Vous l’aviez parfois rêvé, ils l’ont fait ! Il existe une entité européenne qui n’est, à vrai dire, pas aussi impactée que vous par la crise économique et pandémique. Ou si, mais eux en bénéficient.
Le Comité économique et social européen, vous ne le connaissiez sûrement pas, et c’est tant mieux pour eux tant leur existence est une fumisterie et provoquerait une vague de mécontentement. Ils vous ont, pour la seule année 2020, coûté la bagatelle de 137 millions d’euros. Mais rassurez-vous, ce sont des experts.
Ces experts qui viennent de partout en Europe ont pour mission de produire des rapports pour assister le Parlement européen dans ses décisions. Le site du CESE les présente ainsi : ce sont "des représentants d'organisations de travailleurs et d’employeurs et d’autres groupes d’intérêts". Ils sont au nombre de 329 depuis le Brexit, dont 24 Français.
Actuellement, l’Autrichienne Christa Schweng est à la tête de l’organe consultatif basé à Bruxelles. Habituée des lieux, elle est membre du CESE depuis 23 ans. Le Bureau du CESE est composé de 40 membres, vice-présidents et président compris.
©EU2018 EESC - Session plénière du Comité économique et social européen, le 12 décembre 2018
Au total, ce sont 1741 agents permanents qui travaillent dans ce formidable outil de captation de l'argent public.
Dans une note (ECO/460) de 2018, on peut lire que le CESE préconisait une forte hausse du budget européen, faisant valoir que les Européens avaient besoin de plus d’Europe, tiens donc.
L’élaboration de leurs rapports de haute qualité les contraint à se déplacer fréquemment. A ce titre, ils bénéficient d’une indemnité de séjour d’un montant de 290 euros par réunion. On aurait pu penser que la pandémie, les forçant à suivre leurs réunions à distance, s’accompagnerait de la fin du dispositif. Que nenni ! Nos experts européens viennent de vous inventer les frais de séjours et de déplacements à domicile.
Nul doute que la culture française de rigueur budgétaire les ait inspirés.
D’après l’option définitive (UE, Euratom) 2021/417 du budget général de l’Union européenne pour l’exercice 2020, ces frais de séjour ont coûté 20,6 millions d’euros.
Dans les faits c’est même l’inverse qu’ils s’est produit. La pandémie a tant affecté leur mode de vie que les conseillers ont été contraints de renouveler leur matériel informatique.
Le CESE a rehaussé l’ «indemnité informatique annuelle» de ses membres de 3000 à 5000 euros. Soit 5000 x 329 par an = 1,645 million d’euros par an pour la seule indemnité informatique.
En épluchant les crédits alloués par la Commission européenne au CESE, nous pouvons également constater que le CESE s’est vu octroyer la somme de 78 000 euros pour le « Perfectionnement professionnel, cours de langues et autres formations » de ses membres.
Mais au moins servent-ils à quelque chose ? Vous serez surpris d'apprendre que, d’après l’eurodéputé tchèque Thomas Zdechovsky : « Le CESE n’a aucun impact politique, personne ne lit ses rapports. » (Le Canard enchaîné, 26.05.21)
De même, Henri Malosse, ancien président français du CESE et membre de l’institution jusqu’en septembre 2020 (un repenti donc) s’exaspère également de l’utilité de l’organe mais préfère pointer du doigt les « voyages en classe business aux quatre coins du monde pour rencontrer des sociétés civiles fictives ».
Mais rassurez-vous, sous la pression des eurodéputés, le CESE a accepté, dans sa grande clémence, d’abaisser l’indemnité de séjour à 200 euros par réunion : Grand Prince !
Benoît Lacoux
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