Depuis que le beau terme de « libéral », ou de « libéralisme », est devenu une insulte, dans la bouche de ses adversaires – ceux de la gauche toujours marxiste ou de la droite populiste anticapitaliste –, il sert couramment à injurier tout adversaire politique.
Même Emmanuel Macron est sommé de s’expliquer sur son « libéralisme ».
Il sera temps, en 2022, de porter un jugement serein sur l’action de ce président et de son gouvernement. Pour l’instant, il est encore difficile de trancher. Mais quand même ! Chaque jour amène une nouvelle contrainte administrative ou le renforcement d’un dispositif existant. Le Premier ministre veut réduire de 90 à 80 km/h la vitesse des voitures sur les routes à deux voies.
La ministre de la Santé veut rendre obligatoires les médicaments génériques, et celui du Logement veut étendre l’encadrement des loyers…
Le président de la République a annoncé de grandes réformes allant soi-disant dans le sens de la simplification. Mais, à chaque fois, ça commence par être plus compliqué !
On supprime la taxe d’habitation, mais seulement pour 80 % des assujettis. Et cela va s’étaler sur 4 ans. Avec la nécessité d’un impôt de remplacement. Sans doute comme la fameuse taxe professionnelle, ex-patente, remplacée en 2010 par trois autres impôts !
On abolit l’impôt sur la fortune-ISF, mais on le remplace aussitôt par un impôt sur la fortune immobilière (IFI).
L’augmentation de la CSG pour tous, « en échange » d’une suppression de deux cotisations sociales pour les salariés, commencera également par une bizarrerie : la hausse de la CSG est au 1er janvier 2018, tandis que les suppressions de cotisations se feront avec un étalement sur 2 ans. Encore une aubaine pour les cabinets comptables !
Le chef de l’État veut libérer les entreprises, inciter l’épargne à s’investir dans l’économie productive, et les entrepreneurs à créer de nouveaux emplois.
Mais, dans le même temps, il affirme vouloir conserver l’État-Providence et ses prélèvements sur les forces vives.
Une société où les dépenses publiques dépassent les 57 % du revenu national ne peut pas être qualifiée de libérale
Et cela, même si l’État était effectivement mieux géré.
La Suède ou d’autres pays scandinaves, qui peuvent inspirer certains de nos réformateurs, ne seront jamais des modèles de libéralisme. Tout au plus des exemples de social-démocraties un peu moins catastrophiques.
Il serait plus juste de qualifier M. Macron de social-technocrate. Il ne croit au marché qu’à la condition qu’il soit bien encadré par des fonctionnaires soupçonneux.
Il me fait penser, à une époque bien différente, à Valéry Giscard d’Estaing, inventeur de la taxe sur les plus-values, taxe conçue en période de forte inflation, dont la beauté technocratique est de frapper les contribuables même en période de taux négatifs ! D’autres y verront plutôt du Michel Rocard, inventeur des ancêtres du RSA et de l’ISF.
Que le candidat Macron ait eu du génie, qui peut le contester ?
L’homme est « nouveau ». Autant qu’on puisse l’être à 40 ans, dont la moitié passée au cœur du pouvoir. Mais sa politique, pour l’instant, ne porte aucune des caractéristiques d’un traitement libéral des problèmes graves de la société française.
Certaines mesures sont effectivement favorables aux revenus du capital.
Mais l’annonce de l’ouverture de nouveaux « droits sociaux », comme l’indemnisation du chômage pour tous, ou bien le maintien de la retraite à 62 ans, oblige à ne pas considérer M. Macron comme « libéral ». Sauf à vouloir l’insulter. Et tous les libéraux avec lui…
Alain Dumait, co-fondateur de Contribuables Associés
Avec Contribuables Associés, luttez pour la réduction des dépenses publiques, car trop de dépenses publiques c'est trop d'impôts, et contre les gaspillages scandaleux d'argent public !
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