Loi de finances 2024 : des hypothèses gouvernementales trop optimistes

Écrit par Alexis Constant
Bruno Le Maire-Finances publiques © Shutterstock

Alors que Bruno Le Maire présente sa loi de finances 2024 ce mercredi, le Haut Conseil des Finances publiques remet en cause de la solidité des prévisions à long terme sur lesquelles il s’appuie.

Bien que le gouvernement ait modifié les hypothèses macroéconomiques qui le sous-tendent, le projet de loi de programmation des finances publiques 2023-2027 n’est pas réaliste et ne prévoit pas de retour rapide vers l’objectif d’équilibre des finances publiques.

Alors que Bruno Le Maire présente ce mercredi le projet de loi de finances pour 2024 qui prévoit un montant d’emprunt sur les marchés financiers supérieur aux 270 milliards de 2023, le Haut Conseil des finances publiques affiche son scepticisme sur la trajectoire budgétaire du pays.

Les membres de cette instance *, notamment chargée d’apprécier le réalisme des prévisions macroéconomiques et des recettes présentées par le gouvernement, estiment que « malgré une légère révision en hausse par rapport au précédent projet (…) l’évaluation de l’écart de production du Gouvernement pour 2023 (- 1,2 % au lieu de -1,4 %) reste optimiste."

Pour mémoire, l'écart de production mesure la différence entre la production réelle d'une économie et sa production potentielle, tandis que le taux de croissance potentiel traduit l’essor que l’économie peut maintenir à long terme en utilisant de manière optimale ses facteurs de production.

Bruno Le Maire : une croissance trop optimiste

Pour le Haut Conseil, la croissance potentielle (1,35 % en moyenne annuelle) et le scénario de croissance (+1,4%) sont supérieurs à celle du consensus des économistes (+0,8 %).

Le niveau attendu de PIB potentiel repose sur des hypothèses favorables, avec un recul continu du taux d’épargne des ménages venant soutenir la consommation, le maintien à un niveau élevé du taux d’investissement des entreprises et une contribution positive du commerce extérieur, soulignent les membres du HCFP.

Parmi les bouffées d’optimismes que le Haut conseil pointe du doigt figure la décrue progressive du déficit, qui serait ramené à 2,7% du PIB en 2027 alors que le poids de la charge d’intérêts est considérablement alourdie, la réalisation d’économies structurelles significatives dans le budget de l’État étant renvoyée à plus tard.

Le projet de loi de programmation ne prévoit pas de retour rapide vers l’objectif d’équilibre des finances publiques, déplore le Haut conseil en rappelant que la dette devrait être ramenée à un niveau permettant à la France d’affronter de futurs chocs macroéconomiques.

Le Haut Conseil des finances publiques (HCFP) comprend onze membres. Il est assisté pour l’accomplissement de ses missions par un secrétariat permanent. Le collège des membres, présidé par le Premier président de la Cour des comptes, est composé de quatre magistrats de la Cour, de cinq personnalités qualifiées et du directeur général de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Les membres du HCFP ne sont pas rémunérés.

 

Publié le mercredi, 27 septembre 2023

1 Commentaire

  • Lien vers le commentaire philharrold mercredi, 27 septembre 2023 Posté par philharrold

    Si on se résume, ils creusent un trou financier et nous demande de le boucher à mesure qu'il s'approfondit. Le jour où les créanciers de la France décideront de récupérer leurs billes, ils rafleront le pays.

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