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Non, la baisse d’impôt promise par le gouvernement n’a pas eu lieu !

Écrit par Contribuables Associés
de-nouveaux-impots-caches-par-des-faux-cadeaux-fiscaux © Francois Poirier – Fotolia

Le gouvernement promet pour 2018 une baisse d’impôt et de charges dont chaque salarié est censé ressentir les bienfaits dès son bulletin de paie de janvier… Une analyse plus concrète permet d’en douter.

 

Depuis le début de l’année 2018

 Timbre :  + 10 centimes
 Gazole :  + 7,6 centimes
 Essence : + 3,84 centimes
 Tabac :  + 10%
 Et bientôt taxe sur le gaz naturel :  + 43,7%

En effet, les deux mesures emblématiques mises en avant pour donner aux Français une douce impression de soulagement reposent sur un allègement de cotisations salariales et une suppression progressive de la taxe d’habitation. Or, d’une part, ces mesures n’entreront en vigueur que progressivement et, d’autre part, elles sont d’ores et déjà compensées par d’autres charges.

Taxe d’habitation

Commençons par la baisse de la taxe d’habitation : elle ne sera tangible pour les Français qu’en fin d’année, au moment de recevoir son avis d’imposition. En outre, elle constituera en un dégrèvement pris en charge par l’État.

Autrement dit, celui-ci n’en subira les conséquences qu’encore plus tard, au moment de faire le chèque aux collectivités locales. Enfin, elle ne profitera pas à tout le monde, puisque les résidences secondaires ne sont pas concernées, les résidences principales le sont sous condition de ressources et si la commune augmente son taux, l’augmentation sera payée par le contribuable et non prise en charge par l’État.

Cotisations salariales

En ce qui concerne la baisse des cotisations salariales, elle consiste en janvier en une suppression de la cotisation maladie de 0,75 % et une baisse de 1,45 point de la cotisation chômage. Celles-ci étant compensées par une augmentation de 1,7 point de la CSG. Autrement dit, le gain se résume à 0,5 point sur la paie. Et encore, tout le monde n’en profite pas, les retraités et les épargnants subissant l’augmentation de la CSG sans aucune contrepartie.

Et pour les hauts revenus, la baisse de charges est aussi théorique puisque la cotisation chômage était de toute manière plafonnée aux rémunérations n’excédant pas 4 plafonds de la Sécurité sociale, alors que la CSG est totalement déplafonnée. Pour certains, cela finit même par une augmentation des cotisations…

La baisse des prélèvements obligatoires est toujours pour demain et non pour aujourd’hui

Il n’y a donc pour l’instant qu’une baisse symbolique pour certains salariés et une augmentation certaine pour les retraités, propriétaires et épargnants. Il n’est donc pas certain que le « cadeau » coûte pour l’instant à l’Etat. Certes, une baisse supplémentaire de 0,95 point prévue pour octobre entraînera la disparition de la cotisation chômage, mais cela signifie que la baisse des prélèvements obligatoires est finalement toujours pour demain et non pour aujourd’hui.

D’autant plus qu’entre temps, d’autres taxes auront, elles, largement augmenté dès le 1er janvier, notamment les taxes sur la consommation.

Le tabac augmente de 10 %, le gazole à la pompe de 7,6 centimes par litre et l’essence de 3,84 centimes, le timbre flambe de 10 centimes. Quant au gaz naturel, il est prévu une augmentation de la taxe intérieure (TICGN) de 43,7 % dès cette année pour arriver à presque un triplement de la taxe en 2022. Depuis la fin de son exonération pour les particuliers en 2014, cette taxe aura alors grimpé de près de 1 200 % si elle continue sur sa lancée jusqu’en 2022 !

Et n’oublions pas que si le contribuable paiera moins de taxe d’habitation et de cotisations salariales en fin d’année 2018, il paiera dès le début 2019 l’impôt et les prélèvements sociaux de la retenue à la source. En termes de trésorerie, l’État s’arrange donc pour compenser sa perte temporaire par une recette immédiate.

La baisse d’impôt promise n’a pas eu lieu

Au final, le citoyen profite aujourd’hui d’une petite baisse de ses cotisations, le consommateur subit en même temps une grosse augmentation de ses taxes et le contribuable est perdant. On parle de 4 milliards d’impôt en moins d’un côté et de 5 milliards en plus de l’autre. Où est la vérité ? Peu importe. Seul compte le résultat : la baisse d’impôt promise n’a pas eu lieu.

Et ce n’est pas en taxant la consommation pour cacher la nouvelle pression fiscale que l’on fera repartir la machine économique.

Quant à l’argument ultime du gouvernement consistant à expliquer que ces hausses ont seulement pour but d’influencer le citoyen pour qu’il arrête de polluer et de fumer, ce n’est qu’un contre-feu au mieux dérisoire, au pire ridicule.

D’une part, cette rentrée d’argent est bien prévue dans les comptes de l’Etat, d’autre part, on n’a jamais vu une rentrée fiscale s’interrompre faute de contribuable, enfin, on peut faire confiance à l’Etat pour suivre fiscalement les évolutions si le gaz venait à disparaître et le consommateur à mâchouiller du foin au lieu du tabac.

La nouvelle fiscalité sur l’industrie numérique, l’audio-visuel, l’économie participative et autres plateformes est là pour le prouver : Là où il y a du gain, il y a de l’impôt.

Olivier Bertaux, expert fiscalolivier bertaux contribuables associes

Avec Contribuables Associés, luttez pour la réduction des dépenses publiques, car trop de dépenses publiques c'est trop d'impôts, et contre les gaspillages scandaleux d'argent public !

Publié le lundi, 12 février 2018