En vertu de ce principe, certains médecins prescrivent l’hydroxychloroquine à leurs malades atteints du Covid-19. D’autres médecins déconseillent à leurs patients de participer aux tests Discovery sur ce médicament puisqu’ils n’ont que 20 % de chances de se l’y voir administrer.
A l’inverse un arrêté français du 13 janvier 2020 a classé l’hydroxychloroquine comme substance vénéneuse car à forte dose elle peut être mortelle. L’incertitude règne donc sur l’intérêt de ce médicament pour traiter le Covid-19.
En l’absence de certitude, les autorités sanitaires ont appliqué le principe de précaution introduit en 2005 dans notre Constitution.
Dans un arrêt de 2010, la Cour de Justice de l’Union européenne l’avait ainsi appliqué : « Lorsqu'il s'avère impossible de déterminer avec certitude l'existence ou la portée du risque mais qu'une probabilité d'un dommage réel pour la santé publique persiste, le principe de précaution justifie l'adoption de mesures restrictives ».
Le 23 mars l’Organisation Mondiale de la Santé condamnait donc l’utilisation de l’hydroxychloroquine et le Premier ministre français déclarait : "Nous n'allons pas autoriser la mise sur le marché de ce médicament".
Le 25 mars, Françoise Barré-Sinoussi, prix Nobel de médecine, déclarait qu’ « il faut s'assurer qu'il n'y ait pas d'effets délétères » avant d’autoriser son utilisation.
Mais le lendemain 26 mars le ministre de la santé publiait un arrêté : « l’hydroxychloroquine peut être prescrite, sous la responsabilité d’un médecin, aux patients atteints par le covid-19, dans les établissements de santé qui les prennent en charge ».
Le 27 mars le fabricant français, Sanofi, indiquait qu’il a « ré-approvisionné l’ensemble des grossistes de telle sorte que toutes les officines puissent commander de nouveau la spécialité Plaquenil à compter du 28 mars 2020 ».
Dans la crise sanitaire, le serment d’Hippocrate a donc prévalu sur le principe de précaution.
Mais toutes les conséquences de ce revirement n’ont pas été tirées. Le médicament est maintenant autorisé pour « les patients atteints par le covid-19 », mais pas pour les bien-portants, bien que le professeur Raoult, qui l’a expérimenté à Marseille, soutienne qu’il a un effet préventif.
Comme la durée d’incubation du virus est de 5 à 7 jours, un essai sur quelques milliers de personnes pourrait déterminer en moins de deux semaines si cet effet préventif est réel. Un complément d’autorisation est donc nécessaire pour réaliser cet essai.
Si cet essai était positif, le confinement généralisé décrété dans de nombreux pays pourrait être supprimé.
Or ce confinement est la cause de la crise économique qui menace : arrêt du travail de nombreux salariés et indépendants, fermeture des restaurants, spectacles, moyens de transport, etc. La levée du confinement serait un remède efficace à cette crise.
En revanche les remèdes annoncés – multiplication des crédits bancaires et crédits d’Etat « quoi qu’il en coûte » - seront sans effet pour accroître l’activité économique tant que le confinement persistera.
Ces remèdes prétendent éviter des liquidations d’entreprises en faillite décidées par des tribunaux de commerce. Mais les délais de ces tribunaux sont tels que ces liquidations ne seraient effectivement réalisées que dans plusieurs mois.
Et la nocivité de ces remèdes est plus que probable. Ils accroîtront les dettes de l’Etat et donc les impôts futurs nécessaires à leur remboursement. Ils aggraveront la crise.
Le gouvernement prévoit d’attendre la levée du confinement pour faire « d’ici à quelques semaines » des tests sanguins (qui restent à inventer) sur toute la population afin de savoir qui a subi la maladie et produit les anticorps qui en ont triomphé. Les autres devront donc rester confinés à vie ?
Cette politique parait bien improvisée.
Appliquons donc le principe de précaution : en attendant de savoir -le plus tôt possible- si l’hydroxychloroquine a un réel effet préventif, et si le confinement peut être levé, évitons le risque que font courir à l’économie les inefficaces et dangereux remèdes qu’on lui prépare.
Nous aurons alors appliqué aussi à l’économie le serment d’Hippocrate : la santé avant tout.
Alain Mathieu, président de Contribuables Associés
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