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JO 2024 : le hors-jeu budgétaire

Écrit par Fabrice Durtal
jeux Olympiques Paris 2024 © kovop58 / Shutterstock

Cinq, six, sept milliards d’euros, davantage ? A ce stade, Personne ne sait combien coûteront les prochains JO organisés à Paris en 2024.

 

Cocasse : alors que la Cour des comptes japonaise vient de cartonner les organisateurs des JO de Tokyo en 2021, son homologue tricolore tire la sonnette d’alarme sur le financement de l’événement français.

Selon les Japonais, l'organisation des JO d’été de 2021 a coûté 1 699 milliards de yens (12,1 milliards d'euros au taux de change actuel), presque le double des 734 milliards de yens affichés dans le dossier de candidature.

Mêmes causes, même effets ? Dans un rapport présenté en début de semaine aux parlementaires, la Cour des comptes se déclare incapable d’évaluer le coût global des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024.

« Les Jeux financeront les Jeux », affirme pourtant « Paris 2024 », les organisateurs de la manifestation indiquant que 97% du budget proviendra de recettes privées : CIO (Comité international olympique), entreprises partenaires, billetterie ou encore des licences, etc.

Ces déclarations laissent les magistrats de la rue Cambon circonspects. Ils redoutent que le montant tiré des partenariats et du marketing ne suffise pas à équilibrer le budget des JO.

La Cour des comptes reproche notamment au Comité d’organisation de Paris 2024 (Cojop), de n’avoir pas suivi ses recommandations antérieures, parmi lesquelles, la nécessité « d’établir des scénarios de redimensionnement des dépenses ».

JO Paris 2024 : hausse du budget

Ce message d’alerte intervient un mois après une première révision budgétaire de 400 millions d’euros hissant le budget du Cojop à 4,38 milliards d’euros.

Le Cojop est une association loi 1901 présidée par l’ancien champion olympique de canoë Tony Estanguet.

Elle est chargée de planifier, d’organiser, de promouvoir et de financer les JO en lien avec la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo), établissement public responsable de la livraison des sites et des infrastructures olympiques, dont le conseil d’administration est présidé par Anne Hidalgo, maire de Paris.

Lors de cette révision financière, le Cojop a soutenu que ces dépenses supplémentaires seront couvertes par une hausse des recettes en billetterie et en sponsoring, ce qui laisse les magistrats de la rue Cambon sceptiques.

La Cour déplore aussi une absence de convention encadrant les responsabilités opérationnelles et financières du Cojop et de Solideo.

Elle y voit un facteur d’insécurité pour la tenue des délais et de coûts en rappelant qu’aucune disposition législative ne garantit, à ce jour, la couverture d’un éventuel déficit.

Parmi les autres dérives de coûts potentielles, la Cour cite les retards de signature des 80 conventions permettant au Cojop d’utiliser les équipements sportifs de structures partenaires, dont le Stade de France.

Ces décalages successifs exposent désormais le comité à un risque opérationnel et financier, estiment les magistrats qui déplorent aussi la consommation anticipée d’une fraction de la réserve pour aléas du Cojop (115 millions sur 315 millions), même si une provision pour risque d’inflation, de 75 millions d’euros, a été portée dans les comptes.

La Cour pointe également du doigt les budgets du Cojop et de Solideo en regrettant qu’ils ne tiennent pas compte des « dépenses fiscales » (réductions, exonérations fiscales) liées aux JO, ni des dépenses de sécurité et de transport à la charge de l’État et des collectivités locales.

La Cour des comptes promet de se pencher sur le budget révisé des JO durant le 1er semestre 2023, en se déclarant incapable de chiffrer le coût global de l’événement sur les bases actuelles.

Fabrice Durtal

Publié le mardi, 10 janvier 2023

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