En jetant officiellement en 1992 les bases de l’euro, le traité de Maastricht prévoit un certain nombre de « critères de convergence » ayant vocation à rapprocher les économies des Etats membres. Parmi ces critères, la fameuse exigence de « finances publiques saines » dont notamment un déficit public qui ne pouvait être supérieur à 3 % du produit intérieur brut. Cette présentation présente pourtant un grave travers : elle n’est ni compréhensible ni palpable.
Les plus malicieux d’entre nous y verrons un choix politique : dissuader les citoyens de s’intéresser à la manière dont leur argent est utilisé. D’autres, plus réalistes peut-être, y verront la patte de technocrates. Dans les deux cas, le résultat est le même. Le budget de la France est voté en déficit… sans réaction massive des Français.
Pour en être victimes quotidiennement, les Français savent trop bien que les ressources de l’Etat sont majoritairement constituées des impôts et taxes. Les dépenses intègrent, quant à elles, principalement les dépenses courantes de fonctionnement (salaires, achats de fournitures et de services…), des opérations de redistribution, mais aussi les investissements.
Rappelons-le, le dernier budget voté en équilibre remonte à 1974. Concrètement, depuis près de 50 ans, nos gouvernements n’ont pas présenté un budget où les dépenses étaient au même niveau ou inférieures aux recettes. Toute personne ayant charge de famille sait que ce mode de fonctionnement n’est pas raisonnable.
Si les Français ne pipent mot, c’est probablement par manque d’une lecture simple qui leur serait proposée. Si tout le monde comprend qu’un déficit correspond à des dépenses supérieures aux ressources, peu savent dans quelle proportion. Comparer le montant du déficit de l'État avec la richesse créée par les Français (le PIB) ne donne pas cette information. « Heureusement » doivent se dire en aparté certains responsables politiques.
Pourtant, la chose est aisée. Le déficit de l’État atteindrait 165 milliards d’euros pour 2023. Les recettes envisagées se portent à 345 milliards d’euros et les dépenses prévues à 510 milliards. La plus efficace des pédagogies serait d’expliquer clairement aux Français que l’Etat va dépenser cette année environ 30 % de plus qu’il n’a de recettes.
Nos concitoyens verraient alors la gestion de l’Etat autrement. Leur méconnaissance deviendrait prise de conscience. Quel individu rationnel pourrait vivre depuis plus de 50 ans avec ce mode de fonctionnement ? Ils réaliseraient alors la logique de la dette : puisque les recettes ne compensent pas les dépenses, il faut emprunter à longueur d’années. Chacun le sait, tout emprunt a un coût : rembourser le capital mais aussi les intérêts.
Pour mettre fin à cette gestion irresponsable, faisons pression sur les élus pour exiger l’inscription dans la Constitution de l’interdiction pour un gouvernement de présenter, en dehors des périodes de crise, un budget en déficit. Cette pratique deviendrait illégale et sanctionnable par le Conseil constitutionnel et la Cour des comptes. Nos enfants et nos petits-enfants n’auront alors plus à porter l’incurie de la dépense publique excessive.
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