Imprimer cette page

Réforme des retraites : grèves non-stop, un suicide économique

Écrit par Fabrice Durtal
grève retraites © Hadrian / Shutterstock.com

Chaque journée de grève profonde coûterait environ 2 milliards d’euros aux entreprises et à des contribuables contraints de boucher les trous creusés par les syndicats.

 

Une grève, sinon rien.

Si la grogne sociale se manifeste dans tous les pays européens, les mouvements massifs, radicaux, interminables et le plus souvent stériles, sont une spécialité française.

D’après une étude de la fondation allemande Hans Böckler Stiftung publiée en 2020, c'est en France que l'on dénombre le plus de journées de grève pour 1 000 employés dans les pays de l'OCDE.

Soit en moyenne 114 jours par an dans le privé entre 2009 et 2017 contre 91 en Belgique, 54 en Espagne, 18 en Allemagne et 1 journée… en Suisse (entre 2009 et 2018).

 

La grève, arme de destruction massive

Ces chiffres sont largement sous-dimensionnés, car ils n’intègrent pas le secteur public, un terreau syndicaliste qui a transformé la grève en arme de destruction massive économique, notamment lorsqu’il s’agit de protester contre les réformes des retraites.

L’IFRAP vient de publier une étude sur le sujet. Elle révèle qu’en 2019, année de négociation de la première réforme des retraites (abandonnée), la fonction publique d’État, les salariés de la SNCF et de la RATP totalisaient 45% des journées de travail perdues lors du conflit, alors qu’ils ne représentent que 13% des actifs de la fonction publique.

À chaque fois, le scénario est le même : contrairement à l’Allemagne où la négociation de branche constitue le pilier du dialogue social, les syndicats battent le rappel pour imposer une épreuve de force, quitte à mettre le pays à genoux.

Rebelote : sans surprise, après la présentation de la réforme des retraites promue par Elisabeth Borne, les syndicats, CFDT et CGT en tête, ont fait sonner l’olifant, en affichant leur volonté de bloquer le pays, ce jeudi 19 janvier 2023.

Les godillots de la contestation sociale ont suivi. Éducation Nationale (SNUipp-FSU, etc.), RATP, SNCF, raffineries (FNME-CGT) ont démarré au quart de tour, la CGT énergie évoquant même la possibilité de déclencher des coupures d’électricités ciblées contre les élus favorables à la réforme.

La mobilisation de ce jeudi devra être examinée, mais tout laisse à parier qu’elle fera une nouvelle fois apparaître une sur-représentation du personnel d’État.

En 2019, observe l’IFRAP, agents de l'État étaient à l’origine de 33,2% des journées perdues, soit une sur-représentation de + 21,9 points par rapport à leur poids chez les salariés.

Avec des proportions diverses, le même phénomène a été observé lors de la réforme Fillon de 2003, la réforme Touraine de 2014, la réforme Woerth de 2010, etc.

La grève et seulement la grève blocage : dans les années 1970/80, les syndicats, notamment à la SNCF, cherchaient des méthodes de contestation alternatives comme la « grève la pince » durant laquelle les contrôleurs refusaient de poinçonner les billets et de verbaliser les voyageurs sans titre de transport.

Au lieu d’élargir ce principe de gratuité revendicatrice, les syndicats se sont pliés au diktat de la direction, hostile à ce protocole, susceptible de réconcilier grévistes et usagers.

 

Grèves marathon

« En France, on tape d’abord, on négocie ensuite », observe Alain Bauer, professeur de criminologie.

Résultat, des grèves marathon – 51 jours comptabilisés en 2019/2020, un record depuis mai 1968, 28 jours pour la réforme de la grille salariale de la SNCF en 1986, etc. - durant lesquelles le gouvernement se hâte de faire voter les textes provoquant l’ire sociale afin de désarmer la contestation.

C’est encore le cas en cet hiver 2023, où moins de 2 mois devraient s’écouler entre la présentation et le vote de la réforme des retraites avec un éventuel recours au 49.3.

Longues, pénalisantes pour les usagers, ces grèves constituent aussi un fardeau financier pour les contribuables et les entreprises.

Selon l’économiste Marc Touati, un jour de grève nationale coûte près de 2 milliards d’euros, si on cumule l’onde de choc portant sur la consommation des ménages et l’activité des entreprises (industrie et services).

Si elle voulait casser le peu de croissance existant encore dans notre pays, la CGT ne s’y prendrait pas autrement.

Publié le mercredi, 18 janvier 2023

12 Commentaires

  • Lien vers le commentaire Philippe mercredi, 18 janvier 2023 Posté par Philippe

    J'ai 66ans en pleine forme, je travaille encore beaucoup, je gagne correctement ma vie et je suis épanoui par mes activités. j'ai fortement cotisé (Et je cotise encore sans recevoir de bonus) je touche 1250€ de retraite. Ma voisine a travaillé chez EDF: Retraite à 52 ans électricité presque gratuite , montant net de la retraite à plus de 2000€. Je comprends bien qu'ils défendent leurs avantages acquis, mais à ce stade, ils n'ont pas peur de montrer leur égoïsme. Partager c'est bien, mais pour eux c'est se partager l'argent des autres

    Rapporter
  • Lien vers le commentaire Baliveau Robert mercredi, 18 janvier 2023 Posté par Baliveau Robert

    La CGT détruit tout ce qu'eeel touche. En plus, la grève des transports empéche les gens de se rendre à la manif. S'ils étaient malins, il bloquarient métro et trains à J +1. mais comme ce sont des c.....

    Rapporter