La nouvelle tentative d’informatisation de l’administration française vient de déboucher sur un méga plantage, dommageable tant pour les contribuables que pour les usagers.
Portail internet sur lequel sont regroupés les démarches administratives, le Guichet Unique devait simplifier la vie des chefs d’entreprise.
Il est parvenu à l’effet inverse. Dans une proportion telle que Bercy a été contraint de rouvrir le site Infogreffe en 4e vitesse pour canaliser une vague de mécontentements aussi haute que l’Himalaya.
Issue de la loi Pacte du 22 mai 2020, ce guichet inauguré en grande pompe le 1er janvier 2023 est coiffé par l’Institut National de la Propriété Industrielle (INPI).
Depuis son lancement, la plate-forme, censée dématérialiser les démarches administratives (créations d’entreprise, cessations d’activité, modifications de statuts, dépôt des comptes annuels…), a multiplié les couacs.
Par exemple, certains chefs d’entreprise ne sont pas parvenus à démarrer une nouvelle activité, faute de documents à jour, tandis que d’autres souhaitant stopper leur activité sans y parvenir ont dû continuer à payer des charges, des taxes, etc.
Les experts-comptables ont été parmi les premiers à dénoncer les dysfonctionnements de ce nouveau dispositif.
Lorsqu’ils voulaient déposer les comptes annuels d’une entreprise, ils devaient répondre à des questions absurdes et présenter des documents non obligatoires, mais bloquants la procédure sur la plate-forme !
« Nous avons aussi des dossiers perdus, validés à l’écran mais jamais arrivés au greffe. Là où il nous fallait avant 8 ou 10 jours pour enregistrer une société, il nous faut 3 semaines quand tout va bien ou plus », témoignait récemment Nicolas Férand, président du Conseil régional de l'ordre des experts-comptables de Provence-Alpes-Côte d'Azur, dans le quotidien La Provence.
Malgré les déclaration lénifiantes d’Olivia Grégoire, ministre déléguée aux PME, indiquant que plus de 470 000 créations ou modifications d'entreprises ont été enregistrées depuis le lancement du guichet, ces ratages en série ont contraint le gouvernement à mettre le système à l'arrêt.
D’après les spécialistes du secteur, la faillite du guichet unique résulte essentiellement d’un calendrier de mise en place irréaliste et de l’utilisation de technologies obsolètes.
S’y est ajouté une attaque informatique qui a contourné les dispositifs de sécurité en janvier 2023. Elle a provoqué 100 000 demandes de modifications à la seconde, selon Bercy (jusqu’à 1 million selon les syndicats) et le plantage du site durant 1 semaine.
Cette déconfiture du guichet unique est un nouveau maillon dans la longue chaine des déficiences informatiques d’un État qui fait boguer à peu près tout ce qu’il touche.
Ce fut, par exemple, le cas avec Chorus le progiciel comptable de l'État ; avec le programme de paie Louvois, inopérant, dans lequel la Cour des comptes a décelé une ribambelle de « dysfonctionnements aigus » tant sur le point technique, qu'humain et organisationnel.
Sans oublier l’enterrement en bonne et due forme d’un logiciel de paie des fonctionnaires, dont le développement fut interrompu après avoir dilapidé 230 millions d'euros ; du RSI ou encore de Parcoursup, cette machine à broyer les vocations universitaires sous prétexte de favoriser une égalité factice.
Outre leurs coûts, ces plantages informatiques témoignent du fait que l’État n’apprend rien de ses erreurs.
En 2013, une enquête de l’Inspection Générale des Finances et du Conseil Général de l’économie soulignait que la complexité des grands programmes informatiques bouscule les modes habituels d’intervention des acteurs publics.
Les enquêteurs prônaient alors une refonte des ressources humaines, mal adaptées à la logique des grands programmes.
Même causes, mêmes effets : dix ans plus tard, rien n’a changé, et Bercy reproduit toujours les mêmes erreurs en gaspillant l’argent des contribuables, très loin des promesses de Bruno Le Maire qui annonçait récemment un pointage budgétaire à l’euro près !
La sous-traitance pour masquer l'incompétence ou faire porter le poids des échecs à d'autres : les deux mamelles de l'Etat moderne.
Un ratage qui coûte cher ? Pas grave, c'est largent des contribuables et nos érudits de l'état savent très bien le dépenser. On a déjà vu ça avec d'autres plate-formes, comme celle pour payer les militaires !!!
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