Olivier Bertaux explique comment l'annonce de baisses d'impôts faite par Manuel Valls ne profitera pas aux plus pauvres, mais répond à des besoins essentiellement électoralistes...
Une baisse des impôts est en marche. Elle prendra la forme, si le parlement en est d’accord, d’une réduction d’impôt qui sera notamment accordée aux nouveaux contribuables, c’est-à-dire ceux qui sont devenus imposables à la suite des dernières augmentations. En pratique, les foyers concernés bénéficieront d’un dégrèvement pouvant atteindre 350 ou 700 euros en fonction de la situation matrimoniale. Selon les déclarations du gouvernement, 3 millions de ménages profiteront de la baisse, dont 1,8 millions deviendront totalement exonérés.
Ou plutôt le redeviendront. Car, au-delà des effets d’annonce, analysons concrètement à qui la baisse profite. Certainement pas aux ménages les plus modestes puisque, avant même toute mesure, un foyer sur deux est déjà exonéré d’impôt sur le revenu. Pas non plus aux plus aisés, puisque ceux-ci n’ont pas besoin d’une réduction d’impôt de quelques centaines d’euros et continuent de subir pleinement le plafonnement du quotient familial. La mesure profitera donc à cette partie de la classe moyenne qui venait précisément de prendre de plein fouet la salve d’augmentations de ces dernières années. Bref, il ne s’agit que d’un tour de passe-passe pour faire revenir la basse classe moyenne, socle de l’électorat socialiste, du moins certains le croient-ils, à leur statut antérieur de non imposables pour les plus modestes et de peu imposables pour les autres.
Autrement dit, ce n’est pas une baisse d’impôt mais une restauration… dont ne bénéficieront pas les plus pauvres. En effet, non seulement ceux-ci sont déjà exonérés mais en plus ils continueront de subir les autres augmentations d’impôt frappant toute la population, comme la TVA et les autres taxes que les entreprises doivent payer et répercutent mécaniquement sur les consommateurs…
D’ailleurs, on peut se demander qui en profitera vraiment puisque l’Etat, déjà surendetté, ne renonce pas à une recette mais débourse réellement un milliard d’euros sous forme de restitution. Dès lors, on voit mal comment il pourra faire autrement que prendre dans la poche d’un autre le milliard qu’il rend. Certes, le gouvernement explique que le retour des exilés fiscaux permet d’ores et déjà de financer le cadeau. Reste que le premier ministre a promis une mesure pérenne. Or, l’Etat ne pourra pas tous les ans prendre un milliard à des exilés repentants. Il faudra donc qu’il aille le chercher ailleurs. Devinez chez qui ?
Souvenons-nous que le gouvernement promettait il y a à peine six mois la remise à plat de toute la fiscalité des ménages. Avec le principe éculé des poches communicantes, on en est loin. Comme quoi les promesses d’un Premier ministre n’engagent pas son successeur, quand bien même seraient-ils du même bord…
Olivier Bertaux, expert fiscaliste de Contribuables Associés
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