Dette publique et crise du COVID : le danger de la stratégie du gouvernement

Écrit par Contribuables Associés
dette-publique © conrado -Shutterstock

Face à la crise sanitaire et économique du COVID, le gouvernement français a choisi une stratégie de « quoi qu’il en coûte » (en référence aux paroles du président Macron). Le concept est que l’Etat s’investi dans des plans de relance sans limite de moyen pour faire face à la récession causée par les confinements. Une politique qui risque d’être vite problématique compte tenu que les recettes fiscales chutent du fait d’une activité économique interrompue, et qu'elle devra être financée par la dette.

 

Etude 38 dette publique octobre 2020


Afin analyser les risques de l’augmentation de la dette du fait de la crise du COVID, la Cour des comptes a donné en juin 2020 des pistes sur l’évolution de l’endettement en France(1).

Elle émet trois scénarios pour l’après COVID qui sont liés au retour de la croissance dans le pays :


• « Un scénario de « rattrapage », dans lequel le PIB revient au bout de quelques années à la trajectoire qu’il suivait avant la crise.
• Un scénario de « perte limitée », dans lequel le PIB ne rattrape pas intégralement le terrain perdu pendant la crise, mais suit une tendance de croissance identique à celle d’avant-crise.
• Un scénario de « faiblesse persistante » dans lequel non seulement le niveau mais aussi le taux de croissance du PIB diminuent de manière durable par rapport à ceux observés avant la crise. »

solde public cour des comptes

Il convient de préciser que ces scénarios sont indicatifs et que la Cour n’exclut pas une situation qui serait encore plus défavorable que le cas de « faiblesse persistante ». Si le gouvernement français table sur le scénario de « rattrapage », la Cour est moins optimiste et juge les deux autres scénarios plus probables.

En ce qui concerne le déficit public, ces scénarios permettent de mettre en évidence des tendances. Ainsi dans le cas d’un scénario «positif» de rattrapage le déficit reviendrait à un niveau comparable à celui d’avant crise.

Le problème étant que le pays resterait dans une situation de déficit alors qu’un scénario de retour au niveau d’avant crise dans les pays d’Europe du Nord les ramènent dans une position d’excédent budgétaire.

Compte tenu qu’il s’agit du scénario le moins pessimiste, il faut s’attendre à ce que la réalité consiste en un déficit plus élevé qu’avant la crise et ce de manière durable.

En matière d’évolution de la dette, la Cour estime que seule une situation de rattrapage permettrait de faire baisser la dette (qui resterait en 2030 plus élevée qu’avant la crise sanitaire avec une dette qui serait à 105%).

Dans les autres scénarios, la dette stagnerait autour de 120% (cas de perte limitée) ou pourrait monter à 140% en 2030 (cas de « faiblesse persistante »).

Là encore, ces différentes situations mettent la France dans une position précaire comparée aux pays d’Europe du Nord qui ont plus de latitude en matière d’endettement.

ratio dette pib cour des comptes

Comme le rapporte le numéro d’octobre de la revue Capital, le ministre de l’Économie et des inances Bruno Le Maire ne veut pas se préoccuper d’un rétablissement des comptes publics avant 2022 préférant une distribution d’argent par l’Etat afin de relancer l’économie.

Le problème de cette approche keynésienne mêlée au « quoi qu’il en coûte » et qu’elle se fait dans une situation où les comptes publiques étaient déjà dégradés avant la crise.

De plus, cette stratégie du « quoi qu’il en coute » tire initialement son origine dans les propos de Mario Draghi, alors président de la Banque Centrale Européenne, qui estimait que la BCE devrait tout faire pour sauver la zone euro.

La différence avec la situation actuelle est que là où les banques centrales comme la BCE ou la FED disposent d’un certain nombre d’outils afin de stabiliser les taux directeurs, le gouvernement français n’a pas le moyen de manipuler la monnaie.

De ce fait, laisser développer la dette française revient à faire courir le risque de devenir de plus en plus dépendant de BCE.

Compte tenu que cette dernière a pour but d’appliquer la stratégie de politique monétaire à l’ensemble de la zone euro, la BCE ne sera pas toujours favorable aux politiques françaises qui menaceraient le reste de la zone euro(2).

(1) « La situation et les perspectives des finances publiques », Cour des comptes (30.06.2020) 

(2) « Pouvoirs de la BCE. L’Union économique et monétaire : origine, fonctionnement et futur », Centre virtuel de la connaissance sur l’Europe, 2020 

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Dette publique : une bombe à retardement pour les Français. La nouvelle étude de Contribuables Associés Etude 38 dette publique octobre 2020

Points clés de notre étude

  • La France est vice-championne d’Europe du niveau de dette publique par habitant.
  • La moitié des détenteurs de la dette publique sont extérieurs à la France.
  • Laisser développer la dette française fait courir le risque de devenir de plus en plus dépendant de la Banque centrale européenne.
  • De nombreux pays européens ont introduit des barrières légales pour éviter un endettement massif.
  • Les pays européens qui gèrent correctement leurs finances publiques sont aussi ceux qui ont préféré encadrer l’action de leur État afin de laisser l’économie et les entreprises se développer.  

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Bouton Etude Jaune

 

Publié le jeudi, 17 décembre 2020

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