La France et l’Italie ont signé, le 3 décembre 2012, à Lyon, un accord pour la réalisation du projet de liaison ferroviaire à grande vitesse entre Lyon et Turin. La ligne est censée entrer en service en 2025, pour un coût estimé à 8,5 milliards d’euros.
Elle sera financée par les contribuables français, italiens et l’Union européenne. La Cour des comptes conteste le projet.
Dans une lettre du 1er août 2012 le « premier président » de la Cour des comptes, le socialiste Didier Migaud, a écrit à son camarade Premier ministre Jean-Marc Ayrault, à propos du projet de ligne ferroviaire Lyon-Turin :
« Ce projet ambitieux ne répond pas aux exigences de rigueur nécessaires à une opération de cette ampleur et de cette complexité. (…) Tous les rapports officiels recommandaient de différer le projet (…). L’estimation du coût global est passée, en euros courants, de 12 Md€ en 2002 à 26,1 Md€ (…).
Les difficultés géologiques ont été beaucoup plus importantes que prévu (…). Le coût du programme d’études est passé de 320 à 901 M€ (…). Par ailleurs, les prévisions de trafic établies dans les années 1990, qui envisageaient la poursuite d’une forte croissance, ont été fortement remises en cause (…).
Le trafic alpin franco-italien a diminué (…). Le tunnel existant (du Mont-Cenis) a une capacité de 20 millions de tonnes » (alors qu’au maximum il y est passé 2,6 millions de tonnes) (…). La valeur actualisée nette économique est négative dans tous les scénarios envisagés (…).
La recherche d’un montage financier est encore plus difficile dans le contexte actuel et aucun financement n’est prévu dans le budget de l’Agence de financement des infrastructures de transport en France pour 2013 (…). ».
La Cour recommandait donc de « ne pas fermer trop rapidement l’alternative consistant à améliorer la ligne existante ».
Le camarade Premier ministre a répondu le 8 octobre : « L’Europe paiera jusqu’à 40 % des tronçons transfrontaliers (…). La France a signé des engagements internationaux (avec l’Italie) sur la construction de ce tunnel, qui est « encouragé par l’Union européenne ». Elle ne peut donc pas reculer.
Mais il n’a pas contesté l’accroissement des estimations de coût, la surestimation du trafic et la nécessité d’étudier l’amélioration de la ligne existante.
Cet échange de courrier suffirait à lui seul pour prouver le scandale. On peut cependant y ajouter :
– La nouvelle ligne Lyon-Turin de 140 kilomètres comporterait 86 kilomètres de tunnel, soit environ le double du tunnel sous la Manche, dans des conditions de creusement beaucoup plus difficiles. Le coût en monnaie constante sera certainement plus du double de celui du tunnel sous la Manche.
– Le tunnel sous la Manche relie Londres à Paris, Lille et Bruxelles, soit plus de 25 millions d’habitants. Lyon-Turin relie des agglomérations dont la population est dix fois moins importante, qui sont déjà reliées par deux tunnels ferroviaires existants, celui du Fréjus et celui du mont-Cenis, qui sont très loin de la saturation.
– Margaret Thatcher avait obtenu de François Mitterrand que le tunnel sous la Manche soit entièrement financé par des fonds privés. Comme le dépassement des devis a été considérable, ce sont les actionnaires privés qui l’ont supporté. La société du tunnel a bien failli capoter, mais elle s’en est sortie sans que les contribuables aient à la financer.
Des tunnels au moins deux fois plus coûteux que celui sous la Manche, desservant des populations dix fois inférieures, n’ont aucune chance d’être rentables, alors que le tunnel sous la Manche a frôlé la catastrophe financière.
Pour Lyon-Turin, la catastrophe est assurée. Mais ce n’est pas grave, puisque ce sont les contribuables qui paieront.
Alain Mathieu, président de Contribuables Associés
Avec Contribuables Associés, luttez pour la réduction des dépenses publiques, car trop de dépenses publiques c'est trop d'impôts, et contre les gaspillages scandaleux d'argent public !
Assurez-vous d'entrer toutes les informations requises, indiquées par un astérisque (*). Le code HTML n'est pas autorisé.