolution iranienne. Il y a quelques jours, sa première sortie a été réservée aux grévistes de Vertbaudet (Marquette-lez-Lille), mouvement de contestation qui réunit une majorité de femmes, emblème miniature du « combat » féministe.

Sa tâche est dorénavant de recoller les morceaux d’une CGT profondément divisée, à un moment où la centrale a choisi l’unité syndicale dans l’opposition à la réforme des retraites.

Pour y parvenir, elle devra dialoguer, convaincre et parler. A tout le monde.

Publié le mercredi, 19 avril 2023

2 Commentaires

  • Lien vers le commentaire Lerard mercredi, 10 mai 2023 Posté par Lerard

    CGT les fossoyeurs de l'entreprise. Combien d'usines fermées grâce à la détermination des délégués, qui sont repris par le syndicat aux mêmes conditions salariales pour passer leur temps dans des locaux d'entreprises qui sont mis sens dessus dessous où s'entassent force canettes de bière. La CGT coûte trop cher aux contribuables et aux entreprises. C'est un groupement de démolition. Je présente
    mes excuses pour les syndicalistes sincères (il y en a quand même) mais trop peu nombreux, et surtout inécoutés par leurs pairs.

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  • Lien vers le commentaire ROGER jeudi, 04 mai 2023 Posté par ROGER

    Concernant cette CGT, minable depuis des années, Martinez disait pendant les dernières grèves, qu'il fallait mettre la France à l'arrêt....Je pense que ce qu'il faudrait surtout mettre à l'arrêt, c'est les subventions publiques à ces irresponsables....et aussi les 1% qui sont prélevés sur les factures des usagers EDF et qui est chapoté par la CGT (ce qui je crois représente 600 millions d'euros annuel)
    Ceci est scandaleux de faire subir d'office aux usagers cette dépense pour engraisser un syndicat qui ne se plait qu'à emmerder les français avec leurs grèves ridicules.....et tout ça avec l'aval de nos gouvernements.......
    Pauvre FRANCE

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