C’est la coqueluche technologique de l’Etat français qui vise une production annuelle de 2 millions de véhicules électriques à l’horizon 2030 et qui a injecté près de 5 milliards d’argent public pour soutenir la filière automobile.
Et pourtant, les ventes de voitures neuves électriques perdent leur élan en France comme dans le reste de l’Europe alors que celle des modèles « hybrides » s’envole (+ 34% en 2023 sur le marché français).
Dans l’Hexagone, la part de marché du 100% électrique n’a progressé que de 2,6 % entre mars 2023 et mars 2024.
Même tendance en Allemagne où la fin des subventions pour l’achat d’une voiture « zéro émission » a ramené la part de l’électrique à 1 voiture vendue sur 10 contre 1 sur 5 l’année dernière.
Tous pays européens confondus, la croissance du marché s’est péniblement élevée à 1,3%. Mais, cette désaffection ne touche pas uniquement le Vieux Continent, où les ventes plafonnent malgré tout autour de 2 millions d’unités par an (environ 15% des parts de marché).
Une étude réalisée par S&P Global, publiée en mai et dont le site Contrepoints rapporte les éléments clés, signale un engourdissement mondial : « Le rythme d’adoption (…) décline. Les voitures à batteries subissent une perte de part de marché, dans toutes les principales régions », constate notamment S&P.
Ce désamour concerne notamment la Chine, l’Europe occidentale (France, Espagne, Royaume-Uni, Italie et Allemagne) et les États-Unis.
Selon S&P Global, cette contraction de la demande résulte tant du prix des véhicules (24% de plus qu’un modèle thermique en Europe, 37% aux Etats-Unis) que des doutes sur leur valeur à la revente. Car les progrès technologiques les rendent plus rapidement obsolètes que les véhicules thermiques.
Autre talon d’Achille de l’électrique : le manque de bornes de recharges publiques, notamment en zone urbaine.
Selon Matignon, la France compterait actuellement 90 000 bornes (400 000 visées d’ici 2030). Les bornes à haute puissance représentent moins de 15% de l’ensemble.
Tous équipements confondus, on compte actuellement en moyenne 1 point de charge pour 8 véhicules électriques, ce qui est notoirement insuffisant, d’autant que le maillage du territoire compte encore de gros trous.
Si le ralentissement des ventes se poursuit, les contribuables laisseront beaucoup de plumes dans le pari de l’électromobilité
Car les 300 millions investis dans la construction de bornes ne représentent qu’une fraction des sommes englouties par l’Etat pour mettre la voiture électrique en orbite.
Selon une étude de la Fédération Nationale des Usagers de Transports en Commun (FNAUT), le soutien public à l’achat (subventions) atteignait déjà 1,7 milliard pour la période 2013/2020.
S’y cumulent les aides versées par les collectivités territoriales et l'exonération de la taxe d'immatriculation que la FNAUT estimait à 40 millions (2020).
Sans oublier l’artillerie lourde. C’est-à-dire les milliards injectés directement ou indirectement par l’Etat pour soutenir l’ensemble de la filière : constructeurs, équipementiers et sous-traitants via le Fonds Avenir Automobile ou le plan France 2030, les aides à l’électrification des poids lourds (130 millions d’euros en 2024), les 20 millions injectés pour démocratiser le « rétrofit » électrique (l’électrification d’un véhicule thermique), etc.
Enfin une voiture électrique sur la route, c’est moins de recettes pour l’Etat...
Si on tient compte de la TICPE et de la TVA, une voiture thermique rapporte par exemple 700 euros par an contre 570 euros pour une électrique en zone urbaine, selon les calculs de la FNAUT.
Donc après avoir bénéficié d'un achat largement subventionné, le propriétaire d'une voiture éléctrique contribue moins aux caisses de l'État qu'un malheureux chauffeur de voiture traditionnelle... deux poids, deux mesures.
Un manque à gagner que l’Etat récupère d’une façon ou d’une autre… dans la poche des contribuables.
Oui, la transition vers le transport décarboné coûte de l'argent, et limite l'accès aux véhicules automobiles. Et alors ? Il faut tout arrêter parce que soi-disant ça coûte trop cher ? Mais si au niveau mondial on continue notre fuite en avant sans que personne n'investisse dans la transition et ne remette en cause ses habitudes de déplacement, quel sera le coût pour la communauté ? Incalculable car catastrophique.
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