La gestation est lente, mais l’accumulation des déceptions accroît les risques d’explosion. Ceci n’arrive que lorsque les déceptions ont atteint un point non-retour, lorsque les promesses ont continué d’affluer alors que plus rien ne pouvait les réaliser. Il n’existe rien de pire que l’espoir déçu.
Ce point de non-retour risque d’être atteint par le gouvernement actuel s’il n’y prend pas garde. A l’instar de tous les autres gouvernements précédents, de droite comme de gauche, le Président François Hollande et le Premier ministre Jean-Marc Ayrault commettent l’erreur magistrale de vouloir que l’Etat s’occupe de tout.
Lorsque dans sa dernière tribune en date du 3 janvier 2013, publiée dans Le Monde, le Premier ministre ressert la vieille promesse politicienne de créer « un nouveau modèle social », il écrit cette phrase lourde de conséquence sur son gouvernement et sur les contribuables : « L’Etat doit demeurer le garant de l’intérêt général et de la solidarité nationale, assumer son rôle de stratège, tout en réinventant ses modes d’intervention et en s’appuyant résolument sur les forces vives du pays. »
En d’autres termes, il annonce que l’Etat s’occupera de tout. Et son annonce, lors du Conseil des ministres, le même 3 janvier, du programme de travail du gouvernement donne le vertige car presque rien n’échappe à l’Etat-Providence. Regardez :
Pour l’emploi, deux projets de lois sont en préparation : celle des contrats de génération et celle de la sécurisation de l’emploi.
Pour la compétitivité, un pacte national pour la croissance, la compétitivité et l’emploi sera préparé ainsi que la mise en place de politique de filières.
Pour l’économie, elle sera financée par la banque publique d’investissement et par ailleurs un projet de loi sur la réforme bancaire est prévu.
Pour la jeunesse, deux projets de lois sont dans les tuyaux, l’un sur la refondation de l’école, et l’autre sur l’enseignement supérieur. Sans oublier la constitution d’un comité interministériel sur la jeunesse.
Pour l’environnement, une loi-cadre sur la biodiversité sera présentée au parlement et des états-généraux sur la modernisation du droit à l’environnement seront organisés.
Pour le pouvoir d’achat, il est prévu un décret pour la revalorisation du smic, ainsi que l’adoption d’un plan pluriannuel contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale, sans oublier un projet de loi relatif à la protection des consommateurs.
Pour le logement, il y aura un projet de loi pour favoriser la construction, un autre pour réguler les loyers, et encore une autre pour lutter contre l’habitat indigne.
Pour la protection sociale, c’est le Haut Conseil sur le financement de la protection sociale qui est au taquet et qui remettra son rapport tandis qu’un projet de loi d’adaptation de la société au vieillissement sera préparé.
Pour la réforme de l’Etat, il est demandé à chaque ministère de simplifier son organisation et son fonctionnement ainsi que celles de ses administrations. Un projet de loi sur la décentralisation sera présenté, et un comité interministériel sur la ville sera constitué.
Pour la justice, le gouvernement prévoit la réforme constitutionnelle du conseil supérieur de la magistrature, la présentation d’un projet de loi sur les relations entre la chancellerie et les parquets, et un autre concernant la lutte contre la récidive.
Pour les institutions, il y aura un projet de loi sur le non cumul des mandats et un projet de loi relatif au mode de scrutin des élections sénatoriales.
Pour la société, c’est le très médiatique projet de loi sur le mariage pour tous, sans laisser de côté un projet de loi sur la famille ainsi qu’un projet de loi-cadre relatif aux droits des femmes et un projet de loi sur la fin de vie
Pour les transports, le réseau de transport du Grand Paris fixera l’attention du gouvernement.
Quel catalogue ! Une véritable liste à la Prévert, la poésie en moins…
Mais pour s’occuper de tout – car c’est bien là le programme du gouvernement-, il faut de l’argent et cet argent, c’est bien dans les poches des contribuables que l’Etat ira le chercher. Chaque promesse, chaque projet de loi, chaque comité interministériel ont un coût qui engendre une dépense publique qui sera financé par chacun d’entre nous. Toujours plus d’intervention de l’Etat se traduit, non pas une amélioration du niveau de vie, mais par un alourdissement des charges reposant sur les contribuables.
Mais aussi, toujours plus d’intervention de l’Etat se traduit par toujours plus de déception s’il ne réussit pas à satisfaire les français qui ont cru en ses promesses. François Hollande et Jean-Marc Ayrault auraient dû entendre l’avertissement donné par l’économiste Frédéric Bastiat dans son texte sur La Loi: « Mais si le gouvernement se charge d’élever et de régler les salaires et qu’il ne le puisse; s’il se charge d’assister toutes les infortunes et qu’il ne le puisse; s’il se charge d’assurer des retraites à tous les travailleurs et qu’il ne le puisse; s’il se charge de fournir à tous les ouvriers des instruments de travail et qu’il ne le puisse; s’il se charge d’ouvrir à tous les affamés d’emprunts un crédit gratuit et qu’il ne le puisse; si […] l’État se donne la mission d’éclairer, de développer, d’agrandir, de fortifier, de spiritualiser, et de sanctifier l’âme des peuples, et qu’il échoue; ne voit-on pas qu’au bout de chaque déception, hélas! plus que probable, il y a une non moins inévitable révolution ? »
Toujours plus d’intervention de l’Etat nous mène donc, certes vers toujours plus d’impôts, mais également vers toujours plus d’instabilité sociale…
Sylvain CHARAT
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