Alors qu’Emmanuel Macron vient d’annoncer « une refonte du Service national universel (SNU) pour qu’il corresponde aux besoins de la nation », la Cour des comptes fait un point sur la porte d’entrée du monde militaire: la Journée Défense et Citoyenneté (JDC)
Instaurée en 2011 cette journée concerne 800 000 jeunes Français par an et coûte cher aux contribuables : environ 105 millions d’euros selon les estimations de la Cour des comptes dans son rapport annuel 2025.
L’animation des sessions de la Journée Défense et Citoyenneté est confiée à des militaires d’active et pour 22 % à des réservistes. Cette proportion de réservistes devrait augmenter afin de soulager les contributeurs militaires, indique la Cour.
Si personne ne met en doute les objectifs de cette journée pédagogique – sensibiliser à la défense nationale, rappeler les devoirs civiques – le scepticisme prévaut quant à son efficacité.
La Cour déplore un « modèle à bout de souffle », concurrencé par le Service National Universel (SNU) et critiqué pour son contenu jugé « désincarné » par 60 % des jeunes interrogés en 2022. Son coût budgétaire est élevé : de l’ordre de 135 à 140 euros par participant.
Le principal intérêt de la JDC est d’être le seul outil national de détection massive de l’illettrisme chez les 16-25 ans.
Et les résultats ne sont pas rassurants : en 2023, sur 795 000 participants, 11,8 % éprouvaient des difficultés à déchiffrer un texte simple. Parmi eux, 5 % (soit près de 40 000 jeunes) étaient en situation d’illettrisme pur, c’est-dire incapables de comprendre une notice médicale ou un contrat de travail.
« Ces chiffres, stables depuis dix ans, révèlent une fracture sociale que l’école ne parvient pas à résorber », soulignait déjà un rapport de la Cour publié en 2024.
En 2023, 22 départements ont utilisé ces données pour financer des ateliers de remise à niveau, mais malgré 27 ans de tests, « l’État n’a pas tiré les conséquences systémiques de ces données », souligne la Cour.
Cet illettrisme est aussi dû à l’arrivée croissante de jeunes d’origine étrangère maîtrisant mal la langue de Molière et pas forcément désireux d’en découvrir les subtilités, complètent certains sociologues.