Au lieu de supprimer l’ISF, Emmanuel Macron propose de le moderniser au profit de l’investissement dynamique. En pratique, celui qui investit en bourse ou dans les entreprises sera exonéré. Celui qui se contente d’une petite « rente immobilière », selon les propres termes du candidat, sera taxé.
L’intention est sans doute généreuse mais est-elle vraiment pertinente au regard de ce qu’est devenue la population française ?
Si on peut demander à un jeune de 30 ans un certain dynamisme et d’attendre 10, 20 ou 30 ans le résultat de ses investissements, peut-on exiger la même chose d’un retraité qui, après 40 ans de travail, aspire à une retraite correcte, voire confortable ?
Pour ce faire, l’intéressé a économisé et investi dans la pierre, escomptant d’un appartement de 500 000 euros acheté à coup d’emprunt et d’épargne un loyer de 1 500 euros net lui permettant de doubler sa retraite.
Ce n’est ici que le résultat de la patience et d’un placement dit, avant le triomphe de la parité, de « bon père de famille ». Quoi de plus normal ?
Peut-on reprocher à un septuagénaire de ne pas risquer son argent en bourse ou dans le capital de PME à l’avenir précaire ? Sans doute non.
Et pourtant, le programme d’Emmanuel Macron consiste à taxer cette retraite agrémentée d’immobilier. 500 000 euros d’immobilier locatif et vous paierez. 5 000 000 euros de spéculations boursières et vous serez exonéré. Ce n’est pas juste. Et ce n’est pas non plus judicieux car n’oublions pas que le bâtiment reste un des premiers employeurs en France.
Ce n’est donc pas en le taxant qu’on luttera contre le chômage. Surtout qu’en tant qu’européen convaincu, Macron devra favoriser de la même manière l’investisseur en France et l’investisseur à Chypre ou en Lituanie. Alors que l’immeuble, lui, ne se délocalisera pas…
Olivier Bertaux, expert fiscaliste de Contribuables Associés